Le dépouillement des sièges à la Chambre des représentants confirme que les républicains conservent une majorité fragile de 218 sièges contre 209 pour les démocrates. Ils détiennent une « trifecta » politique, contrôlant la Maison Blanche, le Sénat et la Chambre. Trump pourrait nommer de jeunes juges à la Cour suprême, tout en utilisant la réconciliation budgétaire pour prolonger les réductions fiscales. Cependant, une majorité instable pourrait compliquer la législation, comme en témoigne l’expérience chaotique précédente avec Kevin McCarthy.
Le dépouillement des derniers sièges à la Chambre des représentants a pris plus d’une semaine, mais il est désormais évident que les républicains maintiendront leur fragile majorité dans cette importante institution. Actuellement, ils détiennent 218 sièges, tandis que les démocrates en comptent 209. Pour qu’une majorité soit établie, un minimum de 218 sièges est requis.
Une trifecta conservatrice consolidée
Ainsi, les républicains jouissent d’une « trifecta » politique. Ils contrôlent les trois entités majeures du pouvoir exécutif et législatif : la Maison Blanche, le Sénat et la Chambre des représentants. De plus, la Cour suprême est dominée par une majorité de juges conservateurs, ce qui pourrait assurer à Trump une influence durable pour des décennies. Les républicains envisagent même si les vétérans de la Cour suprême, Samuel Alito et Clarence Thomas, devraient envisager la retraite en raison de leur âge avancé.
Alito a 74 ans et Thomas 76. Avec la majorité républicaine au Sénat, Trump pourrait nommer des juges plus jeunes pour les remplacer. Lors de son premier mandat, il a déjà comblé trois sièges vacants à la Cour suprême. Si deux autres nominations sont effectuées, la majorité des neuf juges sera choisie par lui.
Le pouvoir de la réconciliation budgétaire
Grâce à leur présence au Sénat et à la Chambre des représentants, les républicains auront la possibilité de faire avancer une « loi de réconciliation budgétaire » avec une majorité absolue dans les deux chambres. Ces lois, qui touchent aux finances publiques et au plafond de la dette, peuvent être adoptées au Sénat avec seulement 51 voix, contournant ainsi le filibuster qui requiert normalement 60 voix.
Depuis l’été, les républicains ont élaboré un projet de loi de « réconciliation » visant principalement à prolonger les réductions fiscales initiées en 2017 sous Trump, dont beaucoup expireront en 2025. Trump a également promis durant sa campagne de diminuer encore les impôts pour les entreprises et d’autres catégories, tout en envisageant d’augmenter les droits d’importation pour compenser ces baisses.
Trump a exprimé son souhait d’augmenter les droits de douane sur toutes les importations de 10 à 20 % et sur celles provenant de Chine de 60 %. Cependant, la question de savoir si le président a le pouvoir d’imposer de telles hausses sans l’accord du Congrès demeure controversée. Bien que la Constitution attribue ce pouvoir au parlement, des lois antérieures ont modifié cette dynamique au fil des années.
Néanmoins, il semble peu probable que les augmentations de droits de douane puissent financer des réductions d’impôts significatives. Au cours de l’exercice fiscal 2020, les recettes douanières américaines ont totalisé environ 74 milliards de dollars, représentant seulement environ 2 % des recettes fiscales totales. Pour réduire les coûts, les républicains pourraient chercher à abolir certains allégements fiscaux et programmes de dépenses liés au climat instaurés sous l’administration Biden, ce qui pourrait également provoquer des tensions au sein de leurs propres rangs.
Trump mise également sur une déréglementation de l’industrie pétrolière pour stimuler l’économie et, par conséquent, les recettes fiscales. Son slogan de campagne, « Forer, bébé, forer ! », témoigne de cette ambition. L’industrie pétrolière et gazière a déjà remis à Trump une feuille de route, comprenant des demandes de législation pour simplifier les procédures d’approbation de projets énergétiques et d’éliminer une taxe sur les émissions de méthane.
Malgré tout, la portée des modifications législatives dans le cadre de la réconciliation reste à déterminer. Steve Scalise, le chef de la majorité républicaine à la Chambre, a déclaré qu’ils interpréteraient les règles de réconciliation de manière flexible, comme les démocrates l’avaient fait auparavant. Toutefois, Trump et les républicains devront naviguer avec prudence.
Lors de son premier mandat, Trump a voulu abolir le filibuster, mais avec John Thune élu chef de la majorité au Sénat, il a promis de le préserver. Avec une majorité prévisible de 53 sièges, les républicains pourraient avoir besoin de la coopération de 7 démocrates pour adopter des changements législatifs majeurs. De plus, la résistance de 4 conservateurs dissidents pourrait freiner certaines nominations controversées au sein du nouveau cabinet de Trump.
La majorité républicaine à la Chambre des représentants sera également fragile. Alors que Trump envisage déjà de nommer trois députés à son cabinet, le président républicain Mike Johnson commence à s’inquiéter. Des élections de remplacement devront être organisées dans les États concernés pour combler les sièges vacants, et une majorité instable pourrait compliquer le démarrage de la législature.
Lors des élections intermédiaires précédentes, les républicains avaient également remporté une majorité étroite à la Chambre des représentants. Par la suite, ils avaient eu besoin de 15 tours de vote pour élire Kevin McCarthy comme président, marquant ainsi le début d’une législature chaotique et peu productive. McCarthy a finalement été contraint de démissionner après une révolte interne au parti, illustrant les défis auxquels les républicains pourraient être confrontés à l’avenir.