Donald Trump a annoncé son intention d’imposer des droits de douane réciproques sur les importations américaines, suscitant des inquiétudes mondiales. L’Union Européenne, qui subit déjà des tarifs douaniers élevés, se montre préoccupée par les conséquences d’une telle mesure. La Suisse, bien que moins touchée, examine les impacts potentiels, notamment sur son secteur agricole. L’industrie allemande, particulièrement l’automobile, pourrait également souffrir d’une augmentation des droits d’importation, menaçant sa compétitivité sur le marché international.
Pour des raisons d’équité commerciale, le président américain Donald Trump a annoncé son intention d’imposer des droits de douane réciproques sur les importations aux États-Unis. Il a déclaré : « Nous appliquerons les mêmes droits de douane que ceux que d’autres pays imposent sur nous – ni plus, ni moins. » Cette décision soulève des inquiétudes à l’échelle mondiale, car elle pourrait potentiellement concerner une grande majorité de pays, bien que de nombreux aspects restent encore flous.
Les nouvelles directives de Donald Trump
Jeudi, Trump a demandé à son ministre du Commerce, Howard Lutnick, de préparer un rapport d’ici le 1er avril sur les mesures à adopter. Il ne se contente pas de réagir aux tarifs douaniers élevés de ses partenaires commerciaux, mais cherche également à identifier d’autres pratiques, telles que la TVA, qui pourraient augmenter le coût des importations de produits américains. Les États-Unis visent également à contrer les subventions industrielles, les politiques de change, ou les allégements fiscaux qui faussent les prix à l’international.
L’Union Européenne face à un potentiel conflit commercial
L’Union Européenne se montre prudente quant à l’escalade des tensions commerciales. En effet, l’UE est plus intégrée dans l’économie mondiale que les États-Unis, et une hausse des droits de douane pourrait avoir des conséquences désastreuses sur une économie déjà vulnérable. Cependant, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a souligné que les États-Unis ne peuvent pas s’attendre à une absence de réaction. Elle a qualifié l’annonce de Trump comme « un pas dans la mauvaise direction ».
Trump cible particulièrement l’UE, qui génère un surplus commercial avec les États-Unis. Il critique le faible nombre de véhicules américains importés en Europe, en rappelant que l’UE impose un tarif douanier de 10 % sur les voitures contre seulement 2,5 % aux États-Unis. Pour les SUV et les pick-ups, la situation est encore plus désavantageuse, avec un tarif de 25 %.
Les droits de douane varient en fonction des produits. D’après une analyse de la banque néerlandaise ING, les droits d’importation non pondérés de l’UE sur les produits américains s’élèvent à environ 3,9 %, tandis que ceux des États-Unis sont de 3,5 %.
Réactions du gouvernement suisse face à la situation
Pour la Suisse, la situation est similaire à celle des autres nations. Les autorités se préparent à divers scénarios, mais se posent les questions habituelles concernant les implications de cette nouvelle annonce. Selon des informations récentes, les responsables suisses recherchent activement des réponses, bien que rien ne soit encore définitif.
La Suisse a aboli au début de 2024 les droits d’importation sur la majorité des produits, à l’exception de ceux liés à l’agriculture et à la pêche. Par conséquent, la Suisse ne devrait pas craindre les droits de douane réciproques des États-Unis pour la plupart des marchandises.
La situation est plus complexe pour le secteur agricole, où des droits d’importation d’environ 32 % ont été appliqués en 2022. En revanche, les États-Unis n’imposent qu’un tarif moyen de 5 % sur les importations agricoles. En 2023, les exportations suisses vers les États-Unis dans ce secteur ont atteint environ 1,6 milliard de francs, tandis que les importations américaines se chiffrent à environ 290 millions de francs. Les États-Unis représentent le deuxième marché étranger pour les produits agricoles suisses, juste après l’Allemagne, bien que ce secteur ne représente qu’environ 3 % de l’ensemble des exportations suisses vers les États-Unis.
Impact prévisible sur l’industrie suisse
D’après les estimations, l’industrie suisse ne devrait pas être directement affectée par ces droits de douane réciproques. Cependant, la question se pose de savoir comment les clients de produits industriels locaux dans des marchés d’exportation clés tels que l’Allemagne, la France ou l’Italie seront impactés. L’Allemagne est le marché le plus important pour le secteur suisse des machines et des métaux, représentant 23 % des exportations, alors que les États-Unis n’en représentent que 15 %. Si les droits de douane augmentent le coût des exportations vers les États-Unis, cela pourrait entraîner une baisse des ventes pour les producteurs allemands, qui pourraient chercher à transférer ce coût supplémentaire à leurs fournisseurs suisses.
De grandes entreprises suisses, comme ABB et Georg Fischer, ainsi que des sociétés chimiques telles qu’Ems et Clariant, possèdent des installations aux États-Unis, ce qui leur permet de contourner certains droits de douane. De plus, l’industrie pharmaceutique suisse, très implantée, est particulièrement dépendante du marché américain, qui représente une part significative des exportations, atteignant un record de 31,5 milliards de francs l’année dernière. Cependant, les détails concernant les tarifs douaniers applicables aux produits pharmaceutiques restent encore à clarifier.
Conséquences pour l’industrie automobile allemande
Une augmentation des droits d’importation aux États-Unis pourrait constituer un obstacle supplémentaire pour l’économie allemande, déjà vulnérable mais forte en matière d’exportation. Les États-Unis représentent le marché le plus crucial pour les entreprises allemandes, en particulier pour l’industrie automobile, qui exporte environ 34 milliards de dollars en véhicules. Les produits automobiles seraient les plus touchés par ces nouvelles mesures, ce qui pourrait avoir des répercussions significatives sur la compétitivité de cette industrie sur le marché international.