dimanche, novembre 24, 2024

Les régulateurs financiers cherchent à élargir leurs prérogatives face à d’éventuelles difficultés de l’UBS, engendrant un nouveau défi pour la banque.

La crise du Credit Suisse a ébranlé la confiance envers les grandes banques, incitant l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) à imposer de nouvelles exigences à UBS. La Finma souhaite une option supplémentaire pour intervenir en cas de crise, permettant des ventes ou réductions d’activités. Cela nécessitera des adaptations légales, mais pourrait renforcer la position de la Finma sans compromettre la compétitivité d’UBS sur le marché international. Des clarifications sur la mise en œuvre restent nécessaires.

La crise récente chez Credit Suisse a suscité des inquiétudes parmi la population et les décideurs quant à la capacité de liquidation des grandes banques. Pour remédier à cela, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) a proposé de nouvelles mesures visant UBS. Elle souhaite obtenir une option supplémentaire pour intervenir en cas de crise majeure.

Actuellement, le régulateur dispose de deux options lorsqu’une banque d’importance systémique fait face à des difficultés : encourager la faillite, avec les conséquences néfastes que cela entraîne, ou procéder à une restructuration conformément à la réglementation « too big to fail ».

La nouvelle option envisagée vise à donner plus de flexibilité aux autorités en cas de crise bancaire future. Finma propose d’avoir la capacité d’ordonner à la banque de vendre ou de réduire certaines activités, même de manière individuelle.

Extension des pouvoirs de la Finma

Extension des pouvoirs de la Finma

La création de la possibilité d’une sortie ordonnée du marché est une démarche positive. En se référant à la crise de Credit Suisse, cela aurait permis d’éviter que la Confédération ne soit complètement dépendante de UBS pour le sauvetage du CS en mars 2023. D’autres acteurs potentiels, comme le gestionnaire de fortune Blackrock, auraient également pu envisager d’acquérir des actifs de la banque en difficulté.

Toutefois, les modalités pratiques de ces ventes partielles demeurent floues. Une chose est certaine : la Finma souhaite étendre ses prérogatives, ce qui peut influencer la structure et le modèle d’affaires de la banque lorsque cela s’avère nécessaire. Avec cette annonce, Stefan Walter, le nouveau directeur de l’autorité, affiche une approche plus rigoureuse envers UBS.

Pour que le régulateur puisse mettre en œuvre cette nouvelle option, des modifications législatives seront nécessaires. En effet, la Finma envisage de coupler ces ventes avec une recapitalisation via un mécanisme de bail-in, qui n’est pour l’instant prévu que dans le cadre de la restructuration d’une banque. La Finma a déjà examiné cette possibilité durant l’hiver 2022/23, en pleine crise de Credit Suisse, mais a décidé de ne pas aller de l’avant en raison des incertitudes juridiques qu’elle aurait engendré.

Dans le cas d’une crise d’une banque systémique comme UBS, vendre des parties de l’institution pourrait être une option pertinente, au moins en théorie. En effet, il est peu probable qu’une autre grande banque suisse puisse absorber l’intégralité d’UBS en cas de difficultés. De plus, l’activation du bail-in permettrait à la Finma d’avoir plus de contrôle sur les prix des actifs à céder, sans être trop influencée par le marché.

Pression internationale sur la grande banque

Pression internationale sur la grande banque

Cependant, cette option de liquidation supplémentaire ne sera pas sans coût pour UBS. Pour que des secteurs ou des unités juridiques puissent être séparés rapidement en cas de crise, une certaine préparation au sein du groupe est requise.

Et même si certaines inconnues persistent, obtenir le pouvoir d’intervenir dans le modèle d’affaires d’UBS pourrait signifier que la banque ne pourra pas tirer pleinement parti des synergies attendues suite à l’intégration de Credit Suisse. UBS a affiché un objectif d’économies de 13 milliards de dollars d’ici fin 2026.

Sergio Ermotti, le PDG d’UBS, a déjà exprimé sa préoccupation face à une réglementation suisse qui pourrait nuire à sa compétitivité face aux grandes banques américaines. Dans ce contexte, la Finma devrait agir avec prudence pour ne pas contrarier les ambitions d’UBS, car la faiblesse d’une grande banque ne serait dans l’intérêt d’aucun régulateur.

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