samedi, novembre 16, 2024

Les récits anti-autorité pourraient déchirer le « tissu social », préviennent un rapport des services de renseignement

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OTTAWA — Les menaces contre les politiciens sont devenues « de plus en plus normalisées » en raison de récits extrémistes motivés par des griefs personnels et alimentés par de la désinformation ou des mensonges délibérés, prévient un rapport des services de renseignement récemment publié.

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Le rapport, préparé par un groupe de travail fédéral qui vise à protéger les élections, indique que le paysage extrémiste violent canadien a vu la prolifération des théories du complot, un manque croissant de confiance dans l’intégrité de l’État et une polarisation politique accrue.

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Les théories sans fondement, la désinformation et la mésinformation se sont propagées à un public plus large, exposant les utilisateurs en ligne à un vaste réseau de récits qui portent atteinte à la science, aux systèmes de gouvernement et aux figures d’autorité traditionnelles, indique le rapport.

« Les discours violents se concentrent régulièrement sur les élus – avec une hostilité particulière envers les femmes de haut niveau. »

La Presse canadienne a utilisé la Loi sur l’accès à l’information pour obtenir le rapport de juin 2023 du Groupe de travail sur les menaces électorales en matière de sécurité et de renseignement. Certains passages de l’évaluation « Secret / Canadian Eyes Only » ont été jugés trop sensibles pour être divulgués.

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L’organisme fédéral, créé en 2019 pour protéger le processus électoral contre l’ingérence étrangère, comprend des représentants du Service canadien du renseignement de sécurité, de la GRC, d’Affaires mondiales Canada et du Centre de la sécurité des télécommunications, l’agence de cyberespionnage du Canada.

Le rapport note que même si les menaces terroristes intérieures ne font pas strictement partie de la mission du groupe de travail sur l’ingérence étrangère, « nous reconnaissons la nécessité de fournir des évaluations sur cette question ».

Le groupe de travail a évalué la menace possible d’un extrémisme violent motivé par la politique, la religion et l’idéologie. Il a conclu que des trois, une élection fédérale canadienne serait « très probablement influencée » par un extrémisme violent à motivation idéologique.

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Il n’existe pas de vision du monde « universelle » en matière d’extrémisme idéologique, indique le rapport. Au contraire, les « acteurs de la menace » sont motivés par une gamme de griefs, d’idées et de récits hautement personnalisés provenant de l’ensemble du spectre traditionnel de gauche à droite, souvent profondément influencés par les théories du complot.

Les griefs peuvent être alimentés par des éléments tels que la xénophobie, des questions liées au genre ou un sentiment général anti-gouvernemental.

Même si les menaces contre les politiciens culminent lors des cycles électoraux ou des annonces politiques majeures, les informations de la GRC montrent que les moyennes mensuelles et annuelles sont restées relativement stables depuis septembre 2021.

Les extrémistes violents à motivation idéologique « ont de plus en plus normalisé les menaces contre des personnalités publiques de premier plan en dehors du cycle électoral », conclut le rapport.

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Toutes les menaces contre le premier ministre et d’autres parlementaires signalées à la GRC sont triées et évaluées pour déterminer leur lien avec la sécurité nationale, ajoute le groupe de travail. Environ 20 pour cent des menaces signalées contre le premier ministre et 13 pour cent de celles contre des parlementaires entre septembre 2021 et mi-2023 répondaient au seuil de sécurité nationale de la GRC.

Même si les récits extrémistes et les théories du complot ne se manifestent généralement pas comme un acte de violence grave, « ils peuvent potentiellement affecter négativement le tissu social canadien », indique le rapport.

La GRC n’a pas répondu à une demande de commentaires à temps pour la publication.

Le porte-parole du SCRS, Eric Balsam, a déclaré que l’évaluation de 2023 « reste inchangée ».

Le directeur du SCRS, David Vigneault, a déclaré ce mois-ci devant un comité de la Chambre des communes que le service d’espionnage consacrait environ la moitié de ses ressources antiterroristes à enquêter sur la menace d’extrémisme violent à motivation idéologique. « Nous avons constaté une augmentation d’un certain nombre de vecteurs de menace », a-t-il déclaré.

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Le rapport du groupe de travail indique que les extrémistes anti-autorité ont « presque certainement exploité » les publications des médias sociaux sur l’ingérence étrangère dans les élections canadiennes pour « renforcer les récits préexistants autour de la corruption inhérente aux institutions gouvernementales au Canada ».

Cependant, un récit de l’ampleur de la rhétorique des « élections volées » qui a conduit à la violation du Capitole américain le 6 janvier 2021 n’a pas émergé dans le paysage politique canadien, note le rapport.

Sur la question de l’ingérence étrangère, un rapport complémentaire plus large indique qu’en juin dernier, le groupe de travail n’avait trouvé aucune preuve d’une cybermenace importante contre les processus électoraux canadiens ou l’infrastructure électorale de la part d’acteurs étatiques.

Toutefois, les partis politiques, les candidats et leur personnel continuent d’être la cible d’activités de cybermenace, qui peuvent prendre la forme d’espionnage en ligne, de désinformation ou de vidéos fabriquées appelées deepfakes, ajoute le rapport.

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Dans l’ensemble, le groupe de travail affirme que les efforts d’ingérence « sophistiqués, omniprésents et persistants » constituent une menace sérieuse à la sécurité nationale du Canada et à l’intégrité de ses institutions démocratiques.

Pour certains États étrangers, les activités d’ingérence étrangère « font partie de leurs comportements normaux au Canada et culminent souvent en période électorale ».

De telles ingérences, compte tenu de leur nature clandestine ou trompeuse, ont souvent lieu dans une zone grise juridique, où il n’existe pas de lois réglementant les activités ou où leur interprétation est ambiguë, ajoute le rapport.

Le Canada est une cible prioritaire de l’ingérence étrangère en raison de son rôle dans des alliances et des organismes mondiaux clés, jouissant d’une « solide réputation internationale » qui peut être utilisée ou cooptée pour aider à légitimer les intérêts d’États étrangers.

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De plus, l’économie avancée et fondée sur le savoir du Canada est attrayante pour les États étrangers qui cherchent à développer leur propre expertise scientifique et technologique, indique le rapport. Enfin, le Canada abrite d’importantes communautés de diaspora, que certains États étrangers tentent de surveiller, de contrôler ou d’utiliser pour atteindre leurs propres objectifs stratégiques.

« Les États étrangers développent des relations importantes au Canada tout au long de l’année pour promouvoir leurs propres programmes politiques et utiliseront ces relations à leur avantage, notamment en période électorale. »

En vertu d’un protocole fédéral, les chefs des principales agences de sécurité nationale informeraient un groupe spécial de hauts fonctionnaires d’une tentative d’ingérence en période électorale.

Il y aurait une annonce publique si le comité déterminait qu’un incident – ​​ou une accumulation d’incidents – menaçait la capacité du Canada à organiser des élections libres et équitables.

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Il n’y a pas eu d’annonce de ce type en 2021 ni concernant les élections de 2019. Lors des deux scrutins, les libéraux ont été réélus au gouvernement avec des mandats minoritaires tandis que les conservateurs formaient l’opposition officielle.

Les allégations d’ingérence étrangère dans ces élections – suggestions alimentées par des fuites anonymes dans les médias – ont conduit à un concert d’appels à une enquête publique.

La commission d’enquête, dirigée par la juge québécoise Marie-Josée Hogue, reprend ses audiences mercredi.

Les audiences porteront sur le fond des allégations d’ingérence étrangère de la part de la Chine, de l’Inde, de la Russie et d’autres pays lors des deux dernières élections générales.

La commission entendra plus de 40 personnes, dont le premier ministre Justin Trudeau, des membres de son cabinet, des hauts fonctionnaires, des communautés de la diaspora, des représentants de partis politiques, d’Élections Canada et du bureau du commissaire aux élections canadiennes.

Un premier rapport sur les conclusions de la commission est attendu le 3 mai.

L’enquête s’orientera ensuite vers des questions politiques plus larges, en examinant la capacité du gouvernement à détecter, dissuader et contrer l’ingérence étrangère ciblant les processus démocratiques du Canada. Un rapport final est attendu d’ici la fin de l’année.

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