Apple a annoncé un projet innovant pour relier les données de santé issues de ses dispositifs portables à des indicateurs de bien-être. Cependant, des recherches de l’Université technique de Munich révèlent que les applications de télémédecine ont un impact limité sur les patients à risque, notamment ceux souffrant de diabète de type 2 et de maladies coronariennes. L’absence de contact humain et la complexité des recommandations numériques sont des obstacles majeurs au succès de ces interventions, soulignant la nécessité d’un accompagnement personnalisé.
Les nouvelles initiatives d’Apple en matière de santé
Aujourd’hui, Apple a dévoilé ses ambitions pour une étude de santé innovante qui a pour but de lier les données recueillies par les dispositifs portables aux principaux indicateurs de bien-être. Ce projet vise à tirer parti du vaste réservoir de données fournies par les utilisateurs afin de concevoir de nouveaux outils numériques destinés à la santé, intégrant à la fois des solutions basées sur des capteurs et des applications logicielles.
Les limites des applications de santé numérique
Cependant, la question se pose : dépendons-nous trop de ces outils de santé numériques, surtout en l’absence de résultats probants ? Des chercheurs de l’Université technique de Munich ont récemment publié des résultats dans une étude qui montre que l’impact positif des applications de télémédecine et d’exercice est en réalité limité pour les individus à risque.
Cette recherche, réalisée sur 11 sites en Allemagne, s’est concentrée sur les personnes souffrant de diabète de type 2 et de maladie coronarienne. Ces deux affections, bien que sérieuses, peuvent être gérées efficacement par des changements de mode de vie comme l’exercice et une alimentation équilibrée. Pourtant, les résultats montrent que les interventions numériques, telles que les applications, n’ont pas eu l’effet escompté. Environ 25% des participants n’ont même pas commencé à suivre le programme d’exercice recommandé, et près de la moitié d’entre eux n’ont pas atteint les objectifs d’activité physique fixés.
« Le battage médiatique autour des applications médicales doit être relativisé », déclare Martin Halle, professeur de médecine sportive préventive et de cardiologie sportive à l’institut allemand. Pourquoi cette étude est-elle si significative ?
La maladie coronarienne est responsable d’environ 300 000 décès par an aux États-Unis, ce qui en fait un enjeu de santé publique majeur. D’autre part, le diabète de type 2 touche principalement les personnes d’âge moyen et plus âgées, et est souvent causé par des facteurs tels que l’obésité et l’inactivité physique. Les experts affirment que des changements de mode de vie peuvent réduire le risque de développer cette maladie de 71%, grâce à une combinaison d’exercice et de gestion de l’alimentation, des éléments que les applications sont censées faciliter.
Pourquoi alors les participants de l’étude n’ont-ils pas bénéficié des avantages promis par des entreprises telles qu’Apple, Fitbit et Google ?
L’étude a été réalisée en deux phases. Dans la première phase, les participants ont reçu des conseils de santé personnalisés via des applications, ainsi que des suivis téléphoniques. La deuxième phase a consisté à appliquer ces conseils de manière autonome, où les résultats ont commencé à décliner. « À la fin de la seconde phase, il n’y avait plus de bénéfices », rapportent les chercheurs. Les experts soulignent que l’adaptation à la technologie moderne représente un défi pour les personnes âgées, ce qui pourrait expliquer leur incapacité à tirer parti des outils numériques.
Un point essentiel à retenir de cette étude, publiée dans le journal Nature Medicine, est que plus des deux tiers des patients ont trouvé difficile de déchiffrer et de suivre les recommandations techniques fournies par les applications de santé. Un manque de contact humain a également été identifié comme un facteur limitant, car le soutien en personne peut avoir un impact significatif.
« De nombreux patients ont pu se sentir accablés par les exigences de changements de mode de vie à domicile, surtout lorsqu’ils doivent jongler avec plusieurs dispositifs télémédicaux, malgré des instructions individuelles répétées », indique le rapport.
L’étude conclut qu’une approche exclusive à domicile utilisant des applications et des solutions numériques pourrait ne pas être « pratique, cliniquement efficace ou économiquement viable ». Pour les individus souffrant de diabète de type 2 ou de maladie coronarienne, il est essentiel que l’accompagnement humain soit intégré pour que les applications de santé puissent réellement porter leurs fruits.
« Lorsque le soutien individualisé est interrompu, les effets d’une intervention de mode de vie soutenue par la télémédecine ne surpassent pas ceux des soins traditionnels », conclut le rapport. Lors d’une récente discussion avec un expert de l’American Heart Institute, il a également souligné que ces outils numériques sont surtout un complément, nécessitant une intervention professionnelle pour obtenir les meilleurs résultats en matière de soins.