samedi, février 22, 2025

Les motivations des chercheurs de chaos : comprendre leur désir de voir le monde en flammes

Depuis l’élection de Donald Trump, un désir de chaos s’est manifesté chez certains Américains, souvent lié à une perception de perte de statut social. Kevin Arceneaux, politologue, révèle que 15 % des Américains aspirent à un désordre, motivés par des inégalités croissantes. Deux catégories de chercheurs de chaos émergent : ceux souhaitant une destruction totale et ceux désirant un changement sans intention néfaste. Ce phénomène est alimenté par la désinformation et est principalement observé chez des hommes blancs, sans lien direct avec une idéologie politique.

Le Chaos et la Perception de Statut

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump, l’administration a adopté une approche très dynamique, marquée par le retrait d’accords internationaux et des réductions significatives d’emplois et de financements fédéraux. Cette situation a pris de nombreuses personnes de court, tandis que d’autres semblent en tirer du plaisir. D’après des chercheurs en sciences politiques, une part de ce désir de chaos pourrait être liée à un sentiment de perte de statut social, une perception exacerbée par les inégalités croissantes et la mondialisation.

Comportements Recherchant le Chaos

Kevin Arceneaux, scientifique politique à Sciences Po à Paris, explique que « le chaos peut être perçu comme une stratégie pour compenser une perte de statut ». Pour certains, la réaction à cette perception est de provoquer des troubles afin de restaurer leur position dans la société. Bien que la majorité des individus préfèrent vivre dans l’ordre, environ 15 % des Américains expriment un désir de chaos, cherchant un nouveau départ en détruisant les structures établies. Cette conclusion repose sur une étude menée en 2021, où l’équipe d’Arceneaux a développé une échelle pour évaluer ce besoin de chaos parmi environ 5 000 Américains.

Les résultats révèlent que 5 % des participants manifestent un désir intense de créer du désordre, indépendamment des conséquences. En revanche, 10 % d’entre eux aspirent également au chaos, mais sans intention néfaste, estimant que la société est trop abîmée pour être réparée. Ces individus souhaitent un nouveau départ sans nuire aux autres.

Arceneaux et son équipe ont entrepris ce projet de recherche au début de 2017 pour explorer la désinformation, un phénomène largement alimenté par les réseaux sociaux. Ils ont constaté que certains individus, se sentant marginalisés, sont motivés à semer le trouble, peu importe la véracité de l’information qu’ils partagent. Heureusement, cette tendance est observée chez un nombre restreint de personnes, mais même un petit groupe peut engendrer un grand chaos.

Concernant les caractéristiques des chercheurs de chaos, Arceneaux note qu’il existe deux catégories principales : ceux qui souhaitent voir la société réduite en cendres et ceux qui, bien qu’ils désirent également la destruction des institutions, ne sont pas animés par de mauvaises intentions. Les chercheurs de chaos sont souvent motivés par un besoin d’affirmation, se sentant sous-estimés dans la société. Ce besoin n’est pas un trait de personnalité constant, mais plutôt une réponse à des circonstances particulières, notamment l’augmentation des inégalités.

Aucun des groupes de chercheurs de chaos ne montre de lien direct avec une idéologie politique. Cependant, des données préliminaires laissent entendre qu’une tendance pourrait émerger en lien avec les élections de 2024. En ce qui concerne la composition démographique, il apparaît que les chercheurs de chaos sont majoritairement blancs et masculins, une observation que Arceneaux attribue aux différences culturelles dans la manière dont les groupes perçoivent leur lien avec la société.

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