Cette semaine sur Extra Ponctuation, Yahtzee explique certains problèmes de découverte de jeux de nos jours, puis explique pourquoi les mauvais jeux vidéo sont meilleurs que les jeux vidéo fades.
Vous savez, je me plains beaucoup de la façon dont les jeux triple-A suivent tous les mêmes modèles et sont conçus par des comités et demandent trop aux développeurs et absorbent toute l’attention et l’argent et sont trop dépendants pour pousser le matériel le plus récent et traiter leur public comme des produits laitiers vaches et sucer et contrecarrer l’innovation et sucer et sucer et sucer si fort, et chaque fois que j’en parle, je reçois le même compteur. « Ah, mais qu’en est-il des jeux indépendants, Yahtz ? La sphère indépendante regorge d’innovations car la barrière à l’entrée pour créer et publier des jeux est si faible de nos jours. Oui, cela se traduit par un déluge constant de jeux indépendants de qualité extrêmement variable, en particulier sur Steam, mais les très bons flottent généralement au sommet.
J’y pensais après avoir parlé d’Undertale la dernière fois, et c’est vrai, les jeux indépendants sur Steam sont un système assez purement méritocratique où seuls les titres vraiment bons et innovants accumulent le bouche à oreille nécessaire pour obtenir un profil visible, mais vous savez quoi , cela ne semble pas juste. Vous ne pouvez pas être incroyablement bon ou nouveau tout le temps et il est déraisonnable de demander cela à quoi que ce soit.
Il y a beaucoup de problèmes avec le système méritocratique pour les jeux indépendants. Premièrement, la qualité est subjective. Ce ne sont pas les bons jeux qui flottent au sommet, à proprement parler, ce sont ceux qui ont un large attrait, d’où tous les jeux de sexe animés qui apparaissent sur la liste des tendances de Steam, qui ont certainement un large attrait, lol jeu de mots. Il y a sans aucun doute des océans de jeux de qualité médiocre sur Steam dont je n’ai jamais entendu parler, mais qui m’intéresseraient particulièrement et je n’ai tout simplement pas le temps de jouer à tous les jeux pour les rechercher. Il y a un jeu appelé Filcher sur Steam avec toutes les 57 critiques au moment de la rédaction que j’ai acheté pour la seule raison qu’un des créateurs m’a tagué sur Twitter en mentionnant qu’il avait pris l’influence d’un jeu que j’ai fait, et mon ego est très grand et disgracieux de nos jours. Ouais, prenez note, développeurs indépendants, il y a votre voie rapide vers un cri juste là.
Filcher n’est pas si génial ni facile à regarder et le titre est à une lettre d’un mot très méchant en effet, mais je l’ai apprécié parce que son art 3D primitif et son gameplay furtif à la première personne basés sur des niveaux de lumière et de bruit et des gardes inconscients avec un petit gode noir a ramené de bons souvenirs nostalgiques des premiers jeux Thief, assez intentionnellement, j’en suis sûr. Le fait est que j’ai fini par lui donner plus de temps que je n’ai beaucoup d’autres jeux que les gens m’ont recommandés en promettant que j’aimerai vraiment celui-ci cette fois pas vraiment, et ce n’est que par pur hasard que je l’ai trouvé. Le système méritocratique n’est tout simplement pas bon pour aider les jeux de niche à trouver leur public.
Mais ce n’est pas vraiment ce dont je voulais parler. Le fait est que le système actuel pour les jeux triple-A et indépendants n’apporte tout simplement pas suffisamment d’exposition à des jeux incroyablement mauvais. Et je dénonce cet état de fait. Je défends maintenant le droit du jeu vidéo d’être vraiment, vraiment nul.
Les téléspectateurs réguliers de ZP sauront qu’il y a de nombreuses années, j’ai commencé à compléter mon top 5 et mes 5 derniers avec les 5 jeux les plus fades. J’ai commencé à le faire parce qu’être fade n’est pas tout à fait la même chose qu’être mauvais, à mon avis. Bland est pire que mauvais. Bien pire. Parfois, les gens me demandent si je préfère revoir de bons jeux ou de mauvais jeux, et souvent je réponds qu’ils sont à peu près tout aussi amusants, ce sont les jeux fades, les médiocres qui ressemblent à une corvée. La seule raison pour laquelle nous jouons à des jeux ou faisons l’expérience de tout type d’art est de nous faire ressentir quelque chose, et même le mépris et le dégoût sont des sentiments. Cela étant, la pire chose qu’un jeu puisse faire est de ne pas provoquer beaucoup de sensations.
Ce n’est qu’un type spécifique de mal que je veux remplir ma liste des cinq derniers, des jeux qui sont horribles et erronés mais dont je sors toujours positif. Ils peuvent être frustrants, ennuyeux ou incompréhensibles sur le moment, mais au moins je sais qu’il sera intéressant d’en parler plus tard. Je n’utiliserais pas l’expression « tellement mauvais que c’est bon ». « Tellement mauvais, c’est bon » est très rare dans les jeux vidéo car la plupart des jeux comportent au moins une sorte de boucle de jeu répétitive et vous ne pouvez généralement pas répéter la même chose encore et encore. Une expression plus appropriée pourrait être « accident de voiture fascinant ». Le genre de chose où vous voulez vraiment le décomposer et essayer de comprendre la logique qui s’y trouve.
C’est pourquoi Balan Wonderworld a été mon pire jeu de 2021 – je vous mets au défi de trouver un jeu d’accident de voiture plus fascinant que cela. C’est tellement horriblement conçu. Je veux dire, qu’est-ce qu’il y avait avec ce renard qui se transforme par intermittence en cube ? Et pourtant, il se présente avec tant de confiance. Cela avait clairement du sens pour quelqu’un. Tout comme l’art extérieur est nécessaire pour nous aider à remettre en question nos préjugés inhérents et notre compréhension de ce que peut être l’art, les vrais mauvais jeux sont une partie enrichissante de la culture qui entoure le jeu. En examinant précisément pourquoi le renard se transformant par intermittence en cube était une idée stupide, nous acquérons une nouvelle appréciation des fondamentaux de la conception de jeux.
En revanche, les jeux fades sont un vide culturel. Des jeux construits en prenant des formules établies et en écrasant les boutons copier-coller jusqu’à ce qu’il vous reste un tapis roulant sans fin de défis identiques et parfaitement conçus jusqu’à ce que la partie émotionnelle de votre cerveau s’assèche. Rien de ce qui s’appelle des médias de divertissement ne devrait vous laisser émotionnellement engourdi et pourtant c’est ce que l’industrie triple-A continue de produire délibérément avec ses tireurs d’identité et ses bacs à sable parce que tous les parieurs qui veulent juste tuer le temps avec des boîtes Skinner non menaçantes les font plus fiable et bancable que tout ce qui veut prendre un risque.
Et avec ce vent dominant, je crains que le mauvais jeu vraiment intéressant ne soit en danger de disparition. Oh, bien sûr, il n’y a pas de fin de terribles jeux indépendants et de tous les autres types de jeux indépendants, mais un jeu qui est mauvais parce qu’il manque de ressources ou parce que les créateurs n’étaient pas très qualifiés n’est pas une histoire intéressante. C’est juste à prévoir, vraiment. Les jeux d’accident de voiture nécessitent un certain ensemble d’ingrédients – l’argent, les ressources et le talent pour réaliser la vision du créateur, et la vision elle-même est complètement folle. Et le créateur doit également avoir ce type spécifique d’ego qui le rend totalement sourd à la critique.
C’est là la racine du problème, n’est-ce pas. Très souvent, ces histoires de jeux d’accident de voiture légendaires ou si mauvais qu’ils sont de bons films sont vraiment des histoires sur leurs créateurs, les Tommy Wiseaus, les Neil Breens, les Jon Romeros du monde. Mais aucune idée terriblement intéressante ne peut survivre à un niveau triple A d’examen minutieux des éditeurs et de partage des responsabilités. Une industrie de la conception de comités est par sa nature même hostile aux visions uniques. Il suffit de regarder cet article de Bloomberg sur Ken Levine d’il y a quelques semaines qui parle initialement de la façon dont Ken Levine est totalement Duke Nukem Forevering son nouveau projet mais finit par devenir un coup flagrant contre tout le concept d’auteurisme. C’est la voix de l’industrie, juste là. Arrêtez d’avoir des idées et continuez à fabriquer ces boîtes de skinner, ces drones.
Non, si vous voulez des accidents de voiture, l’endroit où aller ces jours-ci est le monde du financement participatif. Parce que c’est ce qui arrive quand on soustrait l’expérience et les connaissances du processus de feu vert. Mais la moitié du temps, vous n’avez même pas de jeu pour vous énerver parce qu’ils se débrouillent avec l’argent. Ou ils ne le font pas. Et ce sont les plus étranges. Ceux qui restent là à ne rien produire et à regarder dans le vide tandis que l’argent des autres s’accumule autour de leurs pieds. Et au bout d’un moment, vous arrêtez de trouver ça drôle et commencez à vous inquiéter de l’état mental de toutes les personnes impliquées. Mais peu importe, je suis sûr que Star Citizen sortira d’un jour à l’autre.