mardi, avril 8, 2025

Les dirigeants occidentaux explorent le marché russe : un retour en force ?

LG a relancé partiellement sa production en Russie pour prévenir la rouille, tandis que Hyundai recrute pour ses filiales, indiquant une volonté de redémarrage. Cependant, les entreprises allemandes, autrefois dominantes, subissent une forte baisse de leur présence. Malgré des sanctions inefficaces, l’économie russe affiche une croissance, mais le retour des entreprises étrangères reste incertain. Les conditions de vente des activités en Russie sont complexes, rendant difficile tout nouvel investissement.

LG relance son activité en Russie, mais pour l’instant, il ne s’agit que d’un entretien préventif. Hyundai, quant à elle, est déjà à la recherche de nouveaux talents dans le pays. Des entreprises tant asiatiques qu’occidentales espèrent un dénouement pacifique du conflit. Néanmoins, Poutine pourrait être trop optimiste dans ses attentes.

Trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine, LG a redémarré ses lignes de production de lave-linge et de réfrigérateurs dans son usine de Moscou. Ce redémarrage est encore au stade expérimental et vise à prévenir la rouille après une longue période d’inactivité. Un porte-parole du groupe sud-coréen a déclaré qu’il y avait des signes indiquant une potentielle cessation des hostilités.

De son côté, Hyundai montre également des signes de reprise. Le principal site de recherche d’emploi en Russie, Headhunter, a récemment publié plusieurs offres pour des postes au sein de ses filiales. Ils recherchent des logisticiens ainsi que des experts en informatique, ce qui indique une volonté croissante de relancer les activités de Hyundai en Russie. En fin 2023, le groupe avait cédé son usine de Saint-Pétersbourg pour un montant symbolique de 7000 roubles (environ 80 euros), tout en se réservant une option de rachat.

Les entreprises allemandes face à l’incertitude

Historiquement, les entreprises allemandes ont dominé le marché russe. Le commerce bilatéral a connu une forte croissance après la chute du mur de Berlin, atteignant son apogée en 2012 avec plus de 80 milliards d’euros d’échanges, selon le Comité Est de l’économie allemande. Les matières premières, notamment le pétrole et le gaz, provenaient de Russie, tandis que l’Allemagne fournissait machines et équipements.

Avant le début de la guerre, les entreprises allemandes avaient investi des sommes considérables en Russie. En 2022, les investissements s’élevaient encore à plus de 18 milliards d’euros, témoignant de l’attrait de ce marché malgré l’instabilité politique, surtout après l’annexion de la Crimée en 2014. Toutefois, face à la pression politique et sociétale, le nombre d’entreprises allemandes en Russie a chuté, passant de 3400 à près de 2000, et leur chiffre d’affaires a subi une baisse significative.

De nombreuses grandes marques occidentales ont également quitté le pays, notamment VW, Mercedes, Henkel, Adidas, ainsi que des géants comme McDonald’s, Coca-Cola et Apple.

La résistance de l’économie russe

Les sanctions n’ont pas produit les résultats escomptés. Selon des sources officielles, la Russie a enregistré une croissance économique de 4 % en 2024, bien supérieure à celle de l’UE. Bien que cette croissance soit principalement attribuée à l’industrie de l’armement, le président Poutine semble confiant quant à la loyauté des Russes. En particulier dans les régions, de nombreux travailleurs, auparavant sous-payés, voient leur situation s’améliorer grâce à des salaires plus élevés dans ce secteur.

Poutine a récemment affiché sa volonté de voir un retour des entreprises étrangères, affirmant que des discussions étaient en cours. Cependant, il a prévenu que ceux qui avaient quitté le pays ne bénéficieraient d’aucun avantage lors de leur retour. Les entreprises qui sont restées seront récompensées, tandis que le comportement des autres sera examiné attentivement.

Absence de plans concrets pour un retour

Malgré l’optimisme affiché à Moscou, le retour à une activité normale semble encore lointain. Le portail indépendant ‘The Bell’ a interrogé environ 60 grandes entreprises ayant quitté la Russie, mais seules 21 ont répondu, sans dévoiler de plans précis pour un éventuel retour. Des entreprises comme Nokian Tyres, IKEA et Henkel ne voient pas d’opportunités à court terme, tandis que quelques-unes, telles que Baker Hughes, Otis et Bosch, restent prudentes dans leur évaluation de la situation.

La vente des activités en Russie est également compliquée, car les entreprises ne parviennent pas à obtenir un prix équitable. Les ventes sont limitées à 60 % de la valeur estimée, et une forte imposition s’applique. Cela a conduit de nombreux dirigeants à adopter une attitude d’attente.

Les investissements allemands en jeu

Personne ne semble prêt à créer de nouvelles entreprises en Russie. Aucun investisseur étranger ne s’aventurerait dans ce marché sans garanties solides.

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