mercredi, janvier 15, 2025

Les clubs de football tenus de contribuer aux coûts des interventions policières lors des matchs à risque, selon la Cour constitutionnelle fédérale allemande

La Cour constitutionnelle fédérale a statué que les clubs de la Ligue allemande de football doivent assumer les coûts de sécurité pour les matchs à haut risque, mettant fin à un litige qui avait débuté en 2015 à Brême. Cette décision, qui concerne également d’autres États fédéraux, vise à faire payer les clubs pour les dépenses de police engendrées par les violences potentielles des supporters. La DFL, qui représentait les clubs, a vu son recours rejeté, soulignant la responsabilité financière liée à ces événements.

Il est inacceptable que ceux qui profitent financièrement du football transfèrent uniquement les frais de sécurité aux contribuables. C’est la décision prise par la Cour constitutionnelle fédérale, mettant un terme à un long conflit juridique. Désormais, les clubs de la Ligue allemande de football (DFL) seront tenus de couvrir les coûts supplémentaires de police lors des matchs considérés à haut risque. Bien que ce jugement concerne initialement Brême, il a des implications à l’échelle nationale, permettant à d’autres États fédéraux de mettre en place des règlements similaires sans crainte.

Origines du litige à Brême

Cette affaire a débuté en 2015, lors d’un match opposant Werder Brême au Hamburger SV. À cette époque, l’État de Brême avait récemment adopté un nouveau règlement de frais stipulant que les organisateurs d’événements à caractère lucratif rassemblant plus de 5000 personnes devaient payer des frais si des mesures de sécurité supplémentaires étaient jugées nécessaires en raison de violences potentielles.

Avant le match, la police de Brême avait anticipé un risque élevé de violence entre les supporters, entraînant l’envoi de renforts de plusieurs régions. Heureusement, le match s’est déroulé sans incidents notables.

Suite à cette rencontre, la ville de Brême a facturé environ 426 000 euros à la DFL pour couvrir une partie des coûts de police liés à la sécurisation de ce match à haut risque.

Échec du recours constitutionnel

La DFL a d’abord contesté cette décision devant le tribunal administratif, puis a épuisé toutes les voies de recours pour porter l’affaire devant la Cour constitutionnelle. La DFL, qui représente 36 clubs de la première et de la deuxième Bundesliga, détient les droits de commercialisation des ligues et collabore avec les clubs pour leur organisation. Au cours de la saison 2022/2023, 52 matchs à haut risque ont eu lieu, engendrant des millions en frais de police, jusqu’alors entièrement à la charge des contribuables.

Dans son jugement, la plus haute cour allemande a clairement affirmé que la réglementation brêmoise ne viole pas les droits de la DFL. Étant donné les bénéfices générés par ces événements, il est justifié de demander une part des coûts à la ligue, même si les troubles sont causés par des tiers tels que des hooligans. Par conséquent, le recours constitutionnel a été rejeté, la DFL ayant soutenu que la responsabilité incombait à des individus et non à la ligue elle-même.

Responsabilité du financement de la sécurité

La DFL a également avancé que la sécurité publique est une responsabilité de l’État, devant être financée par des fonds publics. Elle a vu dans la demande de frais une atteinte à ses droits fondamentaux, arguant que la réglementation brêmoise empiète sur la liberté professionnelle des organisateurs. Toutefois, les juges ont statué que cela était justifié.

Le président du tribunal, Stephan Harbarth, a déclaré que cette norme était conforme à la loi fondamentale. L’objectif est de faire payer ceux qui causent des coûts de sécurité, ce qui est légitime sur le plan constitutionnel.

Décentralisation de la police en Allemagne

Selon les autorités brêmoises, les frais liés à la sécurité excèdent désormais trois millions d’euros. Ce jugement pourrait inciter d’autres États fédéraux à adopter des réglementations similaires. Cependant, la sénatrice de l’Intérieur de Berlin, Iris Spranger, a précisé que Berlin ne prévoyait pas de contribuer aux coûts supplémentaires pour les matchs à risque.

La police en Allemagne est régie par les Länder, ce qui signifie que chaque État peut définir ses propres tâches et gérer les coûts de manière autonome. Depuis 2009, une solution nationale a été recherchée, mais lorsque cela a échoué, Brême a établi sa propre réglementation.

La DFL a exprimé sa déception face à cette décision. « Malheureusement, la Cour constitutionnelle fédérale ne nous a pas suivis. C’est décevant, mais nous devons l’accepter », a déclaré Bernd Hoefer, avocat de la DFL, après le jugement. Les implications financières de cette décision pour les clubs restent incertaines, alors que la DFL génère des milliards chaque année grâce à la commercialisation du football professionnel en Allemagne.

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