Donald Trump a récemment affirmé que les réglementations canadiennes empêchent les banques américaines d’opérer au Canada, suscitant confusion et réactions. Cependant, des données révèlent que 16 banques américaines, dont Bank of America et JPMorgan Chase, sont bien présentes et actives au Canada. Des experts soulignent que ces banques doivent simplement respecter certaines réglementations pour fonctionner. Les commentaires de Trump alimentent un débat plus large sur les relations économiques entre les deux pays, en particulier concernant les déséquilibres commerciaux.
Dans des commentaires récents, l’ancien président Donald Trump a déclaré que les réglementations canadiennes empêchent les banques américaines de fonctionner sur le territoire canadien, une affirmation qui a provoqué une certaine confusion et de vives réactions.
Toutefois, des informations provenant d’organisations bancaires et de ministères gouvernementaux canadiens, ainsi que des déclarations de dirigeants et d’experts des deux pays, viennent contredire ces propos.
Importance de ces déclarations
Les remarques de Trump concernant les réglementations bancaires au Canada mettent en lumière ses préoccupations récurrentes face aux déséquilibres commerciaux. Ces commentaires s’inscrivent dans un récit plus large où Trump utilise des mesures tarifaires, notamment un tarif de 25 % sur les importations canadiennes, pour répondre à ce qu’il considère comme des pratiques commerciales injustes, impactant ainsi les relations économiques entre les États-Unis et le Canada.
Points essentiels à retenir
Mardi, Trump a partagé sur Truth Social, une plateforme de médias sociaux qu’il possède, : ‘Le Canada n’autorise pas les banques américaines à faire des affaires, mais leurs banques inondent le marché américain. Ça semble juste, non ?’
Cela fait suite à des remarques similaires qu’il a faites le mois précédent.
Il a déclaré depuis le Bureau ovale début février : ‘Les banques américaines ne peuvent pas faire d’affaires au Canada. Pouvez-vous y croire ?’
D’après l’Association canadienne des banquiers (ACB), il existe actuellement 16 banques américaines qui opèrent au Canada, détenant environ 113 milliards de dollars canadiens en actifs. Parmi elles figurent des institutions majeures telles que Bank of America, Wells Fargo, Citibank et JPMorgan Chase Bank, selon les données du ministère de la Justice du Canada en date de décembre 2023.
Ces banques proposent une large gamme de services financiers, y compris des prêts commerciaux, la gestion de trésorerie, des cartes de crédit, des services de banque d’investissement et des solutions hypothécaires, selon l’ACB.
En réponse aux commentaires de Trump lors d’une conférence de presse mardi, le Premier ministre Justin Trudeau a déclaré : ‘Les banques américaines sont bien présentes et prospèrent au Canada.’
Des experts ont précisé que, bien que le Canada impose des réglementations strictes à son secteur bancaire, il n’existe aucune interdiction pour les banques américaines ; celles-ci doivent simplement se conformer à des normes réglementaires spécifiques pour pouvoir y opérer.
Laurence Booth, professeur à l’École de gestion Rotman de l’Université de Toronto, a expliqué à The Canadian Press : ‘Il n’y a donc rien qui empêche une banque américaine d’opérer au Canada en tant que filiale distincte selon l’annexe II de la Loi sur les banques,’ ajoutant que ‘… au fil du temps, la banque centrale et le ministère des Finances ont même encouragé les banques américaines à se rendre au Canada pour renforcer la concurrence sur le marché bancaire canadien.’
Réactions à ces déclarations
Le président Donald Trump a déclaré sur Truth Social en février : ‘Le Canada n’autorise même pas les banques américaines à ouvrir ou à faire des affaires là-bas. De quoi s’agit-il ? Beaucoup de choses comme ça, mais c’est aussi une GUERRE DES DROGUES, et des centaines de milliers de personnes sont mortes aux États-Unis à cause des drogues qui traversent les frontières du Mexique et du Canada […] .’
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré lors d’une conférence de presse mardi : ‘J’ai vu qu’il parlait encore de banque ce matin dans un tweet, ce qui n’a aucun sens car 16 banques américaines [sont] actuellement actives au Canada, détenant environ 113 milliards de dollars d’actifs dans ce pays… Ce qu’il veut, c’est voir un effondrement total de l’économie canadienne, facilitant ainsi notre annexion.’
L’Association canadienne des banquiers a commenté sur X (anciennement Twitter) en février : ‘Le Canada dispose d’un secteur bancaire solide et compétitif, avec des banques nationales et étrangères. Il y a 16 filiales et succursales de banques basées aux États-Unis, détenant environ 113 milliards de dollars canadiens d’actifs actuellement opérant au Canada.
Ces banques se spécialisent dans divers services financiers, y compris le prêt d’entreprise, les services de trésorerie, les produits de cartes de crédit, la banque d’investissement et le financement hypothécaire. Elles desservent non seulement des clients ayant des activités commerciales transfrontalières, mais aussi le marché de détail national du Canada. Les banques américaines représentent désormais environ la moitié de tous les actifs bancaires étrangers au Canada.’
La justification initiale des tarifs canadiens était liée au fentanyl, mais cela semble peu crédible. Le véritable objectif semble être de rendre le système financier américain plus compétitif, de créer des conditions de concurrence équitables, ou du moins la perception de celles-ci… Le récit public n’est souvent pas la véritable raison derrière les mouvements politiques. Il est plus facile de présenter cela comme une guerre des drogues plutôt que d’admettre qu’il s’agit de donner aux institutions financières américaines une meilleure opportunité au Canada.’
Cristie Ford, professeur à la faculté de droit de l’Université de la Colombie-Britannique, a déclaré à CNN en février : ‘Il n’y a rien qui empêche les banques américaines d’opérer ici, y compris d’avoir des succursales de détail.’
Lawrence Kryzanowski, professeur de finance à l’École de commerce John Molson de l’Université Concordia, a déclaré à CBC en février : ‘C’est quelque peu exagéré. Les banques [américaines] peuvent opérer au Canada, mais si elles veulent vraiment être des acteurs majeurs, cela peut être un peu plus difficile.’
Avenir des relations bancaires
Le débat autour des déclarations de Trump devrait maintenir un focus sur les règles bancaires internationales et les relations entre les États-Unis et le Canada. À mesure que les discussions commerciales et économiques avancent, il est probable que les activités des banques américaines au Canada soient soumises à un examen plus attentif.