mardi, janvier 7, 2025

L’épuisement professionnel : une addiction largement acceptée dans notre société

Le début d’année est souvent l’occasion de rompre avec des habitudes néfastes, mais l’addiction au travail, touchant une personne sur dix, reste peu abordée. Elle se manifeste par un besoin irrésistible de travailler, impactant la santé et la vie sociale. La numérisation et la flexibilité des horaires exacerbent ce phénomène. Reconnaître cette problématique et chercher de l’aide, que ce soit par des groupes de soutien ou des professionnels, est essentiel pour retrouver un équilibre sain entre vie professionnelle et personnelle.

Le travail : une addiction silencieuse

Le début de la nouvelle année est souvent perçu comme un moment propice pour abandonner des habitudes néfastes. Beaucoup choisissent de cesser de fumer, de réduire leur consommation d’alcool ou de limiter leur temps passé sur les réseaux sociaux. Néanmoins, une des addictions les plus répandues demeure peu discutée : l’addiction au travail. Des recherches indiquent qu’une personne sur dix serait affectée par ce phénomène. Qu’est-ce qui transforme une qualité socialement valorisée en un comportement malsain ?

Comprendre l’addiction au travail

Depuis plusieurs décennies, des spécialistes se penchent sur ce sujet, en utilisant souvent l’échelle néerlandaise de l’addiction au travail. Cette échelle fait la distinction entre le travail excessif, qui survient sous une pression de temps élevée, et le travail compulsif, caractérisé par un besoin irrésistible de travailler, accompagné d’une incapacité à se détendre après une journée de travail. L’addiction au travail se manifeste lorsque ces deux comportements coexistent.

Les personnes touchées témoignent souvent d’une pensée obsédante liée au travail, décrivant leur temps libre comme vide et ne servant qu’à se préparer pour la prochaine journée. Cette addiction entraîne souvent des sacrifices sur le plan social et personnel.

Bien que les entreprises puissent sembler bénéficier d’employés aussi impliqués, ces travailleurs acharnés finissent par devenir moins efficaces et mettent en péril leur santé. Holger Heide, expert en addiction au travail, note que ces individus négligent leurs besoins et émotions, franchissant des limites dangereuses qui peuvent mener à des problèmes de santé sérieux, allant des troubles du sommeil aux dépressions sévères.

La numérisation amplifie ces dangers pour les personnes vulnérables, qui cachent souvent leur addiction. Elles peuvent se convaincre qu’elles aiment leur travail ou qu’il leur suffit de travailler un peu le week-end pour mieux gérer leur semaine. Ce mécanisme rappelle les comportements des personnes dépendantes à l’alcool, d’où le terme « workaholisme ». Cependant, alors que l’abstinence totale est une solution pour l’alcoolisme, elle ne peut pas être appliquée de la même manière à l’addiction au travail.

Les évolutions dans le monde professionnel favorisent également cette addiction. La flexibilité accrue des horaires et des responsabilités exige des individus qu’ils s’organisent mieux, non seulement pour réaliser leurs projets, mais aussi pour se souvenir des pauses nécessaires. Ce besoin de délimitation peut rapidement devenir accablant.

La disponibilité permanente via les smartphones constitue un danger supplémentaire. Comme le souligne une personne touchée, « la connectivité digitale est pour les accros au travail ce que la bouteille de bière est pour un alcoolique. »

Tout salarié peut potentiellement devenir accro au travail, surtout s’il lutte avec une faible estime de soi ou un perfectionnisme. Influences parentales et traumatismes héréditaires peuvent également jouer un rôle dans cette dynamique.

Pour ceux qui réalisent qu’ils développent un comportement de travail malsain, la première étape consiste à reconnaître le problème et à accepter qu’ils ne peuvent probablement pas le résoudre seuls. En Allemagne, des groupes de soutien pour travailleurs anonymes existent pour aider ces individus. Faire appel à un coach ou à un thérapeute peut également être bénéfique pour rétablir un équilibre sain entre vie professionnelle et personnelle.

« Vis chaque jour comme si c’était le dernier », rappelle un proverbe. Il est essentiel de comprendre que le travail ne sera jamais complètement achevé, mais nous pouvons nous assurer qu’il ne nous épuise pas, mais nous apporte satisfaction et épanouissement. Le début de l’année représente une opportunité idéale pour amorcer ce changement.

Nicole Kopp, psychologue spécialisée dans le domaine du travail, est également cofondatrice de la société de conseil GoBeyond.

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