L’esprit captif de Czeslaw Milosz traite de la vie dans les pays d’Europe de l’Est pendant les années du stalinisme. Le livre a été écrit à cette époque et a valu à l’auteur un prix Nobel de littérature. L’auteur a vécu et écrit en Pologne pendant les années de l’occupation nazie puis sous le régime socialiste. Il est devenu un partisan du socialisme car il ne voulait pas s’exiler. Milosz a vu ses propres opinions philosophiques remplacées par celles du régime soviétique jusqu’à ce qu’il ne puisse plus tolérer la situation et rompe avec le régime. Il ne pouvait plus tolérer la doctrine qui lui était imposée. En un sens, il a obtenu sa liberté en rejetant la doctrine.
Le but de Milosz en écrivant le livre est d’expliquer comment l’esprit fonctionne dans une société socialiste. Par exemple, l’individu vend essentiellement à l’État pour survivre. Il suit la méthode prescrite même si c’est sous la façade de Ketman, qui consiste à cacher ses vraies croyances. L’écrivain ne peut plus être créatif. L’écrivain doit décrire la lutte des classes d’une manière acceptable pour le Parti. Sinon, l’individu ne trouvera pas de travail. L’individu qui ne peut accepter la doctrine est qualifié de réactionnaire et d’ennemi du peuple.
Milosz utilise quatre écrivains comme exemples d’écrivains qui étaient actifs à l’époque où les démocraties populaires ont vu le jour. Alpha est décrit comme le moraliste, Beta est l’amant déçu, Gamma est l’esclave de l’histoire et Delta est le troubadour. L’auteur, qui a connu ces gens, décrit leur carrière et le type d’ajustement que chacun a fait pour devenir écrivain dans les démocraties populaires. L’adhésion à la Méthode étouffe la créativité comme elle l’a fait chez chacun de ces auteurs. Certains ont fait l’ajustement et ont réussi. L’un ne l’a pas fait et n’était fondamentalement pas en faveur du régime. Milosz raconte le type de conflit interne que subit l’écrivain en s’adaptant à la Méthode et comment cela se reflète dans son écriture.
Milosz raconte ce qui arrive à une nation quand le socialisme est imposé. Il ne parle pas seulement de la Pologne mais aussi des États baltes. Le pays repris doit être mis en conformité avec le modèle soviétique, qui implique la déportation de milliers de personnes vers des camps de travail, la collectivisation de l’agriculture et l’organisation du travail.
L’auteur fait un bon travail en décrivant la vie sous le socialisme. Le livre, bien que court, se lit plutôt lentement dans la mesure où le lecteur doit réfléchir aux implications de ce que dit l’auteur. Une certaine familiarité avec la terminologie marxienne est également utile. Le livre vaut bien le temps passé à le lire, en particulier pour ceux qui s’intéressent aux pays du bloc soviétique et à la vie sous le socialisme.