vendredi, novembre 22, 2024

Le réalisateur de « Le Pot au Feu », Tran Anh, s’est accroché à sa participation au concours de Cannes, une romance à mijoter avec Juliette Binoche, Benoit Magimel Les plus populaires doivent être lus Inscrivez-vous aux newsletters Variety

« Le Pot Au Feu » du réalisateur franco-vietnamien Trần Anh Hùng est peut-être l’un des films les plus radicaux en compétition pour une Palme d’Or à Cannes cette année. Le film sensoriel, qui se déroule dans la France de la fin du XIXe siècle, s’ouvre sur une séquence de cuisine alléchante qui dure près de 40 minutes et dépeint une romance à combustion lente avec une intrigue minimaliste. Pourtant, Hùng, mieux connu pour son film « The Scent of Green Papaye », lauréat de la caméra d’or à Cannes, et « Cyclo », lauréat du Lion d’or de Venise, raconte Variété il a toujours été convaincu que « The Pot Au Feu » toucherait un accord au-delà du créneau des gourmands, et c’est le cas. Le film a reçu certaines des meilleures critiques de la compétition dans la foulée de sa première mondiale et un accord américain est actuellement en cours de négociation par Gaumont. Variété‘s Guy Lodge a félicité le film pour avoir retenu son public « entièrement sur les plaisirs de la beauté, l’indulgence par procuration et, éventuellement, le soin humain inhérent à la haute cuisine ».

Situé dans le monde de la gastronomie française en 1885, le film est vaguement basé sur le roman de 1924 de Marcel Rouffe « L’Épicure passionnée » sur un personnage fictif bon vivant, Dodin Bouffant, qui s’inspire du célèbre gastronome français Jean Anthelme Brillat-Savarin. « Le Pot de Feu » retrace la relation entre Eugénie (Juliette Binoche), une cuisinière estimée, et Dodin (Benoit Magimel), le fin gourmet avec qui elle travaille depuis 20 ans. De plus en plus amoureux l’un de l’autre, leur lien se transforme en romance et donne naissance à de délicieux plats qui impressionnent même les chefs les plus illustres du monde. Le film marque les retrouvailles de Binoche et Magimel, tombés amoureux en jouant dans « Les Enfants du Siècle » de Diane Kurys en 1999 et partageant une fille, Hannah Magimel. Le film est produit par Olivier Delbosc (« Lost Illusions », « Stars at Noon »). Dans une interview avec VariétéHùng a évoqué les défis cinématographiques de tourner des scènes de cuisine élaborées, la joie de voir Binoche et Magimel réunis, le rôle de la gastronomie dans la France du XVIIIe siècle et son rêve de faire un film sur le Bouddha.

Vous attendiez-vous à ce que « Pot au Feu » recueille autant d’éloges de la part de la critique cannoise ?

Pardonnez ma candeur mais à chaque fois que je fais un film je suis convaincu que ça va être un tube ! Je pense toujours que les gens vont adorer.

Pourquoi avoir voulu faire un film sur la gastronomie ?

Ce qui m’importait, ce n’était pas de faire un film sur la gastronomie. Il s’agissait davantage du défi cinématographique que présentait la gastronomie. Mon premier défi a été de faire un film qui ne ressemble à aucun autre. L’idée était de tisser la gastronomie dans une histoire d’amour et de voir comment un homme et une femme qui partagent la même passion pour l’art culinaire et vivent ensemble depuis plus de 25 ans tissent ce lien spirituel.

Pourquoi avoir voulu adapter le roman de Marcel Rouffe ?

Quand j’ai lu ce roman, il y avait quelques pages où il parlait de nourriture qui m’a touché et m’a inspiré. Le film commence là où commence le livre, c’est comme une préquelle. Ce personnage fictif de Dodin est resté si aimé et a donné naissance à un club de gastronomes. Il y a même un restaurant à Paris qui était l’un des favoris de (l’ancien président français) François Mitterrand et même à ce jour, il y a un dîner annuel organisé dans le sud de la France qui présente le menu que le prince propose à Dodin dans le livre. En fait, j’ai découvert ce dîner en lisant un livre de Jim Harrison qui a participé à l’un de ces repas épiques.

Votre film suggère également que la gastronomie a joué un rôle dans l’histoire et la diplomatie françaises.

Oui, la gastronomie jouait un rôle important dans la diplomatie, surtout avant la Révolution française, tous ces grands chefs travaillaient pour les princes et les rois. Lorsque les têtes ont commencé à tomber pendant la Révolution, tous ces chefs se sont retrouvés au chômage. Cela a conduit à l’émergence de restaurants et de bordels autour du Palais-Royal (un quartier aisé de Paris). Les gens venaient y goûter les plaisirs sensuels de la nourriture et de la chair. C’était une attraction de renommée mondiale. Les Français étaient connus pour leur savoir-vivre et ont créé cette notion selon laquelle un repas doit être servi dans un certain ordre pour être harmonieux. Même Napoléon, qui ne se souciait pas du tout de la nourriture, avait compris l’importance des repas pour faciliter les discussions diplomatiques. C’est pourquoi il donna un château à Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (son ministre des affaires étrangères) et lui dit d’engager un chef, Antonin Carême, qui serait ses yeux et ses oreilles. C’est Auguste Escoffier, né 13 ans après la mort de Carême, qui a fait entrer la gastronomie française dans une ère moderne avec des palaces et a conduit l’industrialisation de la gastronomie.

« Pot au Feu » met en vedette une séquence de 40 minutes illustrant la préparation minutieuse d’un repas. Je n’avais jamais vu ça, même dans une émission de cuisine.

Le but était évidemment de montrer quelque chose qu’on n’avait jamais vu auparavant, et en même temps quelque chose d’extrêmement banal, sans éléments spectaculaires en plus. Je pensais que si on filmait cette chorégraphie de manière cinématographique, cela deviendrait magnifique, comme un ballet.

Comment était-ce de gérer autant de nourriture sur le plateau?

C’était assez compliqué et très perturbant pour Pierre Gagnaire et Michel Naves qui était notre conseiller sur le plateau, de nous voir commencer par filmer les plats cuisinés puis filmer les matières premières. Nous avons tourné tellement de nourriture! Par exemple pour le pot au feu nous avons utilisé 40 kilos de viande !

Qu’avez-vous fait de toute cette nourriture ?

Nous avons tout mangé ! L’équipage était grand. Nous avons donc eu les meilleurs repas sur le plateau. Chaque matin, je venais sur le plateau sans se faire remarquer et quand Michel arrivait, tout le monde applaudissait. Je me suis senti jaloux. Il a totalement volé la vedette.

Comment était-ce de réunir Juliette Binoche avec Benoît Magimel, après toutes ces années ?

Ce sont tous les deux de grands acteurs et des pros. Ils sont entrés dans leurs personnages respectifs immédiatement. C’était très touchant pour moi de connaître leur histoire dans la vraie vie et de les voir dépeindre cette histoire à l’écran. Pendant le tournage, il y a eu des moments incroyables, par exemple lorsque Juliette embrasse Dodin (Magimel) alors que ce n’était pas dans le scénario. Benoît a été bouleversé et est venu me demander « ce n’était pas dans le scénario, non ? Ou parfois, Benoît oubliait ses lignes et me disait « Oh désolé, je me suis perdu dans ses yeux. »

Vous avez un projet de rêve ?

Je rêve de faire un film sur le Bouddha. Il est si peu connu. Il n’est pas aussi sexy que Jésus-Christ, mais je pense qu’il serait si intéressant de faire un film sur lui parce que son héritage spirituel s’étend sur 25 siècles et est extraordinaire. Il a guéri tant de gens sur cette terre et sa doctrine mérite d’être connue. J’aimerais aussi faire un film au Vietnam avec un casting entièrement féminin.

Source-111

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