Contenu de l’article
OTTAWA — Le président de l’organisme canadien de réglementation de la diffusion dit qu’il pourrait demander à des plateformes telles que YouTube de « manipuler » leurs algorithmes pour rendre la musique canadienne plus facile à trouver, en vertu des pouvoirs prévus dans le projet de loi sur la diffusion en ligne.
Contenu de l’article
Ian Scott a déclaré à un comité sénatorial examinant le projet de loi que même si le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes ne voudrait pas manipuler lui-même les algorithmes, il pourrait dire aux plateformes : « Je veux que vous le manipuliez (l’algorithme) pour produire des résultats particuliers.
Ses remarques ont été saisies par les critiques du projet de loi sur le streaming en ligne, qui disent que cela confirme ce contre quoi ils ont mis en garde.
Matthew Hatfield d’OpenMedia a déclaré que les remarques de Scott confirmaient « ce que nous disons depuis le début ». OpenMedia est une organisation dédiée à garder Internet ouvert. Bien qu’il soit principalement financé par des particuliers, il reçoit un financement de Google, dont la société mère possède également YouTube.
YouTube a averti que les créateurs numériques canadiens, y compris les influenceurs et les diffuseurs, pourraient perdre des revenus étrangers si le gouvernement obligeait les plateformes numériques à promouvoir le contenu canadien.
En effet, les algorithmes traversent les frontières, et si une chanson canadienne présentée au public de YouTube au Canada n’est pas aimée ou choisie, cela peut suggérer qu’elle n’est pas populaire. Cela pourrait à son tour entraîner son déclassement dans le monde entier.
Le projet de loi mettrait à jour les lois canadiennes sur la diffusion pour qu’elles s’appliquent aux plateformes telles que Netflix, YouTube et Spotify, les obligeant à prendre des mesures pour rendre le contenu canadien – y compris la musique, les films et les émissions de télévision – plus « découvert ».
Michael Geist, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l’Internet à l’Université d’Ottawa, a déclaré qu’il était évident depuis longtemps que ces règles nécessiteraient une manipulation algorithmique.
Contenu de l’article
« En effet, c’est précisément pourquoi tant de créateurs numériques canadiens ont exprimé leur inquiétude au sujet du projet de loi et des dommages qu’il pourrait causer », a-t-il déclaré.
« Le président du CRTC a reconnu que la loi permettra au gouvernement de faire indirectement ce qu’il dit qu’il ne peut pas faire directement, en faisant pression sur les plateformes pour qu’elles manipulent leurs algorithmes afin de donner la priorité à certains contenus par rapport à d’autres. »
Geist a déclaré que cela pourrait conduire les créateurs canadiens à voir leur contenu déclassé à l’échelle mondiale, entraînant une baisse des revenus et de l’exposition.
Mais le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, a déclaré publiquement que le projet de loi ne conduirait pas à demander aux plateformes de manipuler leurs algorithmes.
Jeudi, sa porte-parole a souligné que la position du gouvernement n’a pas changé, soulignant qu’une partie du projet de loi C-11 exclut spécifiquement la manipulation d’algorithmes. Une clause du projet de loi empêcherait le CRTC de rendre une ordonnance exigeant « l’utilisation d’un algorithme informatique ou d’un code source spécifique ».
« Le gouvernement demandera au CRTC de travailler avec les plateformes pour présenter du contenu afin que plus de Canadiens puissent trouver, choisir et profiter du contenu d’artistes et de créateurs canadiens », a déclaré Laura Scaffidi.
« Il appartiendra aux plateformes de décider comment répondre au mieux à ces objectifs. »
Scott a fait ces remarques mercredi soir lors de sa comparution devant le comité sénatorial des transports et des communications, qui procède à une étude préliminaire du projet de loi.
Le projet de loi sur la diffusion en ligne cette semaine a été adopté à la Chambre des communes mais sera désormais examiné de près au Sénat.
Dans son allocution d’ouverture devant le comité, Scott a déclaré que le CRTC était «largement favorable» au projet de loi, mais souhaitait que quelques modifications soient apportées, dont une qui lui permettrait de continuer à résoudre les différends.
YouTube, Spotify et le CRTC ont refusé de commenter.