Le mythe de Sisyphe d’Albert Camus


Le seul vrai problème philosophique

« Le mythe de Sisyphe » prétend concerner le « un problème vraiment philosophique [of] suicide ».

C’est peut-être un peu sensationnaliste de définir le problème en ces termes, au moins au 21e siècle. Même Camus lui-même a immédiatement reformulé le problème comme « juger si la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue ».

Peut-être qu’une autre façon est de se demander si, si la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, s’ensuit-il que nous devrions cesser de vivre, par exemple en nous suicidant ? (Il est intéressant de voir comment nous s’engager quatre choses : erreurs, crimes, péchés, suicide.)

Camus a tendance à supposer qu’en l’absence de Dieu, il n’y a pas de sens à la vie, du moins pas de sens objectif superposé de la vie.

Ainsi, pour lui, l’absurdité qui en résulte est le point de départ, non le résultat d’un processus déductif.

Si la vie n’a vraiment aucun sens, la question est de savoir comment y répondre ?

Revenons-nous au sens de la vie posé par la religion et un être surnaturel (une réponse irrationnelle) ? Se suicide-t-on pour échapper à l’absence de sens (résultat du désespoir) ? Ou embrassons-nous l’absurdité implicite d’une absence de sens sans l’accepter (la révolte) ?

la description

« Sisyphe » de Franz von Stuck (1920)

L’affrontement

Pour Camus, nous aspirons au sens. Pourtant, nous ne le trouvons pas facilement. En partie parce qu’il n’y est pas. L’absurde est né de « la confrontation entre le besoin humain et le silence déraisonnable du monde ». (29)

L’absurde est un divorce : « Elle ne réside dans aucun des éléments comparés ; elle naît de leur confrontation.

Et quelle est la confrontation entre? En effet, « l’Absurde n’est pas dans l’homme… ni dans le monde, mais en leur présence ensemble. » (30) L’absurdité décrit une relation entre les deux.

L’Absurde n’est pas seulement une confrontation, mais c’est aussi une « lutte incessante », qui lutte « implique une absence totale d’espoir, un rejet continuel et une insatisfaction consciente… Un homme sans espoir et conscient de l’être a cessé d’appartenir à l’avenir. » (31)

On peut soutenir qu’un homme sans espoir n’a aucune raison de continuer à vivre dans le futur. Sans espoir, ce qui nous attend, c’est la mort inévitable (qui nous attend de toute façon, avec ou sans espoir).

L’évasion

Camus considère que toutes les tentatives existentialistes de traiter l’Absurde « suggèrent de s’échapper… ils divinisent ce qui les écrase et trouvent des raisons d’espérer dans ce qui les appauvrit. »

Il maintient que « rien ne prépare logiquement cette raison. Je peux l’appeler un saut. » Paradoxalement, il partage quelque chose avec un acte de foi religieux : « on ne se tourne vers Dieu que pour obtenir l’impossible. Quant au possible, les hommes suffisent. (33)

Néanmoins, le saut est une évasion. Par elle, nous cherchons à éluder l’Absurde.

Endurance

En revanche, Camus soutient que « vivre, c’est garder l’absurde vivant. » (47)

Nous devons le garder vivant pour pouvoir l’affronter et le supporter. Pour cela, il faut se révolter contre elle :

« C’est une confrontation constante entre l’homme et sa propre obscurité. C’est une insistance sur une transparence impossible… la révolte métaphysique étend la conscience à l’ensemble de l’expérience… La révolte donne à la vie sa valeur. Etalée sur l’ensemble d’une vie , il redonne à cette vie sa majesté. Pour un homme dépourvu d’œillères, il n’y a pas de plus beau spectacle que celui de l’intelligence aux prises avec une réalité qui la transcende.(47)

La solution de Camus est donc la conscience et la révolte. (48)

Le suicide est une solution illusoire :

« Il est essentiel de mourir non réconcilié [to the Absurd] et non de son plein gré. » (49)

La révolte

Selon Camus, l’homme ne doit jamais se rendre ni céder. Nous devons vivre « sans appel » à une plus grande autorité naturelle ou surnaturelle. Ce n’est qu’alors que nous sommes vraiment libres et responsables. (52)

Camus voit l’avenir, forcément, comme une invitation à la mort. Cependant, il convertit la révolte, le refus de se suicider, en règle de vie.

L’Absurde nous donne donc trois qualités : notre révolte, notre liberté et notre passion (pour la vie sur la mort). (55)

Camus distingue « renonciation » et « révolte ».

« Renonciation » est un déni irrationnel de l’absurde, par exemple, comme la religion. Camus écrit « Conscience et révolte, ces refus sont le contraire du renoncement. Le rejet ne nie pas l’existence de l’absurde, alors que le renoncement le fait.

« Le but est de vivre »

Ces arguments définissent un processus métaphysique, une façon de penser. Cependant, conclut Camus, « Le but est de vivre. » (56) Nous devons vivre sans appel, mais informés de nos limites. (57)

Il est « essentiel pour ne rien éluder. Il y a donc un honneur métaphysique à supporter l’absurdité du monde. Conquête ou comédie, amours multiples, révolte absurde sont des hommages que l’homme rend à sa dignité dans une campagne où il est vaincu d’avance. » (77)

Il y a l’honneur dans la bataille, l’honneur dans la confrontation, l’honneur dans la révolte.

Art métaphysique et littérature

Camus se nourrit de l’art :

« Les grands romanciers sont des romanciers philosophes… ce qui distingue la sensibilité moderne de la sensibilité classique, c’est que cette dernière se nourrit de problèmes moraux et la première de problèmes métaphysiques. » (85)

Pour moi, l’accent mis sur la métaphysique pointe vers un pont entre le modernisme et le post-modernisme. Les deux sont séparés de la focalisation réaliste sur la moralité, sur les problèmes du bien et du mal.

L’art est fondamental dans notre quête de liberté dans le peu de temps que nous avons sur terre. En art, on trouve « non pas la fable divine qui amuse et aveugle, mais le visage, le geste et le drame terrestres où se résument une sagesse difficile et une passion éphémère. (95)

L’art capture la flamme éphémère qui brûle passionnément et brillante pendant la durée de notre court séjour.

Le mythe de Sisyphe

C’est ici que Camus introduit le mythe de Sisyphe. Le fardeau de Sisyphe est son destin. C’est peut-être un travail futile et sans espoir. Cependant, « toute la joie silencieuse de Sisyphe y est contenue. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose. » (98)

De la même manière, « l’homme absurde, quand il contemple son tourment, fait taire toutes les idoles », les illusions qui l’incitent à éluder l’Absurdité :

« Il n’y a pas de soleil sans ombre, et il est essentiel de connaître la nuit. »

Celui qui le reconnaîtra sera le maître de ses jours :

« La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir le cœur d’un homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. (99)

Alors aussi, nous devons imaginer Sisyphe heureux, si nous voulons être heureux, car finalement notre fardeau est le même.

TRADUCTION SONORE :

Soul II Soul – « Obtenez une vie »

https://m.youtube.com/watch?v=EezvP8P…

Soul II Soul – « Continue à bouger »
https://m.youtube.com/watch?v=1iQl46-…



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