La Première Guerre mondiale est souvent négligée lorsqu’il s’agit de sa place dans la mémoire culturelle des Américains, surtout si on la compare à la Seconde Guerre mondiale. Les raisons en sont aussi nombreuses qu’évidentes : la Seconde Guerre mondiale a un antagoniste clairement définissable sous la forme des puissances de l’Axe dirigées par l’Allemagne nazie, tandis que la Première Guerre mondiale pourrait être plus justement décrite comme un engrenage d’alliances commerciales embourbées dans un gouffre de barbarie militarisée déclenché par l’assassinat de l’archiduc autrichien François-Ferdinand et l’effet domino de ce qui a suivi peu de temps après.
Dans les romans, les films, la télévision, les livres d’histoire et, bien sûr, les jeux vidéo, la Seconde Guerre mondiale est souvent décrite comme une guerre « juste », une bataille entre les forces de la démocratie et du fascisme pour le sort de la civilisation humaine. Comparé à cela, rien dans la Première Guerre mondiale ne semble juste – seulement regrettable, comme le sont invariablement toutes les guerres.
Conscritle dernier jeu du développeur solo Jordan Mochi (alias Catchweight Studio), est un jeu d’horreur de survie redevable à l’inspiration de séries telles que Resident Evil et Silent Hill, bien que le créateur du jeu résiste totalement à la tentation de s’appuyer sur des tropes surnaturels ou de science-fiction pour créer le propre tableau de terreurs de ce jeu. Au lieu de cela, Conscrit est un portrait sans fard des horreurs de la guerre des tranchées, du gaz moutarde et de la façon dont on se fait écraser le sommet du crâne par le bout d’une pelle de tranchée.
Le jeu se déroule pendant la bataille de Verdun, la plus longue bataille de la Première Guerre mondiale, qui a coûté la vie à plus de 700 000 personnes. Les joueurs incarnent André, un fantassin français enrôlé pour combattre l’armée allemande aux côtés de son frère, Pierre. Après avoir été séparé de Pierre suite à un raid ennemi sur leur campement, André doit affronter les dangers d’une base envahie par des soldats ennemis dans une mission pour retrouver Pierre et rentrer sain et sauf chez lui. Mais, alors que les ressources s’amenuisent et que l’opposition allemande devient de plus en plus belliqueuse, André est contraint de recourir à des actes de violence toujours plus désespérés pour survivre.
Dès ma première partie des premières heures de Conscrit Sur mon Steam Deck, ma plus grande impression durable du jeu est à quel point son concept est impeccablement bien conçu. Le jeu de Mochi réduit les mécanismes d’horreur de survie des premiers jeux Resident Evil et Silent Hill et les modifie au service de ce jeu, en encadrant les actions du joueur à partir d’une perspective descendante qui le suit alors qu’il se faufile dans les passages labyrinthiques d’un avant-poste de tranchées ravagé par la guerre.
Les balles sifflent au-dessus de nos têtes tandis que les obus de mortier explosent à l’écran, détruisant les tunnels des tranchées et mutilant les malheureux fantassins à proximité. Les ennemis se tortillent sur les cloisons de barbelés et chargent le joueur, le matraquant avec des couteaux et des pelles ou le ventilant avec des tirs de fusil. Le rythme des combats instantanés est à la fois délibéré et frénétique, obligeant le joueur à récupérer des munitions et des armes volées sur les corps de ses camarades et de ses adversaires. Chaque arme, qu’il s’agisse d’une pelle, d’un poignard, d’un fusil ou d’un fusil de chasse, oblige le joueur à maintenir la gâchette gauche pour préparer son attaque, à viser la direction de son attaque à l’aide du joystick gauche et à déclencher sa colère en appuyant sur la gâchette droite. Les munitions sont rares, donc chaque tir compte ; les armes de mêlée se dégradent, donc chaque coup maintenant peut avoir pour conséquence de vous rendre vulnérable à un ennemi plus tard.
L’approche du jeu pour indiquer l’objectif du joueur à travers les tunnels sinueux et les cavernes souterraines est relativement peu interventionniste, ce qui laisse le joueur instinctivement la meilleure façon de progresser dans le jeu. Les joueurs peuvent le faire en consultant leur carte et en éliminant systématiquement chacun des nombreux chemins qui leur sont proposés au fur et à mesure de leur progression dans l’histoire à la recherche du frère du protagoniste. Bien que cela puisse paraître frustrant au premier abord, cela sert absolument l’objectif du jeu qui est de plonger le joueur dans le type de prise de décision tendue et instantanée inhérente à la guerre des tranchées.
Il n’y a pas de monstres dont on puisse parler dans Conscritdans la mesure où il n’y a pas de monstruosités lourdes comme Resident Evil 2Némésis de ‘s ou Silent Hill 2La tête de pyramide d’André. Ou, du moins, aucune de celles que j’ai rencontrées au cours des deux heures de jeu auxquelles j’ai joué jusqu’à présent. Il n’y a que des humains : des êtres humains effrayés, froids et en colère qui ne souhaitent rien d’autre que rentrer chez eux, auprès de leur famille et de leurs amis, tout comme André. La nature de la guerre, cependant, ainsi que le jeu lui-même, signifient que beaucoup de ces personnages ne vivront jamais assez longtemps pour voir cela se produire.
Parfois, après avoir vaincu un ennemi, je fouille son corps pour récupérer des munitions ou des bandages, et je récupère une photo d’inconnus ou d’une maison inconnue. Je ne connaîtrai jamais le nom de ces personnes ou de ces lieux ; le jeu n’offre aucune explication sur ce que ces souvenirs signifiaient pour les soldats qui s’y accrochaient dans les derniers instants avant leur mort. André les collectionne pourtant toujours. Pour quelle raison, je ne saurais le dire. Peut-être pour se rappeler que, malgré tout ce qu’il a fait ou fera, il est toujours humain, et que même s’il n’a fait que ce qu’il devait faire pour survivre, cela ne change rien au fait que chaque acte de meurtre anonyme et impersonnel sur le champ de bataille équivaut à une tragédie profondément personnelle et intime ailleurs.
Conscrit est sorti le 23 juillet sur PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Xbox One et Xbox Series X. Le jeu a été testé sur Steam Deck à l’aide d’un code de téléchargement de pré-sortie fourni par Team17. Vox Media a des partenariats d’affiliation. Ceux-ci n’influencent pas le contenu éditorial, bien que Vox Media puisse gagner des commissions pour les produits achetés via des liens d’affiliation. Vous pouvez trouver informations complémentaires sur la politique éthique de Polygon ici.