Le Festival du film orange doré d’Antalya, le plus grand événement cinématographique international du pays, a été annulé en raison de pressions politiques suite à une tempête de controverse provoquée par la présence d’un documentaire explosif dans la programmation.
Le documentaire, intitulé « Décret » et réalisé par Nejla Demirci, raconte le sort d’un médecin et d’un enseignant qui ont été licenciés de leurs emplois gouvernementaux en vertu de l’état d’urgence déclaré après une tentative de coup d’État manquée le 15 juillet 2016 en Turquie. Ce jour-là, un groupe de soldats turcs utilisant des chars, des avions de combat et des hélicoptères ont lancé un complot visant à renverser le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Erdogan a immédiatement blâmé son ancien allié, le religieux musulman basé aux États-Unis Fethullah Gülen, en exil aux États-Unis, et a nié ces allégations. Par la suite, plus de 130 000 partisans présumés de Gülen en Turquie ont été licenciés de leur emploi dans le cadre d’une purge d’urgence suite au soulèvement militaire.
Le maire d’Antalya, Muhittin Bocek (photo ci-dessus), a annoncé l’annulation du festival vendredi soir, après que le ministère turc de la Culture et du Tourisme ait retiré son soutien à l’événement, affirmant qu’il « ne ferait pas partie des efforts visant à discréditer la lutte épique de notre nation bien-aimée ». le 15 juillet et d’utiliser l’art comme élément de provocation.
Le directeur artistique du festival d’Antalya, Başak Emre, a confirmé Variété dans un message texte indiquant que l’événement – prévu du 7 au 14 octobre – a été abandonné après de nombreux échanges sur l’inclusion du « Décret » dans la sélection, mais a refusé de commenter immédiatement.
Il y a quelques jours, les organisateurs du festival avaient accepté de retirer le document « Décret » suite à des allégations selon lesquelles des questions juridiques étaient en suspens. Ceci, à son tour, a déclenché une fusillade au sein de la communauté cinématographique turque, avec le départ de plusieurs membres du jury et de nombreux réalisateurs locaux retirant leurs titres de la programmation en signe de protestation.
« Décret » a ensuite été réintégré dans la sélection, et le gouvernement a alors retiré son soutien financier. Puis vendredi, le maire, membre de l’opposition, a décidé d’annuler la 60e édition et a limogé le président du festival Ahmet Boyacioglu et le directeur artistique Emre, leur reprochant d’avoir mal géré cette situation très sensible.
Les turbulences politiques et les boycotts des cinéastes turcs sur des questions brûlantes ne sont pas nouveaux au festival d’Antalya, mais c’est la première fois que la politique entraîne l’annulation pure et simple de ce prestigieux festival.