vendredi, janvier 3, 2025

Le discours de la servitude volontaire par Étienne de La Boétie

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J’ai d’abord été déconcerté par la source de cet ebook, et bien qu’il présente le contenu du livre sous un jour différent sachant qu’il est bien-aimé par l’AnCap, la traduction est bonne et l’intro de Rothbard a un contexte intéressant. L’essai sur la servitude volontaire est assez intéressant d’un point de vue historique, surtout en contraste avec Spinoza*. La théorie de La Boétie est à son meilleur lorsqu’on analyse le lien étroit entre tyrannie et religion :

« des tyrans, afin de renforcer

J’ai d’abord été déconcerté par la source de cet ebook, et bien qu’il présente le contenu du livre sous un jour différent sachant qu’il est bien-aimé par l’AnCap, la traduction est bonne et l’intro de Rothbard a un contexte intéressant. L’essai sur la servitude volontaire est assez intéressant d’un point de vue historique, surtout en contraste avec Spinoza*. La théorie de La Boétie est à son meilleur lorsqu’on analyse le lien étroit entre tyrannie et religion :

« les tyrans, afin de renforcer leur pouvoir, se sont efforcés de former leur peuple non seulement à l’obéissance et à la servilité envers eux-mêmes, mais aussi à l’adoration. C’est pourquoi tout ce que j’ai dit jusqu’à présent concernant les moyens par lesquels un plus soumission a été obtenue s’applique aux dictateurs dans leurs relations avec les classes inférieures et communes.

La partie peut-être la plus résonnante de l’essai est la discussion de La Boétie sur les séductions du pouvoir, où la liberté est volontiers abandonnée à la perspective d’une vie confortable :

« Vraiment c’est une chose merveilleuse qu’ils se laissent prendre si vite au moindre chatouillement de leur fantaisie. Pièces de théâtre, farces, spectacles, gladiateurs, bêtes étranges, médailles, tableaux et autres opiacés de ce genre, c’étaient pour les peuples anciens l’appât envers l’esclavage, le prix de leur liberté, la
instruments de tyrannie. Par ces pratiques et séductions, les anciens dictateurs berçaient si bien leurs sujets sous le joug, que les peuples stupéfaits, fascinés par les passe-temps et
de vains plaisirs défilaient devant leurs yeux, apprenaient la soumission aussi naïvement, mais pas aussi honorablement, que les petits enfants apprennent à lire en regardant des livres d’images brillants. Les tyrans romains ont inventé un raffinement supplémentaire. Ils offraient souvent aux quartiers de la ville des festins pour cajoler la populace, toujours plus volontiers tentée par le plaisir de manger que par autre chose… Les tyrans distribuaient des largesses, un boisseau de blé, un gallon de vin et un sesterce : et puis tout le monde criait sans vergogne : « Vive le Roi ! Les fous ne se rendaient pas compte qu’ils ne faisaient que récupérer une partie de leurs propres biens, et que leur souverain n’aurait pas pu leur donner ce qu’ils recevaient sans le leur avoir d’abord pris. »

Le plaisir de recevoir des restes des dirigeants, sans se rendre compte qu’ils ont été appropriés à l’origine d’eux-mêmes, est un thème puissant du livre et l’un de ses arguments les plus efficaces. Cela conduit à toute une classe parasitaire de personnes qui bénéficient des miettes tombant de la table du pouvoir (voir la mise à jour de Debord à ce sujet dans Commentaires sur la Société du spectacle https://theanarchistlibrary.org/libra…). Le thème du pouvoir ludique est central à La Boétie, et il en invente même une pseudo-étymologie, arguant qu’il dérive de la pacification des Lydiens par Cyrus :

« il lui eût été facile de les réduire par la force ; mais ne voulant ni saccager une si belle ville ni y maintenir une armée pour la surveiller, il pensa à un expédient inhabituel pour la réduire. Il y établit des maisons closes, tavernes et jeux publics, et fit proclamer que les habitants devaient en profiter. Il trouva ce type de garnison si efficace qu’il n’eut plus jamais à tirer l’épée contre les Lydiens. Ces misérables s’amusaient à inventer toutes sortes de jeux, de sorte que les Latins en ont tiré le mot, et ce que nous appelons passe-temps, ils l’appellent ludi, comme s’ils voulaient dire Lydi. Tous les tyrans n’ont pas manifesté aussi clairement leur intention d’efféminiser leurs victimes.

Dans des passages comme ceux-ci, La Boétie révèle un récit genré troublant du pouvoir : la masculinité est assimilée à la volonté et la féminité à un plaisir de sujétion. En effet, La Boétie accuse les tyrans de « contre nature », de « comportement efféminé », qualifiant leurs jouissances de « sales ». Cette critique moralisatrice, bien qu’efficace sur le plan rhétorique, laisse l’argument impuissant contre le public contemporain à l’abri de son évocation de la honte. L’argument de La Boétie selon lequel les opprimés doivent simplement retirer leur consentement a perduré longtemps dans les notions contemporaines d’une sortie de la subsomption du capital ; c’est notre tâche d’apprendre du récit de La Boétie où il est le plus fort (en particulier dans sa théorie de la nature ludique du pouvoir) sans sa moralisation masculiniste.

*Jason Read analyse cette intersection avec perspicacité (http://www.unemployednegativity.com/2…). Alors que Read insiste sur les similitudes, il y a une différence qui mérite selon moi une plus grande attention : alors que La Boétie met l’humain au centre de son récit, pour Spinoza, l’humain n’est pas un royaume dans un royaume. Il serait intéressant d’analyser cela comme les conséquences politiques de ce que Melamed appelle l’anti-humanisme de Spinoza (https://www.academia.edu/564768/Spino…).

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