Le diable dans les détails actuariels : les problèmes liés à un transfert de 334 milliards de dollars du RPC à l’Alberta

Doug Chandler, Bonnie-Jeanne MacDonald : Le transfert représente 53 % de la caisse du RPC et cela semble trop important

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Le gouvernement de l’Alberta a publié le rapport d’un consultant qui comprend une estimation de 334 milliards de dollars du transfert d’actifs du fonds du Régime de pensions du Canada (RPC) vers un nouveau fonds qui sera créé pour un régime de retraite autonome de l’Alberta.

Il y a trois problèmes distincts avec ce numéro. Premièrement, les dispositions de la Loi sur le RPC concernant le transfert d’actifs ne sont pas particulièrement claires. Deuxièmement, le nombre est calculé à l’aide de données par province de résidence, alors que le RPC s’applique à la province d’emploi. Enfin et surtout, le transfert représente 53 pour cent de la caisse du RPC, ce qui semble trop important alors que l’Alberta ne représente que 16 pour cent des cotisations au RPC.

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La formule dans la Loi sur le RPC

Les dispositions de retrait de la Loi sur le RPC ont été introduites en 1965 lorsque toutes les provinces du Canada, à l’exception du Québec, ont accepté pour la première fois d’adhérer au Régime de pensions du Canada. L’Ontario, en particulier, n’était pas entièrement convaincu des mérites d’un régime national. La Loi sur le RPC de 1965 comprenait donc une garantie de remboursement, permettant ainsi aux provinces de changer d’avis. C’est ce que propose le gouvernement de l’Alberta.

Après 60 ans à cotiser au même taux et à bénéficier des mêmes prestations que tout le monde, le gouvernement de l’Alberta demande aux Albertains de revenir sur leur décision d’adhérer au départ. Ce qui s’apparentait à une garantie de remboursement de 60 jours est désormais utilisé comme garantie de remboursement de 60 ans.

La formule de la Loi sur le RPC prévoit le remboursement des cotisations avec les revenus de placement attribués à ces cotisations, moins les prestations et frais d’administration connexes. Ce que cette formule oublie de mentionner est crucial. Il ne parvient pas à déduire les revenus de placement sur les prestations et les frais. Le rapport du consultant note qu’une interprétation littérale de cette formule entraînerait un transfert d’actifs de 747 milliards de dollars, soit plus que la caisse totale du RPC.

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Les consultants ont choisi de déduire les avantages et les frais avant d’attribuer les revenus de placement hypothétiques au taux réel gagné par le fonds. Cette liberté ramène l’estimation à 334 milliards de dollars, sans compter un petit transfert supplémentaire pour les améliorations des prestations ajoutées au RPC en 2019. Même avec cette correction, la formule ne tient pas. Si toutes les provinces dont la croissance de la population en âge de travailler est supérieure à la moyenne optaient pour un transfert d’actifs, la formule produirait un transfert d’actifs total qui dépasserait l’actif total de la caisse du RPC.

Dans son document de travail sur le régime de retraite de l’Alberta, Trevor Tombe suggère que le droit de l’Alberta aux revenus de placement en vertu de la Loi signifie l’attribution du total des revenus de placement réalisés proportionnellement aux cotisations. Cette interprétation de la Loi présente la caractéristique souhaitable que le total des transferts d’actifs hypothétiques à toutes les provinces serait égal au total des actifs. Tombe conclut que le transfert d’actifs, en utilisant cette interprétation de la législation (et quelques autres différences plus mineures), s’élèverait à 150 milliards de dollars.

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Problèmes de données

Lorsqu’une personne présente une demande de pension, Service Canada ou l’administrateur du Régime de rentes du Québec (RRQ) (selon l’endroit où elle réside à ce moment-là) déterminera les prestations des deux régimes en fonction de l’historique complet des gains ouvrant droit à pension par province d’emploi, comme déclaré sur les feuillets T4. L’administrateur effectuera des paiements combinés pour la pension totale, puis le RPC et le RRQ régleront leur part des pensions année par année.

Dans leur rapport, les consultants ont utilisé des données accessibles au public par province de résidence pour calculer le transfert d’actifs de 334 milliards de dollars. Dans l’opinion actuarielle formelle, ils affirment que « les données sur lesquelles les calculs sont basés sont suffisantes et fiables sur la base des termes de la mission relative à ce rapport ». La référence aux conditions d’engagement est une manière polie pour un actuaire de dire que les données ne sont pas vraiment suffisantes, mais qu’il a fait ce qu’il a pu avec les données et le budget dont il disposait et son client lui a dit de ne plus perdre de temps à essayer de fais le mieux.

Il s’agit d’une situation dans laquelle un actuaire est tenu, selon les normes professionnelles, de rendre compte des aspects quantitatifs et qualitatifs de l’obstacle à l’obtention de données adéquates. Les consultants ont analysé les statistiques de migration interprovinciale pour quantifier l’impact. Ils ont constaté que le transfert potentiel d’actifs pourrait s’avérer aussi faible que 262 milliards de dollars ou aussi important que 362 milliards de dollars une fois que les données nécessaires par province d’emploi seront disponibles. L’utilisation des données sur la migration interprovinciale ne prend pas en compte les personnes qui ont conservé une résidence ou des liens familiaux dans leur province d’origine tout en travaillant en Alberta — un exemple de ceci serait les camps de construction pour les usines de sables bitumineux dans la région de Fort McMurray. Des données correctes et complètes pourraient donc conduire à un transfert d’actifs encore inférieur à 262 milliards de dollars.

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Justice

Cela nous amène au dernier problème. L’approche de la garantie de remboursement pour calculer le transfert d’actifs prend en compte les cotisations et les prestations déjà versées. Cela repose sur l’hypothèse que les cotisations servent à payer les prestations actuelles et que les cotisations de l’Alberta ne devraient servir qu’à payer les pensions de l’Alberta. Les Albertains ont cotisé plus que ce qui aurait été nécessaire dans un régime de retraite provincial autonome parce que les travailleurs ont déménagé en Alberta. Le transfert d’actifs envisagé dans la Loi sur le RPC élimine rétroactivement la responsabilité des cotisants de l’Alberta à l’égard des bénéficiaires actuels des autres provinces — même les parents et grands-parents de ces nouveaux travailleurs albertains !

Si le résultat est déraisonnable et que la formule n’a jamais été prévue pour être appliquée de cette façon, la solution consiste à modifier la Loi sur le RPC pour y substituer une formule plus équitable. Le principe selon lequel une formule doit être modifiée lorsqu’elle produit un résultat déraisonnable semble être ce que voulait dire la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, lorsqu’elle a déclaré que l’Alberta souhaitait « une meilleure relation constructive avec le reste du pays et cela amorce la conversation » sur les paiements de péréquation et autres. programmes nationaux.

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Une alternative évidente à la formule de la Loi sur le RPC serait de répartir les actifs proportionnellement aux obligations en matière de prestations transférées à l’Alberta — l’approche largement utilisée pour les dessaisissements dans les régimes de retraite du secteur privé. Autrement dit, un transfert d’actifs serait calculé en fonction des pensions qui seront versées en fonction de l’historique des gains cotisables en Alberta, plutôt qu’en fonction des prestations et des cotisations déjà versées. Cette approche entraînerait un transfert d’actifs d’environ 100 milliards de dollars.

Une deuxième approche utilisée dans les régimes de retraite du secteur privé consiste à transférer des actifs égaux au passif comptable ou de solvabilité des pensions transférées. Cette approche produirait un transfert d’actifs beaucoup plus important.

Une troisième approche consisterait à déterminer le transfert d’actifs de manière à éviter toute perturbation pour l’Alberta ou les autres provinces en maintenant le taux de cotisation de régime permanent ou le ratio actif/passif cible identique dans les nouveaux régimes et dans le cas du régime actuel. plan existant. Cette dernière approche pourrait produire un transfert d’actifs encore plus faible, surtout si l’on suppose que la population en âge de travailler de l’Alberta continuera de croître au rythme actuel.

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Donc, en résumé, la valeur idéale pour le transfert d’actifs de la caisse du RPC vers une caisse de l’Alberta se situe entre 100 et 747 milliards de dollars. Ce calcul comporte de nombreux éléments mobiles, dont la plupart ont été ignorés. Bien entendu, il existe d’autres questions à considérer outre l’ampleur du transfert d’actifs, mais tant que celle-ci n’aura pas été résolue, il sera difficile de se concentrer sur celles-ci.

Histoires connexes

Même si l’objectif déclaré du rapport du consultant était « d’aider à répondre aux principales questions que se posent les Albertains sur les coûts et les avantages d’une telle décision », des travaux supplémentaires sont nécessaires avant que les Albertains soient en mesure de faire un choix éclairé lors d’un référendum.

Doug Chandler est un actuaire basé à Calgary et membre associé du National Institute on Ageing de la Toronto Metropolitan University.

Bonnie-Jeanne MacDonald est actuaire basée à Halifax et directrice de la recherche sur la sécurité financière au National Institute on Ageing de la Toronto Metropolitan University.

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