Au cours des 12 derniers mois, la régie parisienne WTFilms a produit deux longs métrages : « Perpetrator », de Jennifer Reeder (« Knives and Skin »), qui sera présenté en première mondiale dans la section Panorama du Festival de Berlin, et le thriller de Xavier Gens « Farang », qui est cofinancé et repris par Studiocanal.
« Perpetrator », avec Kiah McKirnan (« Mare of Easttown ») et Alicia Silverstone, parle d’une adolescente impulsive vivant dans une ville où des jeunes femmes sont enlevées. Il est produit par Gregory Chambet, chef de file de WTFilms, et Derek Bishé pour Divide/Conquer.
En décembre, Shudder, le service de streaming d’horreur/thriller d’AMC Networks, a acquis les droits américains.
Reeder l’appelle « sombre mais féminin, un noir nuancé, une prise de pouvoir grrrl sur l’horreur moderne ». Chambet dit qu’il y a un fort intérêt du public pour les films d’horreur féminins, avec des rôles féminins puissants et met en évidence les performances d’Alicia Silverstone en tant que tante Hildie et de Kiah McKirnan en tant qu’enfant sauvage Jonny, qui acquiert des pouvoirs de changement de forme à l’âge de 18 ans.
« Nous avons entièrement développé et produit ‘Perpetrator’ en interne, et nous sommes vraiment enthousiasmés par sa première mondiale à Berlin », dit-il. « Désormais, notre objectif est d’avoir au moins une production interne par an, que nous pouvons soit vendre nous-mêmes, soit faire vendre par une autre société. »
WTFilms est passé à la production pour tirer parti de son expertise verticale – du développement du scénario à la vente – mais surtout pour garantir l’accès à des projets de qualité.
« Les streamers développent leurs propres projets et travaillent de plus en plus directement avec les producteurs et achètent moins auprès d’agents de vente internationaux », explique Chambet.
L’accès à de solides titres en anglais est une autre raison clé du déménagement. « J’essaie toujours d’avoir une programmation équilibrée, y compris des titres en anglais », dit-il, citant l’exemple de « American Carnage » de Diego Hallivis, avec Jenna Ortega. « Le marché a tellement changé qu’il est aujourd’hui beaucoup plus difficile pour les vendeurs d’embarquer sur des films en anglais. C’est donc certainement aussi la raison pour laquelle la production est importante pour nous – pour garantir l’accès à des titres forts.
« Farang », qui se déroule en Thaïlande, parle d’un ancien détenu, boxeur professionnel, dont le passé le rattrape. La photo est produite par Dimitri Stephanides de WTFilms et Vincent Roget de Same Player. Studiocanal a vendu la photo aux États-Unis, au Canada, en Australie, au Japon et en Europe.
Lors des Rendez-vous Unifrance avec le cinéma français, WTFilms organisera des premières de marché pour cinq films : le teen drama « Juniors » d’Hugo Thomas, le deuxième long métrage de Romain Quirot « Apaches : Gang of Paris », qui sortira en France en février, Locarno du fest « Stella in Love », de Sylvie Verheyde, du western contemporain « White Paradise », de Guillame Renusson, et du thriller « Let Her Kill You » de Jerôme Dassier, avec Asia Argento.
« Juniors » est une comédie pour adolescents sur deux enfants qui inventent une fausse maladie pour échapper à leur ennui, mais qui ont des ennuis. Chambet dit que le film est dans la veine de la photo de 2009 de Riad Sattouf « Les beaux gosses » (« The French Kissers »), ajoutant qu’il est important d’avoir des films qui plaisent à un public plus jeune, qui a été plus rapide à retourner au cinéma, après- pandémie.
« White Paradise » vient de sortir en France chez Ad Vitam. « C’est un exemple parfait d’un projet qui séduit actuellement le public », suggère-t-il. « C’est une production de grande qualité, avec Zar Amir Ebrahimi, qui a remporté le prix de la meilleure actrice à Cannes. Au premier abord, cela ressemble à un drame français traditionnel : c’est un conte contemporain captivant sur les migrants, qui capture l’air du temps. Mais surtout, c’est un thriller d’action-survie avec des acteurs de premier ordre, ce qui élargit son attrait pour un public plus jeune.
WTFilms recherche des films de genre avec des réalisateurs innovants et des concepts forts.
« Apaches » sera présenté en première de marché lors des Rendez-Vous d’Unifrance. C’est un film de vengeance qui se déroule au début du XXe siècle à Paris, lorsque des gangs rivaux faisaient des ravages.
« Le réalisateur a vraiment fait un mélange parfait entre une histoire d’époque et un style moderne », explique Chambet. « Il a une sensation très moderne, en termes de musique, de néons, de vêtements de ville, et tourne autour d’une puissante histoire de vengeance féminine. »
Il est également très satisfait de « Stella in Love », qui, selon lui, présente une « grande recréation de Paris dans les années 1980 – l’ère épique des boîtes de nuit parisiennes ».
Afin de renforcer le muscle de production de l’entreprise, Chambet est en négociation avec d’autres agents commerciaux pour gérer des ventes conjointes sur des projets ambitieux et annonce qu’il annoncera deux projets majeurs à Cannes cette année.
WTFilms avait précédemment conclu un accord de vente conjoint avec Wild Bunch en 2020 pour la comédie « Mandibles » de Quentin Dupieux, qui s’est vendue sur plusieurs territoires, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Benelux, la Scandinavie et le Brésil.
« La grande ambition pour cette année est de faire moins de films mais plus gros et de prendre plus de risques », conclut Chambet. « C’est aussi l’une des principales tendances du marché. Malheureusement, les films à petit budget sont beaucoup plus difficiles à vendre de nos jours.