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OTTAWA — Le gouvernement fédéral reconnaît dans un nouveau dossier judiciaire que le Service canadien du renseignement de sécurité et la GRC ont interrogé un homme mauritanien dans une prison de Guantanamo Bay en 2003.
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Mais le gouvernement nie que le Canada ait fourni des informations erronées qui ont contribué à la détention et à la torture de Mohamedou Ould Slahi, qui a été détenu à la prison militaire américaine offshore à Cuba pendant 14 ans.
Slahi, 52 ans, a intenté une action en justice l’année dernière pour obtenir des dommages-intérêts pour le rôle présumé du Canada dans son emprisonnement à Guantanamo, où il dit avoir été battu, privé de sommeil, agressé sexuellement et menacé de mort.
Dans une défense soumise à la Cour fédérale, le procureur général du Canada affirme que les événements survenus à Slahi étaient exclusivement le résultat d’actions et de décisions de responsables étrangers.
«Le Canada nie avoir eu un comportement illégal – que ce soit en vertu du droit canadien, du droit américain ou du droit international – au cours de tout entretien avec le demandeur à Guantanamo Bay.»
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Slahi, un citoyen mauritanien avec le statut de résident permanent au Canada, a vécu à Montréal à la fin de 1999 et au début de 2000 après avoir quitté l’Allemagne.
Il a quitté le Canada après que la GRC a commencé à l’interroger sur ses liens supposés avec Ahmed Ressam, le soi-disant kamikaze du millénaire qui avait prévu d’attaquer l’aéroport de Los Angeles. Slahi nie avoir jamais rencontré Ressam.
La déclaration modifiée de Slahi, déposée en janvier de cette année, indique que la surveillance pendant sa brève période à Montréal l’a poussé à retourner en Afrique de l’Ouest, déclenchant une longue série d’arrestations, d’interrogatoires et d’emprisonnement.
La déclaration indique qu’il a été arrêté à son arrivée au Sénégal et interrogé par des responsables américains sur les mêmes allégations que les autorités canadiennes avaient poursuivies.
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« Au lendemain du 11 septembre 2001, Slahi a de nouveau été arrêté en Mauritanie à la demande des États-Unis », indique la déclaration. « Il a été kidnappé et transporté contre son gré dans un avion de restitution orchestré par la CIA vers la Jordanie, où il a été interrogé et torturé pendant huit mois, avant d’être transféré à l’aérodrome de Bagram en Afghanistan, puis à Guantanamo Bay. »
Slahi soutient que les autorités canadiennes l’ont incité à quitter le pays afin qu’il puisse être arrêté et interrogé dans des pays où la primauté du droit et les droits humains internationaux ne sont pas respectés.
Il allègue également que les autorités canadiennes ont contribué à sa détention et à sa torture en partageant « des renseignements faux et exagérés » à son sujet sans garanties appropriées.
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Slahi, dont l’histoire est devenue un mémoire à succès et un film hollywoodien, a été libéré de Guantanamo en 2016 et vit maintenant aux Pays-Bas.
Il soutient qu’il a été torturé sur la base d’informations provenant des autorités canadiennes.
« Par exemple, ses interrogateurs l’ont pressé au sujet d’un appel téléphonique à Montréal au cours duquel Slahi a invité quelqu’un à prendre le thé et lui a demandé d’apporter du sucre », indique la déclaration. « Ses interrogateurs ont insisté sur le fait que la demande de ‘sucre’ était le code des ‘explosifs’. Cela n’avait aucun sens pour Slahi et était entièrement faux.
Finalement, selon la déclaration de Slahi, la torture l’a brisé et il a faussement avoué un plan pour faire sauter la tour CN de Toronto – un bâtiment qu’il ne connaissait même pas.
Slahi soutient que les autorités canadiennes avaient connaissance de sa torture et de ses mauvais traitements avant les aveux. « À titre subsidiaire, ils auraient dû savoir ou faire preuve d’un mépris téméraire ou d’un aveuglement volontaire à l’égard de sa torture et de ses mauvais traitements », indique le communiqué.
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Pour sa défense, le Canada nie tout rôle dans l’arrestation, la détention, l’interrogatoire et les mauvais traitements présumés de Slahi après les événements du 11 septembre, que ce soit à Guantanamo Bay ou ailleurs.
Le gouvernement affirme que même si le Canada a partagé des informations avec d’autres gouvernements ou organismes étrangers, ces informations n’étaient pas fausses, erronées ou exagérées.
La déclaration de défense indique également que les autorités canadiennes n’ont pas surveillé de manière agressive Slahi ni ne l’ont incité à quitter le Canada. Cependant, il reconnaît qu’un responsable canadien a appelé la famille de Slahi à un moment donné pour dire qu’il ne devrait pas retourner au Canada.
Le Canada s’est vu accorder l’accès à Slahi à Guantanamo « pour mener des entretiens limités à des fins de renseignement et d’application de la loi », ajoute le communiqué.
Le SCRS a interrogé Slahi en février 2003, tandis que la GRC l’a interrogé en mai de la même année, selon la défense.
« Le Canada nie tout rôle – y compris l’encouragement, l’incitation, le complot, la contribution ou la participation – dans les mauvais traitements allégués du demandeur à Guantanamo Bay. »
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