vendredi, mars 21, 2025

L’autonomie de défense de l’Europe d’ici 2030 : La Hongrie se démarque encore au sommet de l’UE

Les dirigeants de l’UE se réunissent à Bruxelles pour discuter de la défense et de la situation en Ukraine, soulignant l’urgence de renforcer les capacités militaires européennes face aux incertitudes géopolitiques. Un budget de 800 milliards d’euros pourrait être mobilisé pour moderniser les forces armées des États membres. Cependant, des divergences subsistent sur le financement et l’accélération de l’adhésion de l’Ukraine, avec une opposition notable de la Hongrie. Les négociations substantielles restent absentes.

Pour saisir l’urgence de la situation actuelle, il suffit de jeter un œil à l’agenda : il y a à peine deux semaines, le dernier sommet de l’UE s’est tenu, avec la défense et l’Ukraine comme sujets centraux. Ce jeudi, les dirigeants des 27 pays de l’UE se retrouvent à nouveau à Bruxelles, et le thème principal demeure la défense et l’Ukraine.

Initialement, l’objectif était de mettre l’accent sur l’amélioration de la compétitivité. Cependant, les perspectives incertaines liées à la guerre en Ukraine, les discussions entre Washington, Moscou et Kiev qui se déroulent sans l’UE, ainsi que la crainte que les États-Unis ne retirent leur soutien à l’Europe, rendent impératif le besoin de dialogues sur la sécurité.

En résumé, l’Europe doit se réarmer d’urgence face aux incertitudes géopolitiques et à la menace croissante perçue de la Russie. Pour la première fois, les dirigeants de l’UE ont désigné un échéancier dans leur déclaration finale : d’ici cinq ans, soit 2030, l’Europe souhaite être en mesure de se défendre de manière autonome.

Renforcement des capacités militaires européennes

La manière dont cela doit se concrétiser a été esquissée par la Commission européenne. Bien que la défense demeure une compétence nationale, l’Union européenne aspire à soutenir les États membres dans la modernisation de leurs forces armées et à agir de manière coordonnée. Un besoin urgent se manifeste dans presque tous les aspects d’une armée : artillerie, chasseurs, défense aérienne, capacités de transport, drones et munitions – à l’exception des nouvelles armes nucléaires.

Pour ce faire, jusqu’à 800 milliards d’euros pourraient être mobilisés, dont 150 milliards seraient empruntés par l’UE à des conditions plus favorables que celles généralement offertes aux États membres, puis redistribués aux gouvernements. Pour limiter la diversité des systèmes d’armement, il est requis qu’au moins deux pays collaborent lors des acquisitions.

De plus, la majorité des équipements militaires doivent provenir de l’industrie européenne ou de pays ayant des partenariats de sécurité avec l’UE, excluant ainsi les États-Unis. Des négociations seront nécessaires avec le Royaume-Uni, qui a exprimé son irritation face à ces démarches : un sommet impliquant le Royaume-Uni est prévu pour le 19 mai. La France a particulièrement soutenu l’initiative « Acheter européen » en amont des discussions.

Perspectives de financement et divergences

Les États membres pourraient avoir la possibilité de s’endetter jusqu’à 650 milliards d’euros supplémentaires sans enfreindre les règles budgétaires de l’UE. Cependant, des experts de la Commission estiment que ce chiffre n’est qu’une approximation.

Les chefs d’État ont clairement souligné la nécessité de mettre en œuvre rapidement les propositions de la Commission. Dans la déclaration finale, il n’est pas question d’euro-obligations, c’est-à-dire de dettes communes, telles que celles contractées durant la pandémie de Covid. Les pays d’Europe de l’Est, qui ressentent plus intensément la menace russe, ainsi que ceux du sud de l’Europe, qui souhaitent mutualiser leurs dépenses de défense, plaident en vain pour ce mécanisme de financement.

La résistance la plus forte provient de l’Allemagne, des Pays-Bas et de l’Autriche. Toutefois, leur position tiendra-t-elle si la situation en Ukraine continue de se détériorer ? Au sein de la Commission, il a été suggéré de se concentrer sur des options réalistes pour l’instant, mais à moyen terme, rien n’est à exclure.

Quoi qu’il en soit, le sommet de l’UE a révélé que la perception de l’urgence de se réarmer varie d’un pays à l’autre. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a indiqué que les pays du sud font face à des « défis quelque peu différents » de ceux des pays de l’est, évoquant des préoccupations telles que le contrôle des frontières lié à la migration et la lutte contre le terrorisme.

Absence de négociations substantielles

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’était pas présent à Bruxelles cette fois-ci. Il a échangé avec les dirigeants par visioconférence au sujet des discussions entre les États-Unis et la Russie sur un potentiel cessez-le-feu. Selon des diplomates de l’UE, il est largement reconnu qu’il n’y a pas de véritables négociations en cours.

Certains pays ont suggéré de nommer un envoyé spécial pour l’Ukraine, mais aucune position commune n’a été établie. Le plan de la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, de fournir 40 milliards d’euros à l’Ukraine pour des matériels militaires a également échoué en raison de désaccords sur le contenu et la méthode. On évoque maintenant une aide de 5 milliards d’euros, mais cela reste à confirmer.

Enfin, les États de l’UE sont divisés sur la question de l’accélération du processus d’adhésion de l’Ukraine. La Hongrie, bien que pas seule, s’oppose le plus fermement à cette idée. En effet, le gouvernement du Premier ministre Viktor Orban s’oppose systématiquement à la politique de l’UE envers l’Ukraine, ayant été le seul des 27 États membres à ne pas signer la déclaration commune, tout comme il y a deux semaines.

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