Le député russe Sergei Mironov propose de renommer l’archipel de Svalbard en ‹Îles Pomoren› pour affirmer les droits de la Russie dans l’Arctique, soulignant l’importance historique de cette région. Alors que les tensions géopolitiques augmentent entre grandes puissances comme la Russie, la Chine et les États-Unis, la Norvège, administrant Svalbard, fait face à des défis croissants. Les discussions sur des installations militaires sur l’archipel remettent en question un traité international respecté depuis un siècle.
Le député russe Sergei Mironov a récemment suggéré de renommer l’archipel de Svalbard en ‹Îles Pomoren›. Cette proposition fait écho à la nouvelle dynamique géopolitique des États-Unis, où Mironov affirme que si Trump utilise la géographie pour ses objectifs, la Russie doit également affirmer ses droits, particulièrement dans la région arctique.
Mironov a souligné l’importance de l’Arctique pour la Russie, affirmant que cette terre a été acquise par les ancêtres russes « dans les temps anciens ». Par conséquent, il estime que les revendications de la Russie doivent être visibles dans les noms des lieux, comme en témoigne sa suggestion d’appeler Svalbard ‹Îles Pomoren›.
Les Pomoren, un groupe ethnique de chasseurs et de pêcheurs sur la côte de la mer de Barents, ont commencé à explorer Svalbard dès le XVIIIe siècle. Cependant, c’est le navigateur néerlandais Willem Barentsz qui a officiellement découvert l’archipel en 1596, en cherchant une voie maritime vers l’Asie.
Svalbard était considéré comme une terre de personne jusqu’au début du XXe siècle, avant de passer sous l’administration norvégienne grâce à un traité international en 1925. Ce traité stipule que, bien que la Norvège ait le pouvoir d’administration, les citoyens de tous les États signataires peuvent s’y établir et mener des activités économiques. La Russie fait partie des près de quarante pays signataires.
Bien que Mironov ne soit pas un acteur majeur de la politique russe, sa déclaration reflète un changement significatif dans la dynamique de la politique internationale dans l’Arctique. Son idée souligne la montée des tensions géopolitiques dans cette région.
Conflits d’influence entre grandes puissances
La perception de l’Arctique comme une zone de coopération sécuritaire entre grandes puissances a évolué. Aujourd’hui, des pays comme la Russie, la Chine et les États-Unis s’affrontent de manière plus agressive pour établir leur influence politique et économique dans cette région stratégique.
La Russie, qui détient environ 50 % de la région arctique, renforce sa position par une militarisation accrue. De son côté, la Chine s’intéresse non seulement aux ressources naturelles de l’Arctique, mais également aux routes de transport permettant d’acheminer ces ressources vers le marché chinois. Les États-Unis, quant à eux, réalisent qu’ils ont négligé cette région cruciale et cherchent maintenant à regagner du terrain.
Avec des dirigeants comme Poutine, Xi et Trump, la confrontation dans l’Arctique est marquée par des politiques de force. La suggestion de Trump de renommer le golfe du Mexique en « golfe d’Amérique » a ouvert la porte à des idées similaires, comme celle de Mironov concernant Svalbard.
La proposition de Trump de « racheter » le Groenland a également trouvé un écho à Moscou. Des membres de la Douma d’État russe, comme Andrei Guryljow, ont exprimé des souhaits similaires concernant une partie du Groenland, suggérant qu’il serait possible de trouver un accord sur cette question avec les États-Unis.
En ce qui concerne Svalbard, cet archipel est stratégiquement situé au cœur de la flotte nordique russe, ce qui le rend d’une importance capitale. Les discussions autour de Svalbard se déplacent ainsi vers des options russes, avec des appels à établir des bases militaires sur l’archipel.
La Norvège face à un défi croissant
Les commentaires de Guryljow ne reflètent pas nécessairement la position officielle du Kremlin, mais ils illustrent bien le climat actuel de la politique arctique. Selon le traité de Svalbard, l’établissement d’installations militaires permanentes est interdit, et la simple mention de telles constructions remet en question un accord respecté depuis un siècle.
Bien que Moscou n’ait pas encore remis en cause le traité de Svalbard, il travaille activement à saper la position de la Norvège en tant qu’État administrateur de l’archipel. La Norvège et la Russie sont les seuls pays signataires à avoir une présence significative à Svalbard.
La Norvège, qui a historiquement exploité des ressources minérales, se tourne désormais vers le tourisme et la recherche, tandis que la Russie continue d’exploiter ses mines, mais avec une présence réduite à Barentsburg.
Le gouvernement norvégien maintient que son mandat sur Svalbard est clairement défini par le traité. Bien que cela soit théoriquement vrai, des experts soulignent que l’application de ce traité dépend de la coopération entre les États signataires.
Autrefois, lorsque l’Arctique n’avait que peu d’importance économique ou militaire, la Norvège pouvait administrer cette région isolée sans opposition. Cependant, avec la fonte des glaces et l’augmentation des enjeux économiques, la donne a changé.