lundi, avril 7, 2025

L’agriculture biologique face à l’avenir : un agriculteur avertit que 50% des exploitations disparaîtront d’ici 2040

La ferme Guidohof en Saxe est une exploitation biologique qui cultive divers légumes et céréales, tout en utilisant l’énergie solaire et en évitant les pesticides. Son responsable, Paule Lucht, souligne les défis croissants liés aux subventions de l’UE et la nécessité d’une agriculture durable. Bien que le Green Deal européen vise à soutenir les petites exploitations, il exprime des doutes quant à l’efficacité des promesses et à la complexité des procédures de demande de subventions.

La ferme Guidohof située en Saxe est une exploitation agricole biologique qui cultive des légumes sains, utilise l’énergie solaire et évite les pesticides. Grâce à ces pratiques durables, elle est bien positionnée pour bénéficier du Green Deal européen, une initiative de la Commission européenne qui cherche à allier enjeux sociaux, écologiques et économiques pour favoriser une agriculture durable et la production alimentaire des petites exploitations.Paule Lucht, le responsable agricole de Guidohof, exprime ses préoccupations : ‘Les exigences pour obtenir un soutien augmentent constamment. Je suis persuadé que la disparition des exploitations se poursuivra.’

Présentation de la ferme Guidohof

ntv.de : Vous êtes en charge de la ferme Guidohof, qui est une petite exploitation biologique, n’est-ce pas ?

Paule Lucht : Effectivement, nous exploitons 65 hectares, mais notre production est très variée. Nous cultivons nos propres légumes ainsi que des céréales pour notre boulangerie. Nous avons également une installation de nettoyage et de préparation des céréales, ainsi qu’un service de livraison pour nos produits. Nous fonctionnons comme une exploitation fermée avec une vente directe. En hiver, nous achetons des produits comme des oranges afin d’offrir une gamme similaire à celle des magasins bio.

Produits et dépendance aux subventions

En Europe, travaillez-vous également avec des produits bio ?

Oui, nous collaborons étroitement avec des grossistes et vérifions les exploitations sur place. Il est essentiel pour nous de vendre des produits en toute confiance.

Offrez-vous des paniers de légumes aux habitants de votre région ?

Nous avons une boutique en ligne où les clients peuvent choisir librement parmi nos produits. Ils peuvent aussi visiter notre magasin à la ferme pour faire leurs courses.

Êtes-vous rentables ou dépendez-vous des subventions et des fonds de l’UE ?

Je soutiens que la plupart des exploitations agricoles dépendent fortement des fonds de l’UE. C’est devenu une composante essentielle dans la planification budgétaire, car les prix des producteurs ne suffisent pas à couvrir les coûts.

Une agriculture sans subventions est-elle viable ?

Il est important de replacer cela dans un contexte historique : après la Seconde Guerre mondiale, l’objectif était de proposer des aliments abordables. C’est devenu la base de notre politique agricole. En Allemagne, nous avons cette habitude d’acheter à très bas prix, même si dans d’autres pays, les coûts alimentaires sont proportionnellement plus élevés par rapport aux revenus. Si les subventions disparaissaient d’un coup, nous ressentirions également cette hausse des prix.

Pourriez-vous estimer l’augmentation des prix du pain ou des œufs sans subventions ?

Cela varie selon les exploitations. Pour les grandes exploitations de 4000 hectares ou plus, les subventions sont un soutien appréciable. En revanche, les petites exploitations ne peuvent pas bénéficier des mêmes économies d’échelle.

Serait-il alors judicieux de s’orienter vers des exploitations plus grandes ? L’histoire montre une tendance à la concentration des exploitations agricoles.

C’est une question qui nous préoccupe. La société doit décider quel type d’agriculture elle souhaite. Une augmentation de la taille des exploitations signifie aussi une réduction de la biodiversité et des insectes. De nombreuses études corroborent cela. Les petites exploitations sont généralement gérées avec une plus grande passion. L’agriculture requiert un temps de travail hebdomadaire important. Beaucoup d’agriculteurs agissent par conviction, cherchant à produire de manière responsable. Bien que certaines petites exploitations puissent aspirer à se développer, cela peut souvent mener à des pratiques plus commerciales, telles que celles observées dans les grandes exploitations.

Le sol agricole est-il devenu un objet de spéculation ?

Particulièrement dans l’Est, cela devient courant. Nos grands détaillants achètent massivement des terres, ce qui influence les prix. Cela est accentué par l’augmentation des grandes surfaces cultivées, rendant l’achat de terres inaccessible pour les petites exploitations.

Le Green Deal vise à promouvoir une agriculture durable, cela ne vous aide-t-il pas ?

Malheureusement, ces plans de soutien sont renouvelés tous les quelques années et les mêmes promesses sont répétées : soutenir les petites exploitations et augmenter les fonds pour la protection de l’environnement. Cependant, beaucoup de ces belles paroles ne se concrétisent pas.

Quels sont les principaux obstacles ?

Chaque exploitation qui respecte certaines conditions reçoit un paiement par hectare. Des fonds supplémentaires peuvent être demandés pour des cultures variées ou gérées de manière écologique. Cependant, ces demandes de subvention doivent être renouvelées chaque année, et chaque État fédéral a ses propres procédures, ce qui complique notre travail. Par exemple, bien que notre ferme soit en Saxe, nous cultivons également des terres en Thuringe, ce qui nécessite de naviguer entre deux systèmes différents.

Y a-t-il des limites à la taille des surfaces cultivées ?

Oui, car nous cultivons différents légumes. Chaque nouvelle culture implique des ajustements des surfaces cultivées chaque année, ce qui doit également être documenté. Chaque culture a un code d’utilisation spécifique, rendant le système très complexe.

Est-ce que cette complexité est due à la diversité de vos produits ?

En effet, bien que les différents programmes de soutien soient en théorie bénéfiques, leur complexité rend leur mise en œuvre difficile pour nous. Nous cultivons 30 variétés de légumes et plusieurs céréales, ce qui complique encore davantage notre situation face à cette réglementation.

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