Les dégustations d’alcool en Suède sont encadrées par un monopole d’État, Systembolaget, qui interdit la vente directe après ces événements. Bien qu’un projet de loi pour libéraliser cette vente soit en cours, des restrictions strictes demeurent, limitant les quantités et les conditions de vente. Alors que le soutien au monopole s’amenuise, la Finlande adopte une approche plus libérale, permettant une facilité d’accès aux boissons alcoolisées dans les supermarchés.
Les Dégustations : Un Outil Marketing Efficace
Les dégustations sont souvent perçues comme l’un des meilleurs moyens de promouvoir les fabricants d’alcool. Après une exploration des vignes, un atelier de gin ou une visite de brasserie, les visiteurs sont généralement enclins à se laisser aller, non seulement en savourant les boissons, mais aussi en dépensant de l’argent pour acheter quelques bouteilles, que ce soit pour leur propre plaisir ou comme cadeau.
La Situation Unique en Suède
Cependant, en Suède, la réalité est toute autre. Bien que les dégustations soient autorisées, la vente directe qui les suit est strictement interdite. En vertu d’un monopole de détail instauré en 1955, seule la chaîne d’État Systembolaget, communément appelée « Systemet », a le droit de vendre des boissons alcoolisées dépassant 3,5 % de volume.
Ce monopole vise à protéger la santé publique. Par la loi, Systembolaget doit non seulement « vendre de l’alcool de manière responsable », mais aussi sensibiliser les citoyens aux effets néfastes de l’alcool sur la santé. Il n’y a ni promotions ni programmes de fidélité chez Systemet, car l’entreprise n’a pas d’objectifs de profit, mais doit respecter des exigences en matière de rentabilité et d’efficacité.
Vers une Libéralisation de la Vente Directe
Le sujet de la vente directe est au cœur des débats sur la politique stricte sur l’alcool. Bien que cela enfreigne le droit de l’Union européenne, ce monopole est toléré tant que la santé publique reste une priorité. En 2018, une majorité parlementaire a demandé au gouvernement de libéraliser cette vente, mais cette initiative a été mise de côté par la coalition au pouvoir. Depuis le changement de gouvernement en 2022, les partis de droite ont fait de la vente directe une priorité, et des avancées semblent se profiler à l’horizon. Dès janvier, un projet de loi a été approuvé par le gouvernement, attendant maintenant l’approbation parlementaire. Si tout se déroule comme prévu, les fermes en Suède pourraient commencer à vendre leurs produits directement dès juin.
Le ministre des Affaires sociales, Jakob Forssmed, précise que cette démarche vise à favoriser le tourisme dans les zones rurales, permettant ainsi à environ 600 microbrasseries, viticulteurs, producteurs de cidre et distilleries de commercialiser directement leurs produits, mais sous certaines conditions strictes.
Conditions Strictes pour la Vente Directe
La loi impose plusieurs restrictions qui pourraient dissuader à la fois les acheteurs et les producteurs. Par exemple, un client ne peut acheter que 0,7 litre de spiritueux et 3 litres de vin, bière ou autres boissons alcoolisées. De plus, la vente doit être liée à une activité payante instructive, comme une visite ou une dégustation, et est limitée à des horaires spécifiques, de 10h à 20h.
En outre, les fournisseurs doivent respecter des limites de production, ne pouvant vendre directement que ceux qui produisent moins de 75 000 litres de spiritueux, 400 000 litres de bière, ou 200 000 litres de vin ou bière forte par an. Cela signifie que de nombreux producteurs intermédiaires devront continuer à vendre leurs produits uniquement via Systemet.
Les craintes selon lesquelles la vente directe pourrait entraîner une consommation irresponsable d’alcool sont facilement réfutables. Ceux qui cherchent à consommer rapidement et à moindre coût ne choisissent pas de participer à une dégustation pour acheter quelques bouteilles, mais préfèrent se rendre directement chez Systemet.
Malgré les nombreuses restrictions, la vente directe, qualifiée par le Premier ministre Ulf Kristersson de « réforme de liberté tant attendue », semble plus être une petite réforme symbolique qu’une réelle avancée. Le gouvernement croit que l’UE acceptera cette législation restrictive, bien que des plaintes futures auprès de la Cour de justice de l’Union européenne ne soient pas à exclure.
Comparaison avec la Finlande
Bien que la politique de l’alcool en Suède bénéficie d’un certain soutien, ce soutien semble diminuer au fil du temps. Selon un sondage de 2023, deux tiers des Suédois soutiennent toujours le monopole de vente, contre trois quarts en 2017. En revanche, la Finlande voit son monopole sur l’alcool s’assouplir. Depuis l’été dernier, les consommateurs peuvent acheter facilement des bières et d’autres boissons contenant jusqu’à 8 % d’alcool dans des supermarchés, sans passer par le monopole Alko.
Le gouvernement finlandais envisage même d’autoriser la vente de vins jusqu’à 15 % d’alcool dans le commerce de détail, ce qui pourrait ne pas compromettre le monopole. Une majorité des Finlandais soutiennent cette nouvelle libéralisation, ce qui montre une tendance différente par rapport à la Suède.