vendredi, décembre 20, 2024

La Russie lance une offensive majeure contre l’Ukraine : une stratégie politique et psychologique calculée.

Une offensive massive de la Russie a frappé l’Ukraine, lançant 120 missiles et 90 drones, causant au moins sept morts et des infrastructures énergétiques gravement endommagées. Malgré une défense aérienne robuste à Kiev, l’intensification des attaques soulève des préoccupations pour l’hiver à venir. Les Ukrainiens, confrontés à des incertitudes géopolitiques, craignent une éventuelle lassitude de l’Occident face au conflit, tandis que des rumeurs de négociations circulent malgré la brutalité des frappes.

Dans une escalade alarmante, la Russie a frappé l’ensemble de l’Ukraine avec presque tout son arsenal militaire lors d’une offensive massive dimanche soir, marquant la première telle action en près de trois mois. D’après les rapports de l’armée de l’air ukrainienne à Kiev, Moscou a lancé 120 missiles et missiles de croisière ainsi que 90 drones. Malgré la destruction de 144 projectiles par les forces ukrainiennes, y compris grâce à des chasseurs F-16, au moins sept personnes ont perdu la vie et de nombreuses autres ont été blessées. Cette attaque représente l’une des plus importantes depuis le début du conflit.

Les bombardements visaient principalement les infrastructures énergétiques du pays. En raison des dégâts infligés aux sous-stations, plusieurs centrales nucléaires ont dû réduire leur production. Trois régions ont dû faire face à des coupures d’électricité d’urgence durant plusieurs heures. Le réseau ferroviaire a également été contraint d’utiliser des locomotives diesel, certaines lignes étant privées d’électricité. La région d’Odessa a été particulièrement touchée, entraînant une interruption de l’approvisionnement en eau. Cette zone, qui se trouve à proximité de la mer Noire et de la péninsule de Crim, voit souvent des missiles lancés depuis des navires de la flotte russe et des positions militaires environnantes.

Intensification des attaques au-dessus de Kiev

Les Ukrainiens ne se sont pas laissés surprendre par cette offensive. En effet, ils traversent leur troisième hiver consécutif où la Russie s’efforce de plonger les villes dans l’obscurité et le froid, cherchant à démoraliser la population tout en prétendant cibler uniquement des objectifs militaires.

A Kiev, l’ampleur de l’attaque était particulièrement redoutée : depuis plusieurs semaines, la capitale subit des bombardements quotidiens avec un nombre record de drones Shahed. Le président Volodymyr Zelensky a récemment évoqué une multiplication par dix des attaques par rapport à l’automne 2023. Les experts estiment que cela témoigne d’une tentative russe de déceler les failles dans la défense aérienne ukrainienne. En utilisant des drones sans ogives comme leurres et en variant les altitudes et les trajectoires, les forces russes compliquent la tâche des défenseurs.

Cependant, la défense aérienne de Kiev est relativement solide comparée à d’autres régions du pays, bénéficiant de systèmes de défense avancés tels que les Patriot américains, les Iris-T allemands et les Nasams norvégiens. Cette compétition technologique entre les armements occidentaux et russes est particulièrement perceptible dans la capitale.

La récente offensive a également révélé l’utilisation par la Russie de missiles hypersoniques de type Zircon et Kinschal, un fait inédit cette année, avec un total de neuf projets lancés. Alors que certains ont été interceptés, leur grande vitesse et leur trajectoire imprévisible posent un défi même pour les systèmes de défense les plus modernes.

Les Ukrainiens face à une incertitude croissante

Cette attaque renforce l’incertitude pour l’Ukraine à plusieurs niveaux. Bien qu’elle soit consciente de la brutalité de son adversaire envers les civils, des rumeurs circulaient depuis l’été sur d’éventuelles négociations secrètes visant à mettre fin aux attaques contre les infrastructures énergétiques. En effet, Kiev a également porté des coups sévères à l’infrastructure russe, notamment par des frappes de drones sur des raffineries.

Cependant, après ce week-end, un accord semble encore plus illusoire. Selon Dtek, la société responsable de la distribution d’électricité en Ukraine, cette attaque représente la huitième offensive majeure de l’année. Depuis 2022, ses installations ont été frappées 190 fois.

La résilience du réseau électrique ukrainien à l’approche de l’hiver demeure incertaine. Bien que des chiffres précis soient tenus secrets, les experts estiment qu’en raison des attaques russes, jusqu’à deux tiers de la capacité électrique d’avant-guerre de 37,6 térawatts ont été perdues. La fuite et la perte de certains territoires ont également réduit la consommation, mais le système est devenu plus vulnérable et dépend fortement des centrales nucléaires restantes ainsi que des importations électriques en provenance de l’ouest. La fonctionnalité du réseau est directement liée à la force de sa défense aérienne face aux agressions russes.

Un autre aspect inquiétant pour les Ukrainiens est l’incertitude géopolitique actuelle. L’augmentation des attaques de près de 50% après la victoire électorale de Donald Trump n’est pas passée inaperçue à Moscou, qui a constaté que le républicain pourrait être un allié moins fiable pour Kiev comparé à son prédécesseur, et qu’il pourrait vouloir mettre fin à la guerre rapidement. Pour Vladimir Poutine, intensifier la pression reste une stratégie avantageuse.

Les Ukrainiens se retrouvent également sous pression accrue en raison de l’arrivée de milliers de soldats nord-coréens dans la région de Kouban. Dimanche soir, des informations ont indiqué que le président américain Biden avait décidé de permettre à Kiev d’utiliser des armes à longue portée contre le territoire russe. Peu après, Londres et Paris ont également levé des restrictions, autorisant l’utilisation de missiles Atacms et de missiles de croisière Storm-Shadow/Scalp, ayant une portée allant jusqu’à 300 kilomètres. Jusqu’à présent, Biden avait toujours refusé de répondre favorablement aux demandes ukrainiennes.

Des signes de lassitude en Occident

Le président actuel, encore en fonction pour deux mois, semble vouloir envoyer un message de détermination au moment où l’alliance occidentale de soutien à l’Ukraine manifeste des signes clairs de fatigue. Des personnalités telles que Viktor Orban se sentent renforcées par cette situation. De plus, des figures politiques en fin de mandat, comme le chancelier allemand, cherchent à se présenter en tant que médiateurs. Olaf Scholz a d’ailleurs téléphoné cette semaine à Poutine pour la première fois depuis 2022.

Cependant, cette conversation n’a pas abouti à des résultats concrets. Kiev a rapidement critiqué cette initiative, la percevant comme un signal pour Poutine que son isolement diplomatique pourrait se réduire.

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