vendredi, décembre 20, 2024

La protection de l’identité de l’informateur est plus importante qu’un procès public, juge la Cour d’appel du Québec

Les détails de l’affaire secrète ont été gardés secrets, y compris la nature du crime, où il aurait eu lieu, le nom du juge et les noms des avocats

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MONTRÉAL — La Cour d’appel du Québec a statué mercredi qu’elle ne peut divulguer publiquement aucun détail sur un procès secret impliquant un informateur de la police qui a été révélé plus tôt cette année.

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La haute cour de la province a rendu une décision expurgée, statuant que le droit des informateurs de rester anonymes l’emporte sur le principe de l’ouverture des procédures judiciaires au public.

« Le tribunal rejettera les demandes en raison des exigences qui lui sont imposées par la protection du privilège des informateurs », indique la décision.

Les juges de la cour d’appel Marie-France Bich, Martin Vauclair et Patrick Healy ont ordonné que tous les éléments de l’affaire permettant d’identifier le dénonciateur, identifié comme la « personne désignée » dans le jugement, restent sous scellés.

Quatre requêtes demandant plus d’informations sur l’affaire secrète ont été entendues en juin – une du procureur général de la province, une du juge en chef de la Cour du Québec et deux d’organisations médiatiques, dont La Presse canadienne.

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Tous avaient demandé la levée partielle ou totale des ordonnances de mise sous scellés ou l’accès au dossier de la Cour d’appel. Les requêtes des médias demandaient en outre à la Cour d’appel de lever l’ordonnance de confidentialité imposée par le juge de première instance.

L’affaire initiale concernait un informateur reconnu coupable d’avoir participé à un crime qu’il avait révélé à la police.

L’existence du procès n’est devenue publique que parce que l’informateur a fait appel de sa condamnation et parce que la Cour d’appel a rendu en mars une décision expurgée qui a annulé la condamnation et a vivement critiqué le secret entourant le procès.

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L’affaire n’a pas reçu de numéro de dossier et ses détails ont été gardés secrets, y compris la nature du crime et le lieu où il aurait eu lieu, le nom du juge impliqué et les noms des avocats.

« La collaboration avec des informateurs de la police, qui ne sont pas toujours aussi purs que la neige battue, a ses inconvénients, notamment le fait que nous ne pouvons pas toujours les poursuivre pour leurs crimes », indique la décision de mercredi.

« Mais c’est le prix d’une relation que, pendant très longtemps, la jurisprudence a considérée comme essentielle à la justice pénale, malgré les compromissions qu’elle engendre nécessairement. »

La Cour d’appel a noté qu’il n’y avait pas d’autre moyen de poursuivre un informateur bénéficiant du privilège et que le juge de première instance n’avait pas d’autre choix. La décision a déclaré que l’inculpation de l’informateur n’était probablement pas la bonne décision, car les droits constitutionnels de la personne seraient violés, y compris le droit à un procès public.

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« C’est bien dans la décision de porter plainte contre (l’informateur) que réside la source du problème », écrit le tribunal, car elle a créé « une situation dont il est désormais impossible de s’extirper ». La seule solution, a-t-il conclu, est de garder secrètes des informations habituellement publiques, notamment l’identité du corps policier, du procureur, du tribunal, du district judiciaire et du juge de première instance.

Le collège de la Cour d’appel a déclaré que les décisions prises par le juge et les avocats impliqués dans l’affaire secrète étaient « dictées par le seul souci de préserver le privilège de l’informateur comme ils étaient et sont toujours obligés de le faire, une obligation qui lie également cette cour ». .”

Les avocats des médias avaient demandé au tribunal d’annuler les ordonnances de mise sous scellés du juge de première instance, mais la Cour d’appel a jugé qu’elle n’avait pas compétence pour le faire.

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Christian Leblanc, avocat d’organisations médiatiques telles que Radio-Canada, La Presse, la Gazette de Montréal et La Presse canadienne, a déclaré que ses clients étaient déçus de la décision et étudiaient l’opportunité d’interjeter appel.

Leblanc a noté dans une entrevue que la Cour d’appel recommande aux médias de s’adresser au tribunal qui a rendu la décision initiale tout en reconnaissant que les informations pertinentes pour le faire ne sont pas disponibles.

En rejetant toutes les requêtes, la cour a déclaré que la juge en chef de la Cour du Québec, Lucie Rondeau, pourrait recevoir une copie de la décision avec plusieurs paragraphes non expurgés concernant ses arguments, qui se sont tenus en partie à huis clos. Son avocat, Maxime Roy, a indiqué qu’ils étudiaient le jugement.

— Avec reportage complémentaire de Michel Saba.

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