La performance de devenir humain Résumé et description du guide d’étude


La version suivante de ce livre a été utilisée pour créer le guide : Borzutsky, Daniel. La performance de devenir humain. Brooklyn Arts Press, 2016.

La performance de Becoming Human commence par le poème « Let Light Shine Out of Darkness ». Ici, le locuteur s’adresse à son corps (appelé « vous ») et énonce son objectif de « tailler », par l’écriture, « un espace, avec de la lumière », dans lequel son corps peut respirer, bouger et s’exprimer librement. couleur : « J’ai dit : je pense que j’ai besoin de quelque chose de bleu ou de vert pour briller / De ma cage thoracique / D’autres fois quand je parle de légèreté je parle / de souffle et d’espace et de mouvement » (11). Le locuteur reconnaît cependant que sa visée poétique se heurte à une difficulté primordiale : qu’« il est difficile de se mouvoir dans un corps aussi encombré d’images de mutilation » (11).

Cette difficulté ne s’efface jamais au fur et à mesure que le livre progresse. À partir de « Let the Shine Out of Darkness », des « images de mutilation » récurrentes remplissent en effet chaque poème de « The Performance of Becoming Human ». La condition fragmentée, abusée, mutilée du corps du locuteur reflète ainsi la condition fragmentée, abusée, mutilée du corps du texte. Suivre la réémergence continue de « l’économie de la carcasse pourrie » depuis sa première apparition dans « In the Blazing Cities of Your Rotten Carcass Mouth », jusqu’à « The Gross and Borderless Body », jusqu’à « The Private World » et enfin, jusqu’à son apogée la modulation en « ta bouche de carcasse pourrie » dans « La montagne au bout de ce livre », pose la question de savoir si le locuteur peut jamais réussir dans son objectif de laisser entrer la lumière dans son corps, et, par extension, si la poésie peut laisser entrer la lumière dans son corps. lumière dans le monde moderne.

L’orateur possède un degré de conscience de soi ironique, qui se manifeste dans sa moquerie d’une idéologie esthétique normative qui suppose que les réalités politiques brutales peuvent être atténuées par la représentation artistique. « In the Blazing Cities of Your Carcass Mouth » redéploie ironiquement la terminologie et la teneur faciles des exercices d’« écriture créative » afin d’attirer l’attention sur les manières dont les artistes ne reconnaissent pas leur participation aux systèmes corrompus qu’ils se proposent de décrire : « Ce poème serait mieux avec juste ce qu’il faut de sexe, / d’alcool, de violence et de border-noir des années 1950 » (20). Cette approche hollywoodienne de la poésie réapparaît comme l’objet de la dérision de l’orateur dans « La montagne au bout de ce livre », un poème dans lequel l’aliénation de l’orateur de son propre corps est figurée comme la « privatisation de notre forme et de notre contenu ». (87). En tant que poète, l’orateur est aux prises avec le fait effroyable que les poètes ont longtemps contribué à éteindre la lumière, et refuse obstinément les pièges conventionnels de la forme poétique en conséquence.

Les seuls outils à la disposition du poète éthique sont donc les « images de mutilation » et la volonté de réécrire compulsivement et à plusieurs reprises ces images dans le corps du texte : « Cette montagne apparaît dans tous les livres que j’ai écrits. / Désolé si vous vous attendiez à quelque chose de nouveau. (« La montagne à la fin de ce livre », 83). Par la répétition, le locuteur exerce une pression extrême sur « l’économie de la carcasse pourrie » et autres « images de mutilation » récurrentes afin d’attirer l’attention du lecteur sur les responsables de l’aliénation du corps à lui-même. Les ennemis du corps incluent, au niveau macro, l’État-nation tel qu’il est figuré à Chicago et au Chili : « on dit souvent sur les rives du lac Michigan, qui est la / baie de Valparaiso, que nous mourrons pour des raisons que nous ne comprends pas » (« Le lac Michigan se confond avec la baie de Valparaiso, Chili », 76). Au niveau micro, l’orateur pointe du doigt la police de Chicago et d’autres appendices locaux du pouvoir de l’État dans « Memories of My Overdevelopment » et « The Privatized Waters of Dawn » ; les bureaucrates, les psychologues et les administrateurs, dont l’orateur qualifie le travail de « fascisme des données » dans « Archive », figurent également comme des forces néfastes contribuant à la mutilation et à la privatisation du corps et de son monde.

La question de savoir si l’orateur réussit à laisser entrer la lumière dans son corps trouve peut-être une réponse à mi-chemin de The Performance of Becoming Human dans le poème « A Broken Testimony ». Le locuteur avoue qu’il y a « un battement derrière cette écriture, un tapotement nerveux » figurant comme le son d’« un corps essayant d’avancer » (64). Le mouvement du corps, cependant, est bloqué par sa propre « insistance sur le mouvement / La performance de la stase jouée à l’envers » (64). Le corps moderne, toujours déjà brisé, ne peut se mouvoir que par mouvement brisé, c’est-à-dire à reculons. Les poèmes de l’orateur, en tant que symptômes figuratifs de ce mouvement brisé, ne témoignent que de leur propre condition postmoderne. La « Performance de devenir humain », alors, se présente comme « le témoignage brisé du rythme brisé » (64). Borzutsky cherche à dissiper l’illusion que l’art politique nous fait avancer dans un dépassement révolutionnaire du régime de pouvoir actuel. La poésie politique ne fait que nous faire reculer davantage dans une conscience plus aiguë des forces qui s’emploient à éteindre la lumière.



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