La NASA n’a pas atterri sur la Lune depuis des décennies : la Chine vient d’en envoyer un troisième en six ans

Agrandir / Une fusée Longue Marche 5 transportant la sonde lunaire Chang’e-6 décolle du Centre de lancement spatial de Wenchang le 3 mai 2024 à Wenchang, en Chine.

Li Zhenzhou/VCG via Getty Images

La Chine retourne sur la Lune pour obtenir d’autres échantillons.

Vendredi, le pays a lancé sa plus grande fusée, la Longue Marche 5, transportant un orbiteur, un atterrisseur, un véhicule d’ascension et un vaisseau spatial de retour. La masse combinée du vaisseau spatial Chang’e-6 est d’environ 8 tonnes et il tentera de rapatrier des roches et de la terre depuis la face cachée de la Lune, ce que les scientifiques n’ont jamais pu étudier en profondeur auparavant.

L’objectif de la mission est de ramener environ 2 kg (4,4 livres) de roches sur Terre dans un peu plus d’un mois.

Chang’e-6 s’appuie sur le programme lunaire réussi du programme spatial chinois. En 2019, la mission Chang’e-4 a effectué un atterrissage en douceur sur la face cachée de la Lune, la première fois que cela était réalisé par un vaisseau spatial. La face cachée est plus difficile que la face proche, car les communications en visibilité directe avec la Terre ne sont pas possibles.

Puis, fin 2020, la mission Chang’e-5 s’est posée sur la face proche de la Lune et a réussi à collecter 1,7 kg de roches. Ceux-ci ont ensuite été décollés de la surface de la Lune et renvoyés en Chine où ils ont depuis été étudiés. C’était la première fois depuis un demi-siècle, depuis les efforts des États-Unis et de l’Union soviétique, que des échantillons étaient renvoyés de la Lune.

Des projets ambitieux

Le dernier vol chinois vers la Lune, lancé vendredi, synthétisera les enseignements tirés par le pays de ses deux dernières missions, en collectant et en renvoyant des échantillons de la face cachée de la Lune.

« Si la mission Chang’e-6 parvient à atteindre son objectif, elle fournira aux scientifiques les premières preuves directes permettant de comprendre l’environnement et la composition matérielle de la face cachée de la Lune, ce qui est d’une grande importance », a déclaré Wu Weiren, un responsable de la mission. académicien de l’Académie chinoise d’ingénierie et concepteur en chef du programme chinois d’exploration lunaire.

Cette mission fait suite au lancement et au déploiement du satellite relais Queqiao-2 en mars, qui servira de pont entre les communications de la face cachée de la Lune vers les opérateurs sur Terre. La Chine a également annoncé deux futures missions lunaires, Chang’e-7 et Chang’e-8, plus tard cette décennie. Ces missions robotiques atterriront près du pôle Sud lunaire, testeront les ressources lunaires et prépareront le terrain pour les futures missions en équipage.

Théoriquement, le plan actuel de la Chine prévoit le premier atterrissage de deux taïkonautes sur la surface de la Lune en 2029 ou 2030. À terme, elle souhaite établir un avant-poste lunaire.

Les missions lunaires chinoises ne fonctionnent pas en vase clos – d’accord, techniquement, elles le sont – mais le fait est que les efforts d’exploration de la Chine se déroulent parallèlement à un effort parallèle des États-Unis, de la NASA et d’environ trois douzaines de partenaires sous les auspices du projet Artemis. programme.

La NASA peut-elle rivaliser ?

Après des décennies passées à concentrer ses efforts d’exploration ailleurs, la NASA s’est finalement tournée vers la Lune il y a environ sept ans. Depuis lors, elle travaille aux côtés de l’industrie spatiale commerciale pour élaborer un plan de retour durable sur la surface lunaire.

De l’extérieur, le programme lunaire chinois semble être en tête. Il est difficile de discuter de la série de succès du programme lunaire Chang’e et de l’atterrissage sans précédent sur la face cachée de la Lune. Si Chang’e-6 réussit, ce sera une nouvelle frappe en faveur du programme lunaire chinois.

Mais il faut reconnaître que la NASA ne cherche pas simplement à reproduire les gloires de son programme lunaire Apollo dans les années 1960 et au début des années 1970. La première mission lunaire chinoise avec des astronautes, par exemple, vise à faire atterrir deux taïkonautes sur la Lune pendant quelques heures seulement. Les véhicules seront entièrement consommables, comme l’étaient les fusées et les vaisseaux spatiaux Apollo il y a plus d’un demi-siècle.

La NASA adopte une approche différente, en travaillant avec l’industrie pour développer une flotte d’atterrisseurs de fret commerciaux, comme celui d’Intuitive Machines, qui connaît un grand succès. Ulysse mission plus tôt cette année, ainsi que de plus grands atterrisseurs humains construits par SpaceX et Blue Origin. Cette « architecture » globale est bien plus complexe, nécessitant une myriade de lancements pour ravitailler les engins spatiaux en orbite. Il faudra probablement plusieurs années de plus pour parvenir aux premières missions d’alunissage, soit plus tard dans la décennie, soit au début des années 2030. Mais si la NASA persiste et réussit dans cette approche, elle ouvrira une autoroute vers la Lune dont on ne pouvait que rêver à l’époque d’Apollo. Imaginez une flottille de vaisseaux spatiaux allant et venant de la Lune. C’est la vision.

Il s’agit donc d’une compétition entre l’adoption par la Chine d’une approche traditionnelle et les efforts de la NASA pour ouvrir la voie à un nouvel avenir. Regarder comment cette compétition lunaire se déroulera au cours de la prochaine décennie sera l’une des histoires les plus fascinantes à suivre.

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