La Suisse connaît une transformation significative des habitudes de consommation d’alcool, avec une diminution notable de la consommation de vin et de bière, particulièrement parmi les jeunes. Cette évolution, influencée par des préoccupations de santé et des impacts économiques, entraîne des conséquences pour l’industrie de l’alcool. Malgré une consommation stable en termes de population, les dépenses liées à l’alcool chutent, tandis que la bière sans alcool gagne en popularité.
La Suisse est en train de vivre une transformation majeure en matière de consommation d’alcool. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce changement n’est pas lié aux variations climatiques, mais plutôt aux nouvelles habitudes de consommation. Que ce soit par souci de santé, pour alléger son budget, ou en raison des répercussions de la Covid, les statistiques révèlent une tendance claire et marquante.
En 2023, la consommation de vin a chuté de plus de 1,3 million de litres par rapport à l’année précédente, et ce, malgré une augmentation de la population. De plus, pour la première fois, la consommation de bière est tombée sous la barre des 50 litres par personne par an.
Un changement de mentalité vis-à-vis de l’alcool
« La façon dont nous consommons des boissons alcoolisées a radicalement changé », déclare Marcel Kreber, directeur de l’Association suisse des brasseries. « Autrefois, rentrer légèrement éméché au bureau après un déjeuner d’affaires était courant. Aujourd’hui, cela soulève des interrogations. »
Le gouvernement suisse mène tous les dix ans une enquête sur la santé de la population. Actuellement, 83 % des Suisses consomment de l’alcool, un chiffre qui reste stable depuis des décennies. Toutefois, la quantité et la fréquence de consommation diminuent de manière significative. En 2022, seulement 12,4 % des hommes affirmaient consommer de l’alcool quotidiennement, contre plus de 30 % en 1992. Pour les femmes, la baisse est encore plus marquée, passant de 11,5 % à près de 5 %.
Un fait intéressant est la prudence croissante parmi les jeunes. Plus de la moitié des hommes âgés de 15 à 24 ans déclarent soit s’abstenir de boire, soit consommer de l’alcool moins d’une fois par semaine. Chez les femmes de la même tranche d’âge, ce chiffre atteint presque les deux tiers.
Impact économique sur l’industrie de l’alcool
Ce changement de comportement, bien qu’il soit bénéfique pour la santé, entraîne d’importantes conséquences économiques. De nombreuses industries dépendent fortement des ventes d’alcool, y compris celles liées à la culture et aux loisirs, qui sont souvent perçues comme socialement précieuses. Ces secteurs se retrouvent maintenant confrontés à une forme de « gueule de bois » – non pas à cause d’une consommation excessive, mais d’un manque d’alcool.
« Les clients dépensent 40 % de moins en comparaison avec les années précédentes », révèle Alexander Bücheli, porte-parole de la Commission des bars et des clubs de Zurich. Ce changement est principalement attribué à un mode de vie plus sain, et non à un recours à d’autres substances. « Contrairement aux années 1990, où les ventes s’effondraient à cause de l’ecstasy, les gens ne cherchent pas à remplacer l’alcool par d’autres drogues. »
Parallèlement, le marché de la bière sans alcool connaît une croissance, représentant actuellement 7 % de la part de marché, bien qu’elle soit encore considérée comme une niche. En revanche, les vins sans alcool rencontrent des défis plus importants, car leur goût est fortement lié à la présence d’alcool, ce qui rend difficile la création d’alternatives satisfaisantes.
« Les clubs ont toujours soutenu une consommation responsable d’alcool. Nous accueillons ce changement, bien qu’il ait des répercussions », conclut Bücheli.