Irvin Yalom a eu une carrière à multiples facettes en tant que psychothérapeute praticien, en tant qu’écrivain de premier plan sur la thérapie de groupe et en tant que romancier. Yalom avait également un intérêt profond pour la philosophie. Son roman « The Schopenhauer Cure » tente d’intégrer les préoccupations humaines fondamentales, la recherche de l’amour, d’un sens à la vie et d’un moyen d’accepter la mort, avec une représentation romanesque de la thérapie de groupe. Il le fait à travers une représentation de Schopenhauer, parmi d’autres philosophes. Le bo
Irvin Yalom a eu une carrière à multiples facettes en tant que psychothérapeute praticien, en tant qu’écrivain de premier plan sur la thérapie de groupe et en tant que romancier. Yalom avait également un intérêt profond pour la philosophie. Son roman « The Schopenhauer Cure » tente d’intégrer les préoccupations humaines fondamentales, la recherche de l’amour, d’un sens à la vie et d’un moyen d’accepter la mort, avec une représentation romanesque de la thérapie de groupe. Il le fait à travers une représentation de Schopenhauer, parmi d’autres philosophes. Le livre ne réussit pas entièrement – il est écrit quelque peu maladroitement et les caractérisations laissent beaucoup à désirer – mais il suscite la réflexion et absorbe.
L’histoire se déroule à San Francisco. Le personnage principal du livre est un célèbre psychiatre, Julius, qui apprend qu’il est atteint d’un cancer mortel. Il réfléchit à la manière de passer le temps qu’il lui reste de la santé et, à l’improviste, contacte Philip, un patient qu’il avait traité de nombreuses années auparavant, apparemment sans succès, pour comportement sexuel compulsif. Philip a, dans l’intervalle, abandonné son ancienne carrière de chimiste, a obtenu un doctorat en philosophie et cherche à devenir conseiller. Philip a guéri sa dépendance sexuelle par une étude du philosophe du pessimisme du XIXe siècle, Arthur Schopenhauer. Comme son mentor Schopenhauer, Philip est arrogant, distant et brillant. Il accepte de participer à un groupe de thérapie dirigé par Julius en échange de l’aide de Julius pour répondre aux exigences d’une licence de conseil.
Nous rencontrons divers personnages dans le groupe de Julius : le col bleu Tony, (le personnage le plus attachant du livre, à mon avis) la belle Rebecca, une avocate soucieuse de la décoloration de son apparence, le pédiatre réservé Stuart, la bibliothécaire Bonnie, mécontente de sa simplicité, la professeure d’anglais Pam, qui a eu de nombreuses relations dans et hors du mariage, toutes insatisfaisantes, et le malheureux marié et alcoolique Gill. Le groupe est intrigué par Philip en tant que nouveau venu, par son détachement et son anti-sociabilité. Mais les membres du groupe sont fascinés par les idées de Philip et par ses discussions sur la philosophie de Schopenhauer comme moyen d’aborder les difficultés qui les affligent et qui les poussent à suivre une thérapie. Les problèmes sexuels et relationnels jouent un rôle dominant pour chacun des participants du groupe et pour Julius lui-même.
Peu à peu, Philip arrive à s’ouvrir et à trouver la paix avec lui-même, Julius apprend à se réconcilier avec sa mort imminente et les membres du groupe font des progrès divers avec eux-mêmes.
Les chapitres traitant de Julius et du groupe alternent avec des chapitres traitant de la philosophie et de la vie de Schopenhauer. Schopenhauer était en effet un individu peu attirant, mais il a beaucoup à enseigner. Les valeurs d’une vie de l’esprit, ainsi que ses limites, sont bien mises en évidence dans le roman et compensent certaines scènes de thérapie verbeuses et le développement insuffisant de certains des personnages.
En plus de Schopenhauer, le livre considère les travaux d’autres philosophes à des points clés et les compare et les oppose à Schopenhauer. Yalom montre une bonne capacité à aller au cœur des enseignements de ces philosophes pour les besoins de son histoire. Il s’agit notamment de Nietzsche, le philosophe stoïcien, d’Épictète et d’Aristote. Le roman « Buddenbrooks » de Thomas Mann, influencé par Schopenhauer, joue également un rôle important dans la discussion. Comme on pouvait s’y attendre dans un livre traitant de Schopenhauer, il y a beaucoup de discussions sur le bouddhisme et la croissance de l’intérêt aux États-Unis pour le Bouddha. En effet Pam, l’un des personnages principaux, passe dix jours en Inde lors d’une retraite donnée par le célèbre professeur Goenka, et rejoint par la suite une église bouddhiste.
J’ai trouvé les thèmes religieux et philosophiques de ce livre utiles dans un livre méditant sur la mort et sur la sexualité humaine. Julius, né juif, est athée et sceptique. Les autres participants aux groupes sont, de même, soit laïcs dans leur orientation religieuse, soit teintés d’une attirance pour le bouddhisme. J’ai trouvé cette combinaison de laïcité américaine et de bouddhisme séduisante ces dernières années, et je me suis sentie validée, en un sens, en voyant cette façon particulière de se voir dans le livre. Mais je me suis trouvé curieux, à plusieurs reprises, de savoir ce que les juifs ou les chrétiens pratiquants diraient de ce livre et comment ils pourraient répondre à l’attitude dédaigneuse de l’auteur et des protagonistes de l’histoire envers leur théisme.
Ce livre fonctionne mieux comme étude de la philosophie et de la valeur de la réflexion que comme roman ou portrait de personnage. Mais j’ai trouvé ça intéressant.
Robin Friedman