La frustration des Mozambicains envers leur gouvernement se manifeste au poste frontière de Ressano, où les agents se cachent en civil pour éviter les violences. La corruption et les scandales financiers, hérités de l’ancien président Guebuza, entachent l’image du pays, renforçant un régime autoritaire. L’instabilité croissante pourrait affecter le commerce international, d’autant plus que le Frelimo ne reconnaît pas les accusations de fraude électorale, tandis que l’opposition avance des résultats alternatifs sans preuves.
La frustration grandissante des citoyens mozambicains envers leur gouvernement se fait ressentir au poste frontière de Ressano, à la frontière avec l’Afrique du Sud. Depuis plusieurs jours, les fonctionnaires se présentent en civil, évitant les uniformes en raison des manifestations qui ont suivi les élections contestées d’octobre. Désormais, tout agent en uniforme est perçu comme un représentant du parti au pouvoir, le Front de libération du Mozambique (Frelimo), et est souvent la cible d’agressions.
Fuite des agents frontaliers vers l’Afrique du Sud
Dans certains cas, les forces de sécurité ont tout simplement plié sous la pression. Des agents frontaliers se sont réfugiés dans les locaux de leurs homologues sud-africains lorsque leurs bureaux ont été attaqués. Des rumeurs circulaient, les accusant d’être impliqués dans la mort de manifestants. En réponse à cette situation chaotique, l’Afrique du Sud a décidé de fermer la frontière pour éviter que la violence ne déborde sur son territoire.
Cette situation met en lumière le contraste entre le contexte démocratique en Afrique du Sud, où le Congrès national africain (ANC) a perdu sa majorité absolue pour la première fois en 30 ans et a formé un gouvernement de coalition, et celui du Mozambique, qui reste sous un régime autoritaire. Au Botswana, le récent transfert de pouvoir à Duma Gideon Boko a été exemplaire, marquant la fin de 58 ans de domination d’un seul parti.
Corruption, scandale, atteinte à l’image
Le Mozambique, en revanche, est devenu un symbole de corruption. Sous le mandat de l’ancien président Armando Guebuza, des entreprises d’État ont contracté des prêts exorbitants, prétendument pour des projets de surveillance maritime et d’autres initiatives, qui se sont révélés être l’un des plus grands scandales financiers d’Afrique. Bien que le président actuel, Filipe Nyusi, ait promis de corriger ces dérives, il est toujours vu comme un protégé de Guebuza, et l’image du pays souffre toujours des conséquences de ce scandale.
Récemment, Nyusi et certains membres de son gouvernement se sont retirés à Pemba, dans le nord du Mozambique, officiellement pour des funérailles. En réalité, ils semblent chercher refuge auprès des troupes rwandaises présentes dans la région, initialement déployées pour lutter contre les groupes islamistes. Cette opération militaire est largement financée par la France, qui investit dans l’exploitation des ressources naturelles, tandis que d’autres pays comme l’Italie et l’Australie participent également à cette dynamique économique.
L’instabilité a des conséquences pour le commerce international
Les tensions au Mozambique commencent à ressembler à celles du Zimbabwe, un pays voisin sous un régime autocratique. Une réunion de crise régionale est prévue, abordant des « questions émergentes d’importance régionale », un terme qui masque la gravité de la situation. Étant donné la position stratégique du Mozambique sur les routes maritimes de l’océan Indien, toute instabilité pourrait avoir des répercussions considérables sur le commerce international.
Le Frelimo continue d’affirmer que les élections se sont déroulées dans la transparence, sans fournir de preuves tangibles telles que la publication des résultats de tous les bureaux de vote. De son côté, Venancio Mondlane, leader de l’opposition, prétend détenir des résultats alternatifs, mais n’a pas encore divulgué ces informations.