La condition postmoderne : un rapport sur la connaissance


De nos jours, les systèmes informatisés se multiplient. Comme pour toutes les transformations scientifiques, l’ère informatique a entraîné une transformation des relations sociales dans la société. Malheureusement, la science n’a pas encore compris que la discipline scientifique, ou plutôt la méthode scientifique, ne remplit plus une fonction légitime pour la société. Lorsque les histoires que l’on se raconte sur le monde ne sont pas légitimes, alors la société en souffre. Ce n’est qu’en reconnaissant que l’histoire n’atteindra jamais son point culminant mais continuera, en changeant à jamais, que l’on pourra reconnaître que les histoires que l’on se raconte sont imparfaites. Les histoires séculaires du héros en tant qu’émancipateur ont été largement reléguées dans l’histoire. La science est ahistorique parce que le récit qu’elle raconte n’est pas justifié si les connaissances qu’elle tente de présenter sont objectivées et perdent leur humanité. Le récit historique, quant à lui, repose sur l’intériorisation de l’histoire et a été présenté par le conteur dont l’autorité n’est pas remise en question en raison de sa place dans la société et de la nature de la communication en tant que conteur.

Les jeux de langage scientifiques tentent d’incorporer les théories philosophiques de l’histoire. Ce faisant, il estime pouvoir maintenir sa légitimité. Cependant, cela est impossible, car la science n’est pas cohérente et se trouve dans un état de changement inégal ; lorsque de nouvelles théories arrivent, on se retrouve plongé dans un état de confusion face à un nouveau paradigme. La science elle-même fixe les règles. La vérité ne s’obtient pas en abordant la connaissance mais en trouvant des contre-exemples à la connaissance. Cela rend la science paradoxale.

Non seulement c’est la méthode scientifique qui semble contradictoire, mais les dernières découvertes en mécanique quantique montrent que l’objectification est difficile à trouver. Les théories de la mécanique quantique démontrent que le monde n’est pas toujours discret, cohérent et rationnel.

La science doit faire face à son système de jeux de langage, qui ne sont pas éthiquement justifiés. Dans les jeux de langage scientifiques, la légitimation supposée est réduite à des relations conflictuelles, comme un jeu dans lequel ceux qui ont accès au capital sont capables de perpétuer leur position sociale tandis que ceux qui ne le peuvent pas sont laissés de côté. **Ce problème fait que la science est répressive dans ce que Lyotard dit peut être terroriste en menaçant ceux qui tentent de jouer au jeu et ne sont pas invités, ou ceux qui jouent au jeu mais refusent de respecter les règles. Ces individus sont évincés de force du jeu du langage scientifique, en supprimant par exemple le financement de la recherche, quelle que soit la légitimité de leurs recherches scientifiques.**

En raison du divorce entre la recherche et les fondements philosophiques de l’université, la recherche devient un outil simplement réservé aux technocrates, aux bureaucrates et aux dirigeants politiques. Si la science n’acquiesce pas aux exigences de notre époque, la société en souffrira et la créativité disparaîtra. **En imposant le réalisme scientifique au monde, cela aboutit à une dégradation de la société, avec une aliénation accrue du jeu de langage du héros, de l’émancipateur et du porteur de liberté. Cela laisse plutôt place à une forme de délégitimation mettant l’accent sur l’accélération continue de la productivité.**



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