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Jeff Koons s’est fait un objet d’art.
Chaque fois que Jed Martin appelle son agent et dit que je suis prêt à faire une exposition d’art, il dit aussi que j’en ai fini avec cette entreprise artistique particulière. Il a, par exemple, pris des photos provocantes d’objets fabriqués par l’homme. Une fois, il a montré au monde ses créations :
J’ai fini.
Il a peint une série représentant des boulangers, des serveurs et d’autres cols bleus ainsi que quelques portraits de riches et de puissants. Steve Jobs et Bill Gates discutant de l’avenir intéressaient plus ses riches mécènes que, disons, un postier. Il savait qu’il avait terminé, bien pensé qu’il l’était, avec cette série lorsqu’il a vidé un tableau qu’il faisait sur Jeff Koons, l’a piétiné, tranché et transformé en un tas de pulpe mutilé. Il sait, malgré ce dernier échec ou à cause de lui, qu’il est temps de partager la série avec le monde. Son publiciste a convaincu Jed qu’il devait contacter l’écrivain Michel Houellebecq et voir s’il pouvait être persuadé d’écrire un article pour le catalogue de l’exposition.
C’est le bon moment car l’écrivain a subi quelques déboires financiers donc il est motivé par « le besoin pur et simple d’argent ». La presse française s’est bien amusée à l’accuser de toutes sortes d’actes ignobles et la mauvaise presse a certainement limité ses possibilités de régler ses problèmes pécuniaires.
Le toujours controversé Houellebecq.
Il y a des lecteurs qui ont un problème avec un écrivain qui s’insère de manière si flagrante dans l’histoire. Bien sûr, les écrivains se mettent dans des livres, parfois à peine déguisés derrière un autre nom, et nieront si on leur demande qu’un personnage ressemble à eux-mêmes. C’est un roman et maintenant avec l’émergence de Houellebecq dans le texte, c’est devenu une sorte d’hybride. Que faut-il croire ? Est-ce une version fictive de Houellebecq ? La façon dont je regarde l’histoire, même l’histoire de nous-mêmes, dans les limites de notre propre esprit, est que nos souvenirs sont une fusion de fiction et de non-fiction. Étiqueter quelque chose l’un ou l’autre n’est jamais tout à fait correct. L’histoire regorge de récits parfois partagés 60-40 entre vérité et fantaisie, mais il y a des lecteurs qui veulent se sentir rassurés par un NON-FICTION étiqueter.
Comme si la fiction ne révélait pas autant de vérité que la non-fiction.
Alors disons simplement que Houellebecq, devenir un personnage de son propre roman, ne me dérange pas.
Lorsque Jed rencontre Houellebecq, il se rend compte qu’il n’en a pas fini avec la série. La peinture finale doit être cet écrivain. Houellebecq est extrêmement dur avec lui-même. Son portrait de lui-même est plutôt cinglant. Note à moi-même : si je me prostitue en tant que personnage d’un roman, n’oubliez pas de mettre l’accent sur mes meilleures qualités. Bret Easton Ellis s’écrit dans le roman Parc Lunaire ce que j’ai vraiment apprécié, bien qu’il y ait des critiques qui ne sont pas d’accord avec moi. Martin Amis s’insère également dans le livre hilarant De l’argent. Trois gagnants pour ce lecteur.
Michel Houellebecq n’est pas au sommet de son art en tant que personne réelle fictive.
Les relations de Jed avec les femmes sont similaires à sa relation avec son art, sauf qu’il n’en a pas toujours fini avec elles avant qu’elles n’en aient fini avec lui. Il a une petite amie prostituée nommée Geneviève.
« Autant les hommes sont souvent jaloux, et parfois horriblement jaloux, des anciens amants de leurs copines, et autant ils se demandent anxieusement depuis des années, et parfois jusqu’à la mort, cela n’avait pas été le cas. meilleur avec l’autre, si l’autre ne les avait pas donnés plus de plaisir, ils acceptent facilement, sans le moindre effort, tout ce que leurs femmes auraient pu faire dans le passé en tant que prostituée. Dès qu’elle est conclue par une transaction financière, toute activité sexuelle est excusée, rendue inoffensive et en quelque sorte sanctifiée par l’antique malédiction du travail.
Elle le quitte pour un client pour avoir des bébés et s’installer. Maintenant, il peut être jaloux ?
Houellebecq, celui à l’extérieur du livre, je ne suis pas sûr de celui à l’intérieur du livre, évoque généralement les thèmes de la politique du sexe et de la façon dont la luxure motive tous les aspects de nos vies, mais dans ce livre il se contente de quelques réflexions philosophiques. réflexions sur les prostituées. C’est le troisième livre que je lis de lui et c’est le livre qu’il passe le moins de temps à parler de sexe… La libido ralentit M. Houellebecq ?
Alors qu’est-ce qui fait un bon artiste Jed Martin ?
…être artiste, selon lui, c’était avant tout être quelqu’un de soumis. Quelqu’un qui s’est soumis à des messages mystérieux, imprévisibles, que vous seriez amené, faute d’un meilleur mot et en l’absence de toute croyance religieuse, à qualifier d’intuitions, des messages qui vous commandaient pourtant de manière impérieuse et catégorique, sans quitter la moindre possibilité d’évasion – sauf en perdant toute notion d’intégrité et d’estime de soi. Ces messages peuvent impliquer de détruire une œuvre, voire toute une œuvre, pour partir dans une direction radicalement nouvelle voire parfois aucune direction….
Jed entame une nouvelle série de photographies de belles cartes Michelin anciennes et il rencontre une femme nommée Olga, une beauté russe, qui développe une réelle sympathie pour le petit français. Elle est désirée par beaucoup et a son choix parmi les hommes de Paris, mais elle choisit Jed. Il donne vie aux cartes, rendant l’art frais avec sa propre vision d’elles. Sa carrière chez Michelin la ramène bientôt en Russie, mais Jed reste à Paris de peur de trop s’éloigner de la source de toute inspiration… Paris. C’était intéressant pour moi qu’un homme qui est si prêt à abandonner le succès pour passer à quelque chose de nouveau ne soit pas disposé à prendre la chance de trouver une nouvelle inspiration dans un pays aussi dynamique que la Russie. L’amour de Paris et de la France qu’éprouve Houellebecq, malgré ses déboires avec la presse française, transparaît tout au long de ce roman.
Vers le dernier tiers du roman, Houellebecq introduit un nouveau personnage, un inspecteur de police nommé Jasselin. Il y a ce flottement momentané dans l’univers où ce lecteur s’est demandé si l’écrivain se dépassait, mais il y a un meurtre horrible de Jackson Pollockesque qui doit faire l’objet d’une enquête. Jasselin a des réflexions intéressantes sur les enfants (il n’est pas fan), les seins en silicone (il est fan) et les Bichon Dogs (une race parfaitement conçue pour plaire à l’homme).
Ce roman m’a attiré même pendant ces moments fugaces où je doutais qu’il y aurait une intrigue définissable ou des résolutions. Houellebecq ne recule pas devant ces sujets tabous dont on parle rarement. La mère de Jed s’est suicidée et son père refuse d’en parler. La question qui hante les survivants est toujours pourquoi, mais en même temps Jed n’est pas sûr de vouloir savoir pourquoi. Lorsque son père est atteint d’une maladie en phase terminale et envisage de se rendre en Norvège pour un suicide assisté, Jed doit faire face aux conséquences d’une telle décision. Le suicide est un virus qui, une fois qu’il infecte une famille, semble avoir des récurrences et des ramifications pendant de très nombreuses générations. Je pense toujours aux cinq suicides de la famille Hemingway qui hantent cette lignée depuis quatre générations.
Houellebecq, comme toujours, m’a obligé à réfléchir à des problèmes, certains qui ont touché ma vie et d’autres qui pourraient devenir un mauvais sou à l’avenir. Ses descriptions du monde de l’art et de la vie d’un écrivain célèbre m’ont donné un véritable aperçu de ce que signifie être créatif, réussir et des luttes que tout le monde doit mener pour être heureux. Bien que j’aie apprécié ses romans plus sexuellement explicites, c’était agréable de le voir écrire un roman où ses philosophies de la vie ne sont pas éclipsées par la controverse de ce que certains considéreraient comme une obsession du comportement déviant.
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