« La Belle Dame sans Merci », écrite en 1819 et publiée l’année suivante sous une forme légèrement différente de celle-ci, représente un chevalier d’armes séduit et abandonné par une fée capricieuse. Raconté sous forme de dialogue, le poème raconte l’expérience d’aimer dangereusement et pleinement, de rester fidèle à cet amour malgré les avertissements contraires et de souffrir la mort vivante de celui qui a entrevu l’immortalité. Au début et à la fin du poème, le chevalier reste sur « le flanc d’une colline froide », un monde dépourvu de bonheur ou de beauté, attendant le retour de son amour. Certains lecteurs soutiennent que le poème parle vraiment des sentiments confus de Keats pour Fanny Brawne, sa fiancée, à qui Keats ne pouvait pas s’engager pleinement. D’autres prétendent que l’histoire est symbolique du sort de l’artiste, qui, « tombé amoureux » de la beauté, ne peut jamais accepter pleinement le banal. Quoi qu’il en soit, la conclusion est la même : aussi intense que puisse être l’amour autodestructeur, l’amant n’a guère le choix en la matière. De plus, plus on entretient des sentiments de beauté et d’amour, plus le monde devient désolé et douloureux.