Le secteur culturel à Berlin est confronté à des réductions budgétaires de 130 millions de francs, soit une baisse de 12 % par rapport à l’année précédente. Les artistes, inquiets pour leur avenir, anticipent des impacts dévastateurs, notamment une diminution des productions théâtrales et la menace de fermetures. La scène indépendante souffre également, aggravée par l’inflation et la fin des aides post-pandémie. La culture est essentielle à l’attractivité de Berlin, et son déclin pourrait transformer la ville en un lieu ordinaire.
Les défis du secteur culturel à Berlin
Quel est le constat actuel ? Le milieu culturel berlinois se trouve en proie à des réductions budgétaires s’élevant à environ 130 millions de francs. Ce chiffre représente une diminution d’environ douze pour cent par rapport à l’année précédente. Les mesures envisagées par le Sénat de Berlin ont été divulguées suite à une fuite la semaine dernière. Avant cette révélation, un mouvement de protestation s’était déjà constitué parmi les acteurs culturels de la ville, inquiets pour leur avenir professionnel.
Impacts et conséquences des coupes budgétaires
Les décisions sont-elles finalisées ? Non, les détails des décisions du Sénat ne seront divulgués et n’auront force obligatoire qu’à partir du 27 novembre. Le parlement régional de Berlin votera à ce sujet le 5 décembre. Il est possible que certains des chiffres annoncés n’aient même pas de validité légale, comme le souligne le journaliste culturel Tobi Müller : « Cela a été décidé de manière très descendante, par les leaders de la coalition CDU et SPD, sans consulter les départements spécialisés en culture. » Aucune attention n’a été portée aux contrats existants.
Quels secteurs seront les plus affectés par ces coupes ? Les disciplines artistiques qui nécessitent une forte main-d’œuvre, telles que le théâtre, le ballet et l’opéra, seront particulièrement touchées. De plus, l’ensemble de la structure culturelle subira les conséquences, car de nombreuses personnes sont impliquées dans les productions, bien au-delà de celles qui se produisent sur scène.
Pourquoi les théâtres expriment-ils leur mécontentement de manière si intense ? Environ 85 pour cent des dépenses des théâtres sont des coûts fixes liés aux conventions collectives, à l’énergie et aux frais d’exploitation. Même si les réductions ne sont pas d’une telle ampleur, les coûts fixes demeurent un défi majeur pour ces institutions, comme le souligne Tobi Müller. Il reste déjà très peu de fonds pour soutenir l’art.
Quelles seraient les répercussions d’une réduction des subventions pour le théâtre ? Oliver Reese, directeur de l’Ensemble berlinois, indique que le théâtre devrait réduire ses dépenses de programme d’environ la moitié, ce qui entraînerait une diminution significative du nombre de spectacles proposés. De fait, cela pourrait conduire à moins de productions sur scène, et selon Tobi Müller, certaines salles pourraient même être contraintes de fermer leurs portes en cas de maintien des coupes. Le problème des coûts fixes trop élevés est connu depuis plus de trois décennies. « Des réformes structurelles sont évoquées depuis longtemps, mais rien n’a été fait, et aujourd’hui, la crise frappe à notre porte. » Sans action immédiate, l’art pourrait rapidement se retrouver en péril.
Quelle est la situation de la scène indépendante ? La scène indépendante, ainsi que les artistes individuels, subissent des effets cumulés, selon Müller. En plus d’une inflation élevée de 10 à 12 pour cent en Allemagne et de la fin des aides gouvernementales post-pandémie, les mesures d’austérité représentent un coup dur supplémentaire. « Cela va devenir extrêmement difficile pour de nombreux acteurs. Beaucoup devront chercher d’autres moyens pour subsister. »
Quel impact une réduction du programme pourrait-elle avoir sur l’attractivité de Berlin ? La culture est un élément clé des soi-disant « effets secondaires » du marketing urbain, car les touristes ont besoin de se restaurer, de se loger et de se déplacer. Selon Tobi Müller, Berlin devrait impérativement soutenir ses institutions culturelles emblématiques, car elles sont actuellement en danger. « Nous verrons si la ville peut relever ce défi. » Le réalisateur Barrie Kosky met en garde également : « Berlin sans culture n’est rien d’autre qu’une ville ordinaire avec de grands bâtiments. »