L’élection de Kirsty Coventry à la présidence du CIO soulève des interrogations sur sa capacité à incarner un véritable changement, compte tenu de son association avec le régime zimbabwéen. Bien qu’elle représente une avancée en tant que première femme à ce poste, des doutes persistent sur la séparation entre sport et politique. Les défis économiques et la perte de sponsors majeurs aggravent la situation, tandis que Coventry doit redéfinir l’image et la commercialisation des Jeux Olympiques.
Un Changement de Garde au CIO
L’adulation des dirigeants autocrates, comme Vladimir Poutine, n’est pas une nouveauté, et elle ne débute pas avec Donald Trump. Des figures influentes du monde sportif ont été les pionnières de cette tendance regrettable. Des dirigeants du Comité International Olympique (CIO) et de la Fédération Internationale de Football (FIFA) ont favorisé une proximité inappropriée avec Poutine et d’autres despotes, bien avant que cela ne devienne une norme.
Kirsty Coventry, Une Élection Controversée
Jeudi, le CIO avait l’occasion de marquer un véritable tournant avec l’élection de Sebastian Coe à sa présidence. Coe, reconnu pour sa réponse ferme face au dopage d’État russe et à l’agression en Ukraine, semblait être un choix logique. Toutefois, il était prévisible que les membres du CIO privilégieraient une autre option. En effet, Coe aurait mis en lumière la faiblesse d’autres responsables, ce qui était politiquement peu judicieux.
Au lieu de cela, Kirsty Coventry a été élue comme la première femme à diriger le CIO pour les huit prochaines années. Son ascension en tant que figure emblématique du sport n’est pas seulement marquée par son genre, mais aussi par sa jeunesse et ses origines africaines. Cependant, des préoccupations émergent déjà quant à son rôle en tant que ministre des Sports au Zimbabwe, un pays où des allégations de violence et d’intimidation ont été rapportées après les élections de 2023. Coventry est ainsi perçue comme proche d’un régime aux pratiques répressives, ce qui soulève des doutes sur sa capacité à incarner un véritable changement.
La séparation entre sport et politique, une prétention qui a échoué pendant des décennies, semble une fois de plus être mise à mal par cette élection. Alors que les Jeux Olympiques ont eu lieu sous la direction de Thomas Bach dans des pays comme la Russie et la Chine, prônant une neutralité politique, l’élection d’une politicienne active comme Coventry jette une ombre cynique sur cette vision.
Alors que le mouvement olympique continue de perdre de son éclat, Coventry se retrouve face à un défi colossal : redéfinir la commercialisation des Jeux et l’image du sport. La difficulté de cette tâche a été mise en lumière par le retrait de sponsors majeurs tels que Toyota, Panasonic et Bridgestone après les Jeux d’été de 2024. Akio Toyoda, président de Toyota, a exprimé des doutes quant à l’engagement des athlètes, remettant en question la priorité accordée à ces derniers lors des compétitions.
Ancienne championne olympique de natation, Coventry a été présidente de la commission des athlètes, ce qui lui confère une certaine légitimité auprès des sportifs. Cependant, ses projets restent flous et ses déclarations publiques manquent de clarté. Il est donc incertain que les Jeux sous sa direction parviennent à demeurer économiquement viables et socialement pertinents.