mardi, janvier 14, 2025

Kickl face à l’UE : Le chancelier autrichien par intérim cherche à apaiser les tensions

Après un événement troublant, l’Autriche, sous la menace d’un changement de pouvoir avec Herbert Kickl, a réaffirmé son engagement envers l’UE. Alexander Schallenberg, chef du gouvernement de transition, a rencontré des dirigeants européens pour souligner la fiabilité de l’Autriche. Malgré les critiques de Kickl sur l’UE, l’idée d’un retrait n’est pas immédiate. Les tensions pourraient augmenter, notamment en raison de l’approche pro-russe de Kickl, tandis que des négociations autour d’une coalition gouvernementale sont en cours.

Après un événement perturbant, les tensions ont tendance à s’apaiser. Cependant, Bruxelles et Vienne semblent avoir inversé cette tendance. La simple possibilité que Herbert Kickl, critique de l’UE, puisse bientôt occuper le bureau du chancelier autrichien a poussé Alexander Schallenberg, le chef du gouvernement de transition, à se rendre à Bruxelles dès son premier jour complet de travail, lundi.

Il avait un message clair à transmettre : l’Autriche demeure un partenaire solide, fiable et constructif au sein de l’Union européenne. Schallenberg avait déjà annoncé cette intention et l’a réitérée après ses rencontres avec des figures clés telles que la présidente du Parlement, Roberta Metsola, la cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas, et le président du Conseil, Antonio Costa, devant les journalistes.

Si la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ne convalescait pas d’une pneumonie sévère, elle aurait également accueilli Schallenberg. Néanmoins, les deux ont eu un « excellent échange téléphonique » samedi, comme l’a mentionné la responsable allemande sur X. La présence de ces hauts responsables témoigne des préoccupations croissantes à Bruxelles face au changement de pouvoir imminent à Vienne.

La possibilité d’un « Öxit »

Bien qu’un retrait de l’UE, souvent appelé « Öxit », ne soit pas à l’ordre du jour immédiat pour l’Autriche, même sous la direction de Kickl, celui-ci ne ferme pas la porte à de telles idées. Il critique régulièrement la direction que prend la politique de l’Union, affirmant que « l’UE échoue tout en continuant de recevoir des fonds ». Dans son programme électoral de l’automne dernier, il a exprimé son mécontentement face à la situation actuelle.

Kickl envisage même de suspendre la contribution de l’Autriche à l’UE, arguant que le pays ne devrait pas financer les échecs de la lutte contre l’immigration massive. En tant que contributeur net à l’Union, l’Autriche a une voix significative. Au sein du Parlement européen, les députés du FPÖ, alliés à d’autres partis d’extrême droite, adoptent une position résolument anti-européenne.

Les relations entre Bruxelles et un gouvernement autrichien dirigé par le FPÖ pourraient être particulièrement tendues, surtout en ce qui concerne la politique envers la Russie. L’UE insiste sur le soutien à l’Ukraine pour faire face à l’agression, position réaffirmée lors du dernier sommet de décembre. En revanche, Kickl dépeint la politique de l’UE comme une escalade potentiellement dangereuse.

Une alliance Kickl-Orban en perspective ?

Bruxelles a déjà fait face à des dirigeants pro-russes, comme Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, qui s’oppose fréquemment aux décisions de l’UE. Actuellement, il bloque le renouvellement des sanctions contre la Russie. L’UE a jusqu’à présent réussi à obtenir des compromis avec la Hongrie, mais une alliance entre Kickl et Orban pourrait compliquer cette dynamique. Kickl est perçu comme un négociateur difficile, ce qui pourrait compliquer les discussions.

Les tensions internes au sein de l’UE semblent croître, avec des partis nationalistes prenant de l’ampleur à travers le continent. De nombreux pays, dont la Hongrie, l’Autriche, la Slovaquie, et même la France, voient des partis qui prônent une réduction du pouvoir décisionnel européen. Cela reflète une tendance vers un retour à une plus grande souveraineté nationale.

Le président du Conseil, Antonio Costa, a tenté de minimiser les inquiétudes lundi soir, affirmant que les institutions européennes respectent les « décisions souveraines » des États membres. Il a souligné que l’Autriche a toujours été un membre engagé de l’UE et qu’il espère que cela continuera à l’avenir.

Le nouveau gouvernement autrichien n’est pas encore formé. Tandis que Schallenberg était à Bruxelles, les partenaires de coalition potentiels, le FPÖ et l’ÖVP, ont annoncé avoir trouvé un accord sur des questions budgétaires, renforçant la probabilité d’un gouvernement dirigé par Kickl. Toutefois, le FPÖ ne pourra pas « gouverner seul », notamment sur les questions de politique étrangère cruciales pour l’UE.

Pour sceller une coalition, l’ÖVP pro-européenne exige des engagements du FPÖ sur des « sujets non négociables » tels que l’état de droit et les droits des minorités, comme l’a souligné Schallenberg. « Nous, Autrichiens, dépendons d’une Union européenne forte et unie », a-t-il déclaré. Reste à voir comment ces garanties se traduiront dans la pratique politique quotidienne à l’avenir.

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