jeudi, janvier 2, 2025

Jours de repos pour réduire le stress : L’avenir du travail en question

Certains employeurs permettent à leurs employés de prendre des congés non planifiés en cas de démotivation ou de fatigue, sans nécessiter de justification. Ludwig Andrione, psychologue du travail, discute des implications de cette pratique, soulignant la nécessité d’un environnement de travail positif pour éviter le désengagement. Il évoque également les sources de stress au travail et la façon dont des jours de repos bien intégrés peuvent bénéficier à la fois aux employés et aux employeurs.

Certains employeurs offrent à leurs salariés la possibilité de prendre des congés non planifiés lorsqu’ils ressentent de la démotivation ou de la fatigue, sans avoir besoin de consommer des jours de congé ou de fournir un certificat médical. Ludwig Andrione, psychologue du travail, partage dans une interview ses réflexions sur les avantages et les inconvénients de cette pratique, ainsi que sur les moyens pour les employeurs de réduire le besoin de telles journées. Il est à la tête de la section de psychologie économique de l’association professionnelle des psychologues allemands et a initié leur groupe d’expertise sur le travail moderne.

Les Jours de Réinitialisation : Une Pratique en Évolution ?

ntv.de : Monsieur Andrione, avez-vous ressenti l’envie de travailler aujourd’hui ?

Ludwig Andrione : Je suis toujours enthousiaste à l’idée de travailler, car j’exerce un métier passionnant qui me satisfait pleinement. Je suis conscient d’être dans une position privilégiée.

Vous êtes freelance, ce qui vous permet de choisir vos horaires. Certains employeurs commencent à offrir des « jours de réinitialisation », également appelés jours de désengagement. Pensez-vous que cela deviendra courant ?

Je suis convaincu que les modalités de travail flexibles vont se généraliser. La possibilité de prendre une demi-journée ou une journée complète pour des motifs personnels, comme un rendez-vous administratif, va probablement se répandre. Je peux envisager que les employeurs retirent un ou deux jours de congé et proposent à la place des jours de repos à court terme, après accord. Cependant, cela ne s’applique qu’à certains secteurs ; par exemple, dans une boulangerie ou une entreprise de logistique, cela peut être difficile à mettre en œuvre. Je pense aussi que le terme « jours de désengagement » n’est pas très approprié.

Comment Favoriser un Environnement de Travail Sain ?

Qu’est-ce qui vous dérange dans l’appellation ‘jours de désengagement’ ?

Cela sous-entend que je suis démotivé par mon travail, que je suis dans un emploi qui ne me satisfait pas mais qui me rapporte de l’argent. À une époque où l’on nous dit que le job de rêve est accessible à tout moment, l’idée de ces jours de désengagement peut sembler contre-productive. Cela ne transmet pas une image positive de l’environnement de travail. Ce sont souvent les personnes insatisfaites qui se retrouvent à avoir besoin de ces jours. Les employeurs devraient plutôt s’efforcer de créer un contexte où aucune personne ne se sente désengagée.

Comment les employeurs peuvent-ils s’assurer que leurs employés trouvent du plaisir dans leur travail ? À quoi ressemble un environnement de travail bien conçu ?

Tout d’abord, il est crucial de respecter les réglementations sur le temps de travail, y compris les pauses et les périodes de repos. Un équilibre entre vie professionnelle et loisirs est également essentiel. Une direction valorisante et des interactions sociales positives sont déterminantes. Un climat de confiance au sein d’une équipe peut réduire de nombreux facteurs de stress. Dans un tel cadre, personne ne sera jugé s’il a besoin d’un jour pour se ressourcer. Une journée de télétravail peut également contribuer à recharger les batteries.

Quels sont les principaux facteurs de stress pour les employés ?

Les sources de stress incluent une surcharge d’informations souvent inutiles, le multitâche, une bureaucratie excessive, des structures décisionnelles peu claires, des logiciels défaillants et des heures supplémentaires dues à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Concernant le regard désapprobateur : quel est le risque de conflit lié aux jours de désengagement ?

Le risque de jugement dépend largement de la manière dont cette pratique est communiquée et vécue par les dirigeants. Si une culture d’entreprise ouverte et valorisante est réellement appliquée, ces jours – en accord avec les collègues – peuvent enrichir la réglementation du temps de travail.

En conséquence, les bénéfices ne s’appliquent pas seulement aux employés, mais aussi aux employeurs ?

Toutes les initiatives visant à améliorer le bien-être au travail profitent à toutes les parties concernées. Certaines pratiques peuvent sembler absurdes et n’avoir aucun impact, notamment en matière de recrutement. Cependant, si un jour de congé est bien organisé, il peut avoir des effets positifs pour les deux parties : en améliorant la performance au travail après un repos adéquat.

Pour l’ancien ministre des Finances Christian Lindner, les jours de désengagement reflètent un manque de volonté de performance. Les Allemands ont-ils une morale de travail moins forte qu’auparavant ?

D’après mon expérience, je ne le pense pas. Il y a toujours des discussions intergénérationnelles, mais déjà il y a 3000 ans, les Grecs craignaient que la ‘terrible’ jeunesse mette en péril la société. Nous, les humains, évoluons au fil des ans, mais nous ne réalisons pas toujours notre propre évolution. Cela peut donner l’impression que nous sommes plus consciencieux que les jeunes générations. En réalité, c’est souvent une question d’âge, et nous n’étions peut-être pas si assidus dans le passé. Monsieur Lindner a probablement été très engagé dans sa jeunesse. Il ne faut pas appliquer ce critère à tous. Beaucoup de personnes trouvent également un sens dans leur vie privée, ce qui est tout aussi valable.

Est-ce que de plus en plus de jeunes ressentent cela aujourd’hui ?

Dans mon expérience, j’observe que les jeunes sont souvent un moteur d’innovation, cherchant à apporter des changements. Ceux qui rencontrent des obstacles perdent souvent leur motivation à s’investir au-delà de leur contrat. Pour remédier à cela, les entreprises peuvent établir des structures favorisant l’innovation : en écoutant les idées et en évaluant les avantages et les inconvénients. L’âge des innovateurs n’importe guère, ce qui compte, c’est la volonté de progresser. Dans de nombreuses grandes entreprises, des structures rigides peuvent freiner l’innovation. Les idées sont parfois rejetées simplement parce qu’elles ne correspondent pas à la tradition ou pour des raisons personnelles.

Beaucoup se sentent déjà accablés par leur charge de travail habituelle et parlent d’une intensification du travail qui s’est accentuée depuis…

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