mardi, novembre 5, 2024

John Turley-Ewart : Les chefs de police ont raison de s’inquiéter du plafond proposé par Ottawa sur les taux d’emprunt

Certains Canadiens seront poussés à se tourner vers les prêteurs sur salaire et les frais d’intérêt plus élevés, ou vers les usuriers.

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La première leçon à tirer de la réglementation du système financier canadien est de s’assurer que le remède n’est pas pire que le mal.

Dans les temps modernes, le secteur financier canadien a bénéficié de l’examen pragmatique des propositions politiques d’Ottawa lors de discussions entre les participants de l’industrie, le Bureau du surintendant des institutions financières (l’organisme de réglementation des banques du Canada), l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) et les décideurs politiques du Canada. Le ministère des Finances du Canada, y compris le ministre des Finances.

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Lorsque ce processus est suivi, les décideurs politiques, les régulateurs et les institutions financières identifient généralement les résultats imprévus et indésirables et la politique finale est retravaillée pour atténuer les risques invisibles intégrés dans la proposition politique initiale. Dans certains cas, les propositions sont discrètement abandonnées.

Si ce processus n’est pas suivi, vous obtenez des résultats comme celui du 5 février. annonce par l’Association des chefs de police de l’Ontario, qui a pris la mesure extraordinaire de dénoncer publiquement la proposition d’Ottawa visant à réduire le montant maximum d’intérêt que les prêteurs alternatifs peuvent exiger pour les prêts, une décision qui, selon les chefs, pourrait réduire l’offre sûre de crédit et conduire à une « augmentation dangereuse de l’activité criminelle ».

Les prêteurs alternatifs agréés sont des entreprises légitimes soumises aux règles sur les taux d’intérêt en vertu de l’article 347 du Code criminel. Le gouvernement libéral fédéral a présenté un projet de loi qui réduira le montant maximum d’intérêt que les prêteurs alternatifs peuvent exiger de 47 pour cent à 35 pour cent.

Ces prêteurs jouent un rôle important au sein de l’écosystème financier canadien, en prenant en charge les consommateurs qui sont « débancarisés » en raison de leurs antécédents de crédit, ou les emprunteurs commerciaux dont le profil de risque est en dehors de celui qu’une banque de l’annexe 1 pourrait servir. La taille de ce marché peut surprendre beaucoup, mais certaines estimations indiquent que huit millions de Canadiens ont des cotes de crédit trop faibles pour emprunter auprès des banques de l’annexe 1 (pensez aux Big Six).

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Les prêteurs alternatifs servent ce marché, offrant des prêts à haut risque et facturant des taux d’intérêt plus élevés qui couvrent les pertes associées à ce type de prêt. Cela garantit que le prêteur reste solvable, rentable et stable malgré ces pertes.

De plus, le taux d’intérêt maximum de 47 pour cent qui existe actuellement (que seuls les clients les plus risqués paient) est une bonne affaire par rapport au taux d’intérêt pouvant atteindre 442 pour cent facturé par prêteurs sur salairedes entreprises qui sont exemptées de l’article 347 du Code criminel et dont l’ACFC met en garde contre leur utilisation.

Bref, les conséquences involontaires de la loi du gouvernement libéral visant à plafonner les taux d’intérêt des prêteurs alternatifs certifiés pousseront de nombreuses personnes à se tourner vers les prêteurs sur salaire et les frais d’intérêt plus élevés ou vers les usuriers, le scénario que les chefs de police veulent éviter.

Et ce n’est pas le seul exemple de propositions de politique financière mal conçues émanant d’Ottawa.

Dans son Énoncé économique de l’automne, la ministre des Finances Chrystia Freeland a déclaré qu’Ottawa « prendra des mesures pour réduire les frais de fonds insuffisants (NSF) facturés par les banques ». Les frais sans provision s’échelonnent généralement entre 40 $ et 50 $ et sont facturés lorsqu’un client achète des biens ou des services par chèque sans disposer de fonds suffisants pour payer ces biens ou services sur son compte-chèques. Freeland qualifie les frais de la NSF de « frais indésirables ». du Canada Code criminel, article 362, qualifie de criminel la rédaction de chèques sans provision en connaissance de cause, un acte criminel passible d’une peine d’emprisonnement. Éviter les frais sans provision n’est pas compliqué : assurez-vous d’avoir des fonds sur votre compte pour couvrir vos chèques.

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Les banques canadiennes traitent environ un milliard de chèques chaque année, selon l’Association des banquiers canadiens, une méthode de paiement, note Statistique Canada, qui 70 pour cent de toutes les entreprises acceptés au troisième trimestre de 2023, bien au-dessus des taux d’acceptation des cartes de débit, des virements électroniques Interac, des cartes de crédit, des espèces et des virements électroniques de fonds.

Réduire un chèque sans provision n’est pas un crime « sans victime ». Cela peut compromettre la capacité du bénéficiaire à couvrir les chèques qu’il a émis sur son compte, sans parler du travail nécessaire pour retrouver l’auteur du chèque pour essayer d’être payé. Pour la banque elle-même, le traitement d’un chèque sans provision n’est pas un processus simple et automatisé. Le traitement et la documentation nécessitent du travail manuel et du temps, étant donné le caractère potentiellement criminel associé à la rédaction de chèques sans provision.

Et voici la conséquence involontaire. Freeland demandera aux banques canadiennes de produire un plan d’action sur les frais sans provision cette année, et certains militants des consommateurs (qui semblent avoir l’oreille du ministre) suggèrent que les frais sans provision devraient être les suivants : 10 $ pour le premier chèque sans provision, 10 $ pour le premier chèque sans provision. deuxième et 0 $ pour le troisième.

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Étant donné que les banques ont le devoir de protéger l’intégrité du système de paiement, le résultat le plus probable est qu’elles ferment les comptes-chèques appartenant à des clients qui écrivent un deuxième ou un troisième chèque sans provision parce qu’ils ne peuvent pas équilibrer un chéquier et sont peu incités à apprendre.

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Plutôt que de rendre les services financiers plus abordables, ces propositions rendront le crédit moins disponible et abordable pour une grande partie de la population canadienne, inciteront à une activité criminelle accrue pour combler le vide du crédit et inciteront les banques à fermer les comptes-chèques (débancarisation) le plus tôt possible. lorsque les chèques sans provision sont rédigés par erreur.

Comment expliquer cette contradiction ?

La « première leçon » de la politique canadienne consiste trop souvent à ignorer la « première leçon » lorsqu’il s’agit de réglementer le secteur financier du pays.

John Turley-Ewart est consultant en gestion des risques réglementaires et historien du secteur bancaire canadien.

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