Il est peu probable que le CRTC s’attaque au fond du problème, à savoir que le radiodiffuseur public national financé par les contribuables se considère comme une société commerciale financée par l’État.
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L’organisme de réglementation de la radiodiffusion se présente comme un tribunal administratif indépendant du gouvernement fédéral. C’est une description qui embellit le degré de séparation. La distance reste suffisamment courte pour que le premier ministre puisse donner une gifle au CRTC, s’il a un esprit (une déclaration, pas une question).
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Pour le prouver, il vient de le faire. Dans un geste rare, le cabinet fédéral a demandé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes de réexaminer le renouvellement des licences de radiodiffusion de la SRC. Le CRTC a pris la décision de renouveler ces licences pour cinq ans, avec des conditions minimales, dans ce qu’il a appelé une « approche flexible » à la fin juin.
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Cette décision a fait en sorte que le Cabinet a été inondé de pétitions de syndicats des médias, d’organismes de surveillance de la radiodiffusion et de groupes minoritaires se plaignant que le fait de laisser libre cours à la direction de la SRC nuirait aux objectifs de la politique de radiodiffusion de ce pays lorsqu’il s’agit de refléter le Canada et ses régions. Dans sa décision de renvoyer le CRTC chez lui pour réfléchir à nouveau, le gouvernement libéral a accepté.
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Dans sa réponse, le gouvernement a déclaré que certaines catégories de contenus diffusés – les nouvelles locales, les émissions pour enfants et les émissions originales en français – sont essentielles « au maintien et à la valorisation de l’identité nationale et de la souveraineté culturelle ».
« La décision (originale du CRTC) déroge à la réalisation des objectifs de la politique de radiodiffusion », a déclaré le gouvernement.
Les détails de ce que le gouvernement veut dans une décision révisée n’ont pas été précisés, mais lorsque la décision initiale a été rendue, deux des cinq commissaires du CRTC étaient en désaccord avec la majorité. L’une des raisons pour lesquelles la vice-présidente Caroline Simard a agi ainsi est qu’elle a dit qu’il y avait un manque d’équilibre entre « l’innovation et la réassurance ». À titre d’exemple, elle a mentionné l’absence d’imposition d’un nombre minimum d’heures de programmation locale dans les régions métropolitaines lors du renouvellement de la licence. Le CRTC a renoncé à cette exigence parce que la SRC a largement dépassé les cibles minimales imposées lors du renouvellement de 2013. Mais Simard a déclaré que c’était « à courte vue » à la lumière de la poussée vers la couverture en ligne qui pourrait voir une refonte des reportages télévisés traditionnels dans les années à venir.
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Ce que nous pouvons attendre du régulateur, c’est une décision révisée qui impose des conditions plus strictes sur la programmation locale et le montant de l’apport des sociétés de production locales.
Mais il est peu probable qu’il s’attaque à la racine du problème, à savoir que le radiodiffuseur public national financé par les contribuables se considère désormais comme une société commerciale financée par l’État, se battant jusqu’à la mort pour obtenir des dollars publicitaires contre non seulement les réseaux de diffusion privés mais aussi les journaux. et publications en ligne. Radio-Canada risque même de se tailler la part du lion des fonds redistribués par Facebook et Google, en vertu de la nouvelle législation gouvernementale.
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La preuve du parti pris de plus en plus commercial de Radio-Canada se trouve dans son rapport annuel. Dans ses derniers comptes, la SRC a reçu 1,3 milliard de dollars de subventions publiques et 504 millions de dollars de «revenus autogénérés» – publicité, frais d’abonnement et autres investissements. Alors que le financement public est menacé – le nouveau chef conservateur Pierre Poilievre a fait des bruits de sympathie au sujet du financement de la société – la direction de CBC voit son salut dans les revenus en ligne. La publicité numérique a augmenté de 22% en un an, selon le rapport, tandis que la publicité télévisée a chuté de 10%.
Dans le cadre de sa campagne en ligne, CBC a lancé une division de contenu de marque appelée Tandem qui vise à « tirer parti » de la crédibilité éditoriale auprès des annonceurs en offrant un contenu qui ressemble à de l’actualité. Inutile de dire qu’une telle falsification a été accueillie avec tout l’enthousiasme d’un pet dans une combinaison spatiale par le personnel de la CBC.
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Le CRTC a salué l’initiative Tandem en se disant « d’accord avec l’approche générale » que la SRC adopte.
Mais le paysage médiatique plus large est que les entreprises avec lesquelles CBC est en concurrence – y compris Postmedia, éditeur du National Post – opèrent dans une position nettement désavantageuse par rapport à cette bête à tête de Janus.
Le secteur privé a depuis longtemps adopté le contenu de marque et demande même des subventions gouvernementales (tous les grands quotidiens au Canada tirent du crédit d’impôt pour le travail du journalisme de 95 millions de dollars, qui contribue un montant minimal aux salaires).
Mais le financement gouvernemental est loin d’être suffisant pour permettre au secteur privé de rivaliser avec une subvention publique de 1,3 milliard de dollars.
Il serait dans l’intérêt de tous que la subvention aux journaux soit retirée, à la condition qu’on dise à Radio-Canada de se retirer du secteur de la publicité.
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À un moment donné, le CRTC a reconnu que la SRC ne devrait pas être une entreprise commerciale. « Étant donné que CBC est une institution culturelle, le succès auprès de l’auditoire de certains types d’émissions au sens commercial n’est pas nécessairement d’une importance primordiale », a-t-il déclaré.
L’ancien vice-président du CRTC, Peter Menzies, maintenant chercheur principal à l’Institut Macdonald Laurier, s’est dit étonné que le gouvernement ne voie pas comment ses propres actions faussent le marché. « Mon point de vue est que le Canada devrait avoir un radiodiffuseur public, mais ne le laissez pas entrer en concurrence pour les revenus publicitaires à l’échelle nationale », a-t-il déclaré.
Assez. Dans son renouvellement de licence révisé, le CRTC devrait reconnaître ce fait et rééquilibrer le paysage médiatique.
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