Si les gouvernements estiment que les régimes de retraite sous-investissent dans ce pays, ils devraient rendre nos impôts et nos réglementations plus favorables à l’investissement.
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La semaine dernière, 92 hauts dirigeants, gestionnaires de placements et investisseurs individuels de premier plan ont signé une lettre ouverte adressée aux ministres fédéral et provinciaux des Finances pour exprimer leur inquiétude face « au déclin des investissements canadiens des fonds de pension et à son impact sur l’économie canadienne ». Les investissements globaux en actions publiques et privées canadiennes sont tombés à environ un dixième du total de plus de 3 000 milliards de dollars d’actifs de retraite.
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Étant donné que les fonds de pension bénéficient d’un parrainage gouvernemental crucial et d’une aide fiscale, la lettre affirme que « le gouvernement a le droit, la responsabilité et l’obligation de réglementer le fonctionnement de ce régime d’épargne ». Il soutient la modification des règles pour « encourager » les fonds de pension à investir davantage au Canada, sans préciser comment cela devrait se faire ni dans quelle mesure.
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Les signataires poussent sur une porte ouverte. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a déclaré dans son énoncé économique de l’automne que « le gouvernement fédéral travaillera en collaboration avec les fonds de pension canadiens pour créer un environnement qui encourage et identifie davantage de possibilités d’investissement au Canada par les fonds de pension. »
Beaucoup de signataires ont de la peau dans ce jeu. De nouveaux investissements en capital pourraient soutenir les cours boursiers et réduire le coût des capitaux propres pour les entreprises qu’ils possèdent ou gèrent. L’intérêt personnel mis à part, cependant, ils soulèvent une question de politique publique primordiale et controversée.
Comme on pouvait s’y attendre, les gestionnaires de fonds de pension sont d’un avis contraire. Tout le monde peut convenir que la diversification est une considération d’investissement importante. L’année dernière, la capitalisation boursière du Canada ne représentait que 2,7 pour cent du marché mondial de 109 000 milliards de dollars. Il est donc prudent d’investir un pourcentage important d’actifs sous gestion dans d’autres pays pour atténuer le risque de concentration et améliorer les rendements. La liquidité est également une contrainte : seules les très grandes entreprises et les projets d’infrastructure se prêtent à des fonds colossaux, et il n’y en a tout simplement pas beaucoup au Canada.
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Mais reconnaissons également l’éléphant dans la pièce. Le fait que des gestionnaires de fonds de pension expérimentés investissent une proportion faible et décroissante des actifs des fonds de pension sur le marché boursier canadien constitue une condamnation sévère des politiques gouvernementales qui ont érodé la productivité, la rentabilité et la croissance des entreprises et rendu les rendements moins attrayants. Plus précisément, l’hostilité du gouvernement fédéral envers le secteur énergétique vise délibérément à nuire à ses perspectives de croissance en vue de le « mettre hors service » ou du moins de réduire considérablement sa part de 11,8 pour cent dans l’économie canadienne.
De manière plus générale, le PIB réel par habitant du Canada stagne et nos perspectives sont les pires parmi 38 pays riches au cours des 40 prochaines années, selon l’OCDE. Ceci est le résultat direct des politiques gouvernementales qui découragent les investissements en capital par le biais d’une politique fiscale punitive et de réglementations obstructives. Il est injuste et imprudent que le gouvernement oblige les fonds de pension à investir dans un marché qu’il a fragilisé intentionnellement et/ou par incompétence.
Le public ne veut pas que les gouvernements fassent de la politique avec leurs retraites. Le gouvernement de l’Alberta entend ce message de la part de nombreux Albertains en réponse à sa proposition de quitter le RPC et de créer un fonds de pension provincial – même si cela entraînerait une réduction des cotisations ou une augmentation des prestations. Les retraités sont hypersensibles à propos de leur pension de retraite.
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La Caisse de dépôt du Québec constitue un précédent évident pour cette proposition. Créée en 1965, elle s’est vu confier un double mandat de rentabilité mais aussi de soutien au développement à long terme du Québec. La proportion de ses actifs est plus élevée au Québec que celle de l’Office d’investissement du RPC (OIRPC) au Canada.
En théorie financière, si les décisions d’investissement sont contraintes par des considérations non économiques, les rendements moyens en souffriront. Cette concentration accrue de la Caisse pourrait bien avoir entraîné un rendement cumulatif plus faible au cours des 10 dernières années, soit 7,4 pour cent contre 9,3 pour cent pour l’Office. En raison du « miracle de la capitalisation », sur une décennie, cette différence de rendement se traduit par 207 millions de dollars pour 1 milliard de dollars d’actifs investis.
Politiquement, les gouvernements ne priveraient jamais les retraités de leurs prestations définies. Mais au fil du temps, le rendement des investissements d’un organisme de la Couronne peut influer sur les taux de cotisation, l’augmentation des prestations ou le fardeau des contribuables. Pour les retraites privées, où les rendements ont un impact sur les prestations, la responsabilité fiduciaire des gestionnaires est encore plus conséquente. Par conséquent, le coût inévitable d’imposer ou de subventionner une augmentation des investissements en capital par des fonds de pension publics ou privés serait supporté par les Canadiens ordinaires, qu’ils soient retraités ou contribuables.
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Nous devrions être très hésitants à porter atteinte à l’indépendance de l’Office dans la poursuite de son mandat unique consistant à obtenir un rendement maximal sans risque indu de perte. Un double mandat peut créer une pente glissante qui conduit à une ingérence politique dans les décisions d’investissement, soit directement, soit par le biais de mesures dissuasives d’une sorte ou d’une autre.
Nous ne savons que trop bien qu’en mettant en œuvre des politiques industrielles, les gouvernements sont plus à même de choisir des perdants que des gagnants. Imaginez un comité d’investissement composé de Justin Trudeau, Steven Guilbeault et Jagmeet Singh. Discrétion des téléspectateurs recommandé.
Poste financier
Joe Oliver a été ministre des Ressources naturelles, puis ministre des Finances du gouvernement Harper.
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