Le projet de loi saperait les marchés libres, le secteur de l’énergie et l’économie canadienne
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Sir John A. Macdonald a qualifié le Sénat de « lieu de second examen objectif », ce qui reflétait peut-être son appréciation pour la sobriété au moins occasionnelle. Mais le projet de loi S-243, la « Loi de financement adaptée au climat », est l’antithèse d’un réexamen réfléchi. Son objectif déclaré est de réglementer les pratiques d’investissement afin de réduire les risques à la fois que les institutions financières font peser sur le climat et que le changement climatique fait peser sur les institutions financières. En fait, cela saperait les marchés libres, avec des conséquences potentiellement débilitantes pour les institutions financières, le secteur de l’énergie et l’économie canadienne en général.
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Le projet de loi d’initiative parlementaire de la sénatrice indépendante Rosa Galvez pourrait avoir du poids si le gouvernement décide que le moment est venu d’accélérer son programme climatique en s’attaquant au secteur financier. Après tout, le ministre de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault n’a jamais été un modèle de modération. Au minimum, le projet de loi montre jusqu’où certains parlementaires sont prêts à nous entraîner sur la voie du dogmatisme climatique.
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Le projet de loi vise à aider le Canada à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris : zéro émission nette d’ici 2050, empêcher les températures mondiales d’augmenter de plus de 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels et supprimer radicalement les nouvelles explorations et infrastructures de combustibles fossiles. Le projet de loi englobe les émissions directes et indirectes et toutes les émissions de la chaîne de valeur en amont et en aval, c’est-à-dire à peu près tout. Et la capture et le stockage du carbone n’absoudront pas les émetteurs : pour les institutions financières, le projet de loi vise le zéro absolu plutôt que le zéro net.
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Le projet de loi cible les sociétés d’État financières fédérales, les banques, les sociétés de fiducie et de prêt, les caisses de retraite et les coopératives de crédit. Il couvre tous les types de financement par emprunt ou par actions de l’exploration, de l’extraction, de la production, du transport, du stockage, de l’exportation, du raffinage ou de la vente au détail de pétrole, de gaz ou de charbon et de leur combustion pour la production d’énergie dans une centrale électrique — en gros, tout ce dont le Canada a besoin pour demeurer un société industrielle.
Le projet de loi n’est pas simplement ambitieux. Il induit la conformité par le biais de la surveillance, y compris par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), l’organisme de réglementation bancaire, à qui il confie l’élaboration de lignes directrices sur la suffisance des fonds propres. Cependant, le projet de loi lui-même impose des pondérations de capital-risque spécifiques accrues de 1 250 % pour l’exposition à la dette sur de nouvelles ressources ou infrastructures de combustibles fossiles et de 150 % ou plus pour tout prêt à une activité existante de combustibles fossiles. Cela augmente arbitrairement le montant du capital qu’une banque doit détenir pour les risques de crédit et de marché d’un prêt donné. Des exigences aussi strictes, qui dépassent de loin les normes internationales, rendraient l’accès au capital beaucoup plus coûteux. Le projet de loi habilite également le BSIF à imposer une surcharge de capital liée à la mesure dans laquelle une institution financière facilite les émissions et à ordonner le respect des objectifs de la Loi.
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Le projet de loi découragerait efficacement – dans certains cas probablement même bloquerait – le financement des exploitants de pipelines, des distributeurs de gaz naturel et des sociétés pétrolières (même ceux qui ont d’importantes filiales vertes qui passent au net zéro). En incluant les émissions en aval, les pondérations de risque onéreuses pourraient s’étendre à : les intrants de biens et services, l’élimination des déchets, les voyages d’affaires, les services de livraison et même le financement des sociétés d’eau gazeuse (puisque la carbonatation est un polluant) et l’industrie bovine (à cause de la flatulence des vaches) . Il n’y a pratiquement aucune limite à la manière dont les responsables d’Environnement Canada pourraient interpréter la portée de leurs nouveaux pouvoirs.
Le projet de loi empiète également sur la gouvernance d’entreprise. Au moins un membre du conseil d’administration de certaines sociétés d’État doit être une « personne ayant une expertise climatique », comme quelqu’un « qui a une expérience vécue aiguë liée aux dommages physiques ou économiques du changement climatique ». Au bout de trois ans, les conseils d’administration des banques et autres institutions financières doivent exclure toute personne qui : détient des actions dans une entreprise « en dehors des engagements », a siégé à son conseil d’administration, ou en a été l’employé ou le lobbyiste au cours des cinq dernières années. De plus, les administrateurs doivent agir conformément aux objectifs du projet de loi ou sont disqualifiés pour servir.
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Le déplacement désordonné du marché par le projet de loi serait un geste vaniteux dans un monde où les gaz à effet de serre continuent d’atteindre des niveaux historiquement élevés, les grands émetteurs comme la Chine et l’Inde font passer le développement avant le changement climatique et les combustibles fossiles continuent de représenter 80 % de l’énergie.
Certains partisans soutiennent que le projet de loi est ambitieux – demander la lune dans l’espoir de simplement déplacer le cadran. Mais quoi de plus irresponsable que de proposer une législation dystopique au motif que sa formulation finale ne sera pas si mauvaise ? Et dans un environnement préélectoral fiévreux, avec une base politique stridente exigeant une action et la nécessité d’apaiser un partenaire rétif du NPD, tout est possible de la part d’un gouvernement connu pour donner la priorité à la partisanerie plutôt qu’aux principes. Surtout si le cri de ralliement est, pour paraphraser le candidat présidentiel républicain de 1964 Barry Goldwater, « L’extrémisme dans la défense du climat n’est pas un vice. La modération dans la poursuite du zéro net n’est pas une vertu.
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Nul doute que les alarmistes climatiques trouveront rassurant que la facture soit extrême, sans aucun soupçon de modération. Les Canadiens raisonnables devraient être alarmés.
Joe Oliver a été ministre des Ressources naturelles puis ministre des Finances dans le gouvernement Harper.
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