Anita Anand et Chrystia Freeland lançaient peut-être leur campagne pour la direction de leur parti
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Anita Anand et Chrystia Freeland ont récemment attiré l’attention du public sur leurs personnalités et leurs positionnements politiques contrastés. Anand, aujourd’hui président du Conseil du Trésor, a été évincé de son poste de ministre de la Défense nationale, soi-disant pour avoir plaidé trop vigoureusement en faveur du financement d’une armée à court d’argent et pour avoir fait une auto-promotion excessive. Manifestement sans se laisser décourager, elle a rapidement quitté son nouveau poste en adressant une lettre à ses collègues du cabinet leur ordonnant de proposer des réductions de dépenses de 15,4 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Pour sa part, Freeland a profité d’un discours d’ouverture à la Northeastern University de Boston pour demander rhétoriquement si la démocratie capitaliste est toujours efficace.
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S’agissait-il des deux premières salves de la campagne à la direction du Parti libéral du Canada? La prudence est de mise dans de telles questions. Comme l’a dit Ralph Waldo Emerson : « Lorsque vous frappez un roi, vous devez le tuer. » (Evgueni Prigojine aurait dû lire son Emerson.) Mais lancer une campagne à la direction doit être très tentant pour les futurs premiers ministres libéraux. Selon le dernier sondage Abacus, seulement 27 pour cent des Canadiens pensent qu’il devrait se présenter à nouveau, tandis que les libéraux sont à la traîne des conservateurs de 12 pour cent.
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Quant aux salves elles-mêmes, commençons par le rien-burger : les réductions de dépenses. Il faut s’en remettre aux libéraux pour leur théâtre effronté : le spectacle se déroule sans la moindre gêne, face à des foules hostiles et des huées périodiques. Depuis près de huit ans maintenant, le Premier ministre et le Cabinet du premier ministre ont fait preuve d’une aversion claire et forte à l’égard de la prudence budgétaire. Mais ils acceptent l’ineffable chaque fois que cela trouve un écho politique, comme c’est le cas aujourd’hui, puisque le public comprend que la prodigalité provoque l’inflation, la plus grande préoccupation actuelle des gens. Rendant la vie encore plus inabordable, l’année dernière, la famille canadienne moyenne a dépensé plus de 45 pour cent de son revenu en impôts, contre seulement 36 pour cent en produits de première nécessité, selon l’Institut Fraser. Les Canadiens ont déjà entendu le discours de retenue du gouvernement et ils savent que cela se termine par une trahison.
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Le gouvernement voudrait nous faire croire qu’il propose de réelles économies, plutôt que des réductions mineures dans le cadre d’augmentations massives des dépenses. Les « réductions » commencent avec un montant ridicule de 500 millions de dollars, ce qui ne représente que 1,2 pour cent du déficit prévu de 41,3 milliards de dollars pour cette année. Sur cinq ans, cela représente à peine 2,5 pour cent des 617 milliards de dollars de dépenses de fonctionnement budgétisés actuellement par le gouvernement – même si ce chiffre suppose que les dépenses n’augmenteront pas, ce qui sera évidemment le cas.
La ministre Anand a eu une mauvaise main, mais elle semble déterminée à en jouer jusqu’au bout et à mettre en avant sa marque dans l’obscurité d’un portefeuille discret. Sa performance difficile pourrait plaire aux libéraux centristes découragés qui recherchent désespérément quelqu’un, n’importe qui, faisant preuve d’un minimum de responsabilité financière.
La remise en question par Chrystia Freeland du système de libre marché renforce son image d’intellectuelle progressiste du parti et de membre de la super-élite de Davos, un droit de vantardise douteux qu’elle partage avec son patron. Cela peut expliquer sa hauteur et son ton généralement didactique, l’antithèse d’un politicien de détail au contact commun. Nous avons également eu droit à l’hypocrisie d’un alarmiste du changement climatique qui se vante avec suffisance de ne pas posséder de voiture, d’abord conduit dans une limousine autour de Toronto, puis arrêté par la police de l’Alberta au volant d’une voiture de location à 32 km/h au-dessus de la limite de vitesse.
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Hypocrisie mise à part, le problème le plus grave de Freeland est de fond. Ses idées et son bilan financier découlent d’un état d’esprit de gauche trop à l’aise avec des déficits colossaux.
Plusieurs ouvrages récents abordent les problèmes du capitalisme démocratique, le système qui intègre les marchés libres aux besoins sociaux dans un contexte démocratique. La plupart des analyses concorderaient avec un article récent du Foreign Affairs selon lequel « toute solution doit commencer par se concentrer sur la restauration de la confiance du public dans la démocratie ». J’ajouterais : « ainsi que sur sa capacité à répondre aux attentes de ses citoyens ». Si tel est le cas, le gouvernement dans lequel Freeland est vice-premier ministre doit assumer la responsabilité d’avoir aggravé le problème, plutôt que d’essayer de le résoudre. Le discours controversé de Trudeau et ses politiques de division qui dressent les groupes raciaux, socio-économiques et géographiques les uns contre les autres et dénigrent les opinions alternatives sont en partie responsables du déclin de la confiance du public. Des comportements contraires à l’éthique, une incompétence évidente et des politiques inefficaces qui compromettent la prospérité individuelle, mesurée par la croissance insipide du PIB par habitant, ont également joué leur rôle.
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Le drame de la succession interne pourrait toutefois devenir sans objet si le premier ministre décide de s’accrocher ou si, quel que soit celui qui les dirige, les libéraux sont rejetés par un électorat frustré qui exige du changement et voit de l’espoir dans Pierre Poilievre et les conservateurs. En attendant : « Que cent fleurs éclosent ; que cent écoles de pensée s’affrontent », comme l’a proclamé Mao Zedong, favori de la famille Trudeau, avant d’exécuter ses détracteurs. Un avertissement pour ceux qui parlent franchement, mais si le parti se dirige vers la défaite, qu’a-t-il à perdre ?
Joe Oliver a été ministre des Ressources naturelles, puis ministre des Finances dans le gouvernement Harper.
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