Les emprunteurs non privilégiés paient des taux d’intérêt plus élevés parce qu’ils présentent des risques plus élevés. Plafonner les taux d’intérêt légaux et beaucoup n’obtiendront pas de prêt du tout
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Ottawa a pour objectif de freiner les taux d’emprunt d’éviction. L’année dernière, il a présenté un projet de réglementation qui abaisserait le taux que les prêteurs à risque peuvent facturer de 48 à 35 pour cent (« taux annuel effectif global » ou TAEG). Cela empêchera-t-il les personnes victimes de prêts abusifs d’entrer dans un cycle d’endettement ? Probablement pas.
Il existe deux types d’emprunteurs, les emprunteurs privilégiés et les non privilégiés. Les emprunteurs privilégiés ont de solides cotes de crédit qui donnent aux banques et aux coopératives de crédit l’assurance qu’elles rembourseront leurs prêts à temps et intégralement. Ils peuvent ainsi emprunter à des taux d’intérêt raisonnables. Les emprunteurs non privilégiés sont plus diversifiés. Certains ont un historique de remboursement mouvementé. D’autres, y compris les immigrants, n’ont aucun antécédent de crédit au Canada. Parce que les banques et les coopératives de crédit refusent souvent de leur prêter, ils doivent chercher du crédit ailleurs. Pour compenser les risques plus élevés impliqués, les prêteurs sur ces marchés alternatifs facturent des taux d’intérêt plus élevés. Des taux plus élevés pour les prêts plus risqués sembleront relever du bon sens pour la plupart des gens.
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Jusqu’au budget de l’année dernière, et à quelques exceptions près, le maximum qu’un prêteur pouvait légalement exiger était de 48 pour cent. La décision de fixer un taux d’intérêt légal maximum suggère que les gouvernements estiment que a) les taux peuvent augmenter au-delà de ce que les emprunteurs non privilégiés devrait face et b) seule la réglementation des prix peut y remédier.
Ottawa a-t-il fait valoir les deux arguments ?
Le gouvernement a fait un l’analyse coûts-avantages de baisser le taux. Il estime que, du fait que les emprunteurs recherchent un endettement à moindre coût ou retardent leurs dépenses discrétionnaires face à ce nouveau taux d’intérêt maximum plus bas, la valeur actuelle de ce que les consommateurs économiseraient en frais de prêt sur 11 ans était de 256,8 millions de dollars. En revanche, les prêteurs perdraient 238,5 millions de dollars. Le bénéfice net est donc d’un peu plus de 18 millions de dollars sur 11 ans, soit moins de 2 millions de dollars par an. C’est l’estimation du gouvernement du coût de la défaillance du marché qu’il prétend avoir identifiée.
Mais son analyse s’est concentrée uniquement sur les prêteurs sur salaire et les emprunteurs. De nombreux emprunteurs non privilégiés se tournent vers des prêteurs alternatifs qui proposent des conditions moins extrêmes. L’Association canadienne des prêteurs dit qu’en fait, environ la moitié des huit millions d’emprunteurs non privilégiés du pays sont confrontés à des taux d’intérêt supérieurs à 35 pour cent. Si cela devenait le maximum légal, ils risqueraient de perdre tout accès au crédit. Quatre millions me semblent élevés, mais il est raisonnable de supposer que le nombre de Canadiens qui perdront l’accès est considérablement plus élevé que les 93 000 que suppose l’analyse coûts-avantages du gouvernement.
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La position des prêteurs est que les taux d’intérêt appliqués ne représentent pas une défaillance du marché mais sont appropriés compte tenu des profils de risque des emprunteurs non privilégiés. Un plafonnement des taux anéantirait donc le marché pour ces emprunteurs. Des recherches menées dans d’autres pays appuient ce point de vue. UN étude La décision de l’Illinois de plafonner les taux à 36 pour cent a montré une forte baisse du nombre de prêts non privilégiés – presque le double de l’augmentation correspondante des prêts privilégiés – et une réduction du montant moyen prêté aux emprunteurs non privilégiés qui recevaient toujours un prêt.
Si le véritable objectif d’Ottawa est de s’attaquer aux prêts sur salaire, il pourrait exempter les prêteurs alternatifs, définis de manière appropriée. S’il voulait faire plus, il pourrait poursuivre des politiques visant à protéger les consommateurs et à accroître la concurrence pour les emprunteurs non privilégiés, réduisant ainsi le besoin de réglementation des prix.
En matière de protection des consommateurs, elle pourrait faire davantage pour garantir que les conditions de prêt, y compris tous les frais, soient aussi élevées que possible. transparent que possible et sont expliqués dans un langage simple que les emprunteurs potentiels comprennent. Un langage clair et simple sur le taux d’intérêt, la manière dont il est calculé et ce qui se passe si les emprunteurs ne remboursent pas à temps aiderait à éliminer les mauvais acteurs et à faire baisser les taux moyens.
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En matière de concurrence, le Canada est à la traîne par rapport aux autres pays en matière de système bancaire ouvert, qui parmi ses nombreux les attributspeut évaluer plus précisément les cotes de crédit, donc portion les emprunteurs accèdent à davantage de prêts à des conditions plus appropriées et plus abordables. Dans l’énoncé économique fédéral de l’automne dernier, le gouvernement a engagé le gouvernement à présenter une loi sur le système bancaire ouvert dans le budget de cette année, avec une mise en œuvre en 2025. Ce sera une bonne mesure, si elle est prise.
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Le plafonnement des prix du marché devrait être une politique de tout dernier recours. Mieux vaut se concentrer sur le ciblage des prêteurs les plus flagrants et sur l’amélioration de la concurrence et de la protection des consommateurs. Ce que le gouvernement ne devrait vraiment pas faire, c’est rendre la vie encore plus difficile aux personnes qui ont déjà du mal à accéder au crédit.
Poste financier
Jeremy Kronick est vice-président associé et directeur du Centre sur la politique financière et monétaire de l’Institut CD Howe.
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