Une bonne chose à propos d’un ordinateur plutôt que, disons, d’un chien, c’est qu’il ne pourrit pas. Pas de sécrétions, pas d’excrétion, pas de pourriture. Un ordinateur sera toujours heureux de s’asseoir dans un coin d’une pièce, gazouillant et vrombissant et vous apportant de la joie pendant que vous jouez avec (regardez, je ne connais pas grand-chose aux chiens ?), mais finalement c’est une entité de silicium et de cuivre et de plastique et l’électricité et presque pas de goo. Quelle horreur fascinante, alors, de me retrouver submergé de goop par un orifice s’ouvrant dans mon tapis de souris en gel mourant.
Comme je l’ai déjà mentionné, je suis vieux et j’utilise un tapis de souris avec un repose-poignet. Il y a deux mois, je vous disais que ma serviette actuelle commençait à mourir. Je n’ai rien fait pour le remplacer ou y remédier depuis. La mort est bien entamée. La peau s’est décollée, révélant une délicate couche de tissu sous-cutané qui s’est ensuite fendue directement dans la fente du repose-poignet. La compresse s’accroche à la vie mais la plaie s’envenime et elle ne survivra pas.
C’est désordonné. C’est goop. C’est du cran. C’est de la pourriture. Chaque traînée et chaque clic crée des microdéchirures dans le gel, le remplissage qui maintenait facilement mon poignet en l’air maintenant faible et creusé par ses mouvements cruels. Mon bras pâle un glacier coupant à travers la roche, déposant des morceaux de moraine terminale et pulvérisant des taches. Cette éclaboussure s’accroche à moi. Je brosse les viscères de mon legging et ça ne bouge pas. Ma cuisse le cou sanglant d’un vautour sortant d’une cage thoracique.
Je dois vraiment faire quelque chose à propos de ce tapis de souris.
Lorsque Ian Tel décidera de remplacer les couches de silicium et les pistes de cuivre par des neurones développés en laboratoire, j’espère qu’il trouvera un moyen de le garder propre. Je suis d’accord pour devoir réveiller mon PC le matin en versant une tasse de thé et une poignée de mini tasses au beurre d’arachide de Reese dans une fente sur le dessus. Je pense que je serai très heureux d’entendre mon PC marmonner lorsqu’il exécute un calcul difficile ou ronronner en rappelant des données agréables de son hippocampe. Je pourrais même opter pour la mise à niveau qui donne à la fente de nutrition de mon PC de petites dents pour croquer et mâcher une plus large gamme de sources d’alimentation.
Mais s’il te plait, Ian Tel, ne m’oblige pas à changer un bac à litière pour mon PC. Veuillez le faire mâcher avec sa fente fermée. Et s’il vous plaît, rendez mon PC immortel pour que je ne me retrouve plus jamais aspergé des entrailles d’un matériel mourant. Ou s’il doit mourir, si vous décidez qu’il a besoin d’une fin pour trouver un sens et un but dans la vie, faites-le dépérir. Laissez-le se recroqueviller et passer doucement. Je ne veux pas entendre les derniers halètements humides d’un ordinateur désespéré de restituer une image de plus de Grand Theft Auto V.