Et essayer de gaslighter les Canadiens dans le processus
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Pas même deux semaines ne se sont écoulées depuis que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a reçu des pouvoirs élargis sur Internet, et il qualifie déjà les critiques valables de «mythes».
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C’est mauvais signe. Si l’organisation chargée de réglementer le contenu en ligne joue à des jeux rhétoriques en réponse aux critiques des premiers jours, on peut difficilement lui faire confiance pour être honnête lorsqu’elle construit son cadre réglementaire.
Le CRTC liste de mythes et de faits concernant le projet de loi C-11 (the Online Streaming Act) ont été publiés lundi, ainsi que les plan pour la mise en place d’un nouveau régime de réglementation pour l’Internet canadien. Le CRTC prévoit toutes sortes de consultations au cours de la prochaine année, qui aboutiront au lancement d’un nouveau régime de réglementation pour les diffuseurs en ligne en 2024.
Bon nombre des supposés « mythes » du CRTC équivaut à une distinction sans différence. Le CRTC dit que c’est un « mythe » qu’il réglementera les YouTubers, les influenceurs des médias sociaux, les podcasteurs et autres créateurs de contenu en ligne. Le CRTC affirme également que c’est un mythe qu’il réglementera les utilisateurs des médias sociaux et le contenu qu’ils publient. Au lieu de cela, il dit qu’il réglementera les plates-formes, pas les utilisateurs.
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Tout cela revient à dire que la police de la circulation réglemente les routes plutôt que les conducteurs, ou que les maîtres nageurs réglementent les piscines, mais pas les nageurs à l’intérieur – en pratique, la réglementation de l’un réglemente les deux.
De plus, la Loi sur le streaming en ligne du gouvernement Trudeau permet au CRTC de réglementer le contenu généré par les utilisateurs qui génère des revenus — un point qui a été fait abondamment par le professeur de droit numérique Michael Geist de l’Université d’Ottawa. Toute personne qui tire des revenus publicitaires du contenu qu’elle télécharge pourrait tomber dans le champ d’application de la réglementation si le CRTC le souhaite; cela couvre la plupart, sinon la totalité, des créateurs numériques.
Le CRTC dit aussi que c’est un « mythe » qu’il réglementera les jeux vidéo. Les jeux vidéo n’ont jamais été exemptés du projet de loi C-11, mais la commission propose d’exclure expressément les jeux de la réglementation – d’où le « mythe ». Quelle que soit la politique que se donne le CRTC, les jeux restent dans son champ de réglementation. En effet, la seule chose qui empêche la réglementation des jeux vidéo est le manque de volonté du CRTC.
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Étant donné que certaines plateformes de jeux en ligne fonctionnent comme les médias sociaux — avec des forums, la création de contenu, etc. — il n’est pas difficile d’imaginer un jour où le CRTC changerait d’avis.
Le CRTC affirme également que c’est un mythe de censurer Internet. Il est vrai que le CRTC ne pourra pas retirer du contenu en ligne, il peut exiger que certains contenus soient promus. Avec la nouvelle loi, le CRTC peut obliger les plateformes à promouvoir certains genres de contenu, ce qui désavantagerait les créateurs de contenu qui n’entrent pas dans les catégories spéciales. Ne pas tomber dans un genre promu équivaudrait à une pénalité.
De même, le projet de loi C-11 a révisé la politique canadienne de radiodiffusion afin d’inclure la promotion de diverses ethnies, dans les deux production de contenu et diffusion. Ce n’est pas de la censure pure et simple, mais il s’agit de choisir des favoris lorsqu’il s’agit de savoir qui reçoit un soutien supplémentaire et du temps d’antenne. Il est à noter que le CRTC a déjà fait en sorte que Radio-Canada alloue une partie de ses dépenses en fonction de la diversité, ce qui pourrait très bien s’appliquer à d’autres en ligne.
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Enfin, le CRTC affirme également que c’est un mythe qu’ils vont falsifier les algorithmes de contenu en ligne. Il est vrai que le projet de loi C-11 interdit au CRTC d’ordonner des changements spécifiques aux algorithmes, mais, ce qui prête à confusion, le CRTC peut rendre toutes sortes d’autres commandes aux services de diffusion en continu qui auraient un impact sur ce que vous voyez.
« Il existe de nombreuses autres façons de rendre le contenu canadien et autochtone plus facile à trouver, ce qui pourrait inclure des campagnes promotionnelles ou la présentation de contenu sur la page d’accueil du service », écrit le CRTC. « Nous explorerons ces options dans le cadre de nos consultations et nous sommes impatients d’entendre les points de vue de chacun.
Ce n’est pas la première fois qu’une entité gouvernementale joue à des jeux mièvres de « mythe » contre « réalité » pour éclairer le public sur des règles controversées. En février, le ministère de la Défense nationale a lancé une boîte à outils contre le racisme qui prétendait briser les «mythes» au sujet de la Loi sur l’équité en matière d’emploi, la loi d’action positive du Canada.
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En effet, la Loi sur l’équité en matière d’emploi établit des quotas de diversité pour les ministères, les agences gouvernementales, les entreprises sous réglementation fédérale de 100 employés ou plus et les entreprises privées qui souhaitent se qualifier pour un contrat avec le gouvernement fédéral. Les quotas sont appelés « objectifs » dans la loi et les départements sont soumis à une forte pression pour les atteindre. En effet, la loi oblige les employeurs à discriminer en faveur des femmes, des minorités visibles et des personnes handicapées si l’employeur est en dessous du quota. Les candidats moins qualifiés peuvent être embauchés plutôt que des candidats plus qualifiés s’ils contribuent à la diversité. Ces faits gênants ont été qualifiés de « mythes » par le ministère de la Défense nationale.
Mis à part les mythes et les faits, nous avons maintenant un aperçu de la façon dont se déroulera le déploiement de la loi sur le streaming en ligne. Des consultations débuteront ce printemps sur « la diversité, la promotion et l’accessibilité de la programmation canadienne et autochtone » et sur les contributions que les diffuseurs en ligne devront apporter dans le cadre du nouveau régime de réglementation.
À l’automne et à l’hiver, d’autres consultations suivront. Le CRTC travaillera sur les définitions du contenu canadien et autochtone, les licences et les frais de radiodiffusion, ainsi que les mesures incitatives et réglementaires pour stimuler la création de « contenu diversifié ».
Le nouveau cadre réglementaire entrera provisoirement en vigueur à la fin de 2024, bien que cela puisse être modifié par le CRTC s’il le souhaite.
Malheureusement, si des jeux de rhétorique sont déjà joués par le régulateur, nous ne partons pas du bon pied.
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