Jack Mintz : Hé les fédéraux, restez sur votre propre voie et ne vous mêlez pas des affaires provinciales

Ottawa doit se rappeler que le Canada est une fédération et non un État unitaire. Ne pas savoir qui est aux commandes détruit la responsabilité démocratique

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Une vieille blague explique bien des choses sur les politiques publiques au Canada. Une fondation voulait commander un livre sur les éléphants. Un auteur britannique a suggéré « L’éléphant et l’Empire britannique ». L’auteur allemand a proposé une « Histoire de l’éléphant » en dix volumes. L’auteur français a suggéré « Les éléphants et l’amour ». Et l’auteur canadien ? « L’éléphant dans les relations fédérales-provinciales ».

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Même si notre premier ministre fondateur, John A. Macdonald, souhaitait que le Canada soit un État unitaire comme le Royaume-Uni, nos divisions culturelles, historiques et géographiques ont conduit nos fondateurs à créer une confédération avec deux ordres de gouvernement souverains. Les pouvoirs prévus par l’Acte de l’Amérique du Nord britannique (aujourd’hui la Loi constitutionnelle) ont été répartis de manière à tenir compte des différences régionales.

En général, le gouvernement fédéral s’est vu confier la responsabilité des priorités nationales, notamment la défense, le droit pénal, les banques, la politique étrangère et les transports et communications interprovinciaux. Les provinces, que l’on croyait plus proches de la population, se sont vu attribuer l’éducation, la santé, les services sociaux et les municipalités, qui ont fini par dominer les dépenses publiques. Certaines compétences ont été attribuées conjointement, comme la fiscalité directe et l’environnement (pour des questions comme la pollution et les espèces en voie de disparition). Plus tard, nous avons adopté une Charte des droits et libertés, et les provinces de l’Ouest se sont vu confier le contrôle des ressources naturelles, comme les autres provinces.

L’AANB a donné au gouvernement fédéral le pouvoir de rejeter les lois provinciales, comme dans un État unitaire, mais la dernière fois qu’il l’a fait, c’était en 1943. Aujourd’hui, les gouvernements fédéral et provinciaux travaillent chacun dans leur domaine, mais coopèrent lorsque leurs pouvoirs sont en conflit. Le Canada fonctionne mieux grâce à des accords fédéraux-provinciaux, et non grâce à des mesures fédérales unilatérales. Les accords de perception de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les ventes en sont un parfait exemple. Ils permettent une harmonisation et une réduction des coûts de conformité tout en offrant une certaine souplesse aux provinces.

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Ces dernières années, le gouvernement fédéral a toutefois empiété de plus en plus sur les compétences provinciales. En offrant des fonds publics pour l’adoption de programmes à « frais partagés », le gouvernement fédéral a faussé les décisions provinciales en matière de garde d’enfants, d’infrastructures, de logement et d’autres domaines. Même là où il existe une responsabilité constitutionnelle conjointe, le gouvernement fédéral a imposé ses décisions unilatérales aux provinces au lieu de conclure des ententes.

Le dernier jusqu’à la poussière Le conflit entre Ottawa et une province porte sur la politique québécoise en matière de caribou. Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guibeault, a émis un décret d’urgence pour un plan fédéral visant à protéger les populations de caribous en déclin au Québec. Arguant que le Québec a été trop lent à assumer ses responsabilités, Ottawa va de l’avant, avec consultations publiques en cours. Le Québec estime que le plan fédéral entraînerait une perte de 2 000 emplois et une baisse de 4,1 pour cent de l’exploitation forestière.

Ottawa peut bien considérer que les politiques du Québec en matière de caribou sont insuffisantes et qu’il est évidemment libre de les critiquer, mais on ne voit pas bien pourquoi ce problème environnemental doit être géré par le gouvernement fédéral. Il devrait revenir aux Québécois de s’en occuper. Ottawa aimerait-il que le Québec intervienne dans la politique monétaire fédérale comme l’ont fait récemment la Colombie-Britannique et l’Ontario?

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Le Québec a toujours jalousement défendu ses compétences provinciales, bien sûr. Mais il n’est pas la seule province à ne pas être satisfaite d’Ottawa. L’Alberta et la Saskatchewan s’opposent fermement au plan fédéral d’électricité propre et au plafonnement des émissions de pétrole et de gaz, deux mesures qu’elles jugent (à juste titre !) irréalistes. Bien que les provinces aient exprimé leur volonté d’élaborer leurs propres plans dans ces domaines, le ministre Guilbeault a préféré agir unilatéralement. Ottawa devrait plutôt s’asseoir avec les deux provinces pour négocier des objectifs et laisser ensuite les provinces, en tant que gestionnaires des ressources, déterminer la meilleure façon de les atteindre – comme on peut s’y attendre dans une fédération où les deux gouvernements partagent les responsabilités environnementales.

Les gouvernements qui s’en tiennent à leurs engagements réduisent les conflits et encouragent la responsabilisation, ce qui est d’autant plus vrai que l’on sait clairement qui est aux commandes. Le système de santé en est un bon exemple. En vertu de la Loi canadienne sur la santé, le gouvernement fédéral a imposé des restrictions que les provinces doivent respecter pour recevoir des fonds fédéraux. Il en résulte une sorte de rejet de la responsabilité sur les autres. Le gouvernement fédéral impute la responsabilité des délais d’attente effroyables actuels à la mauvaise administration des provinces, tandis que les provinces reprochent au gouvernement fédéral de sous-financer le système. Coincés entre les deux, les Canadiens ne savent plus vers qui se tourner pour obtenir une réforme.

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La responsabilité deviendra bientôt un problème en matière de politique du logement. Le premier ministre Justin Trudeau avait raison lorsqu’il a déclaré que le gouvernement fédéral avait pas de rôle principal Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer dans la politique du logement, mais il ne peut manifestement pas se permettre de s’en mêler. Étant donné les différences considérables entre les marchés du logement au Canada, l’intervention du gouvernement fédéral n’a guère de sens. Toronto, Victoria et Vancouver sont clairement inabordables, avec des prix médians des logements s’élevant à 11 fois le revenu. Mais l’accessibilité est beaucoup moins importante à Regina, Edmonton et Winnipeg, où les prix sont traditionnellement quatre fois le revenu ou moins. Dans les zones rurales, le logement est encore plus abordable, ce qui explique pourquoi de nombreuses personnes quittent les villes.

La politique fédérale actuelle oblige les municipalités à assouplir leurs lois de zonage si elles veulent de l’argent fédéral mais, comme nous l’avons vu dans Calgarycette mesure peut être très impopulaire auprès des personnes qui préfèrent vivre dans des quartiers moins encombrés, comme le font de nombreux Canadiens. Bien que la Colombie-Britannique et l’Ontario taxaient déjà les propriétés vacantes, le gouvernement fédéral a instauré une « taxe sur les logements inutilisés » complexe qui s’applique même lorsque l’accessibilité n’est pas un problème.

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Si le gouvernement fédéral veut rendre le logement plus abordable, il doit se concentrer sur ses propres politiques qui contribuent à la hausse des prix. La politique monétaire doit ramener l’inflation à son objectif. L’immigration débridée, qui a fait grimper la demande de logements, doit être limitée par la disponibilité de nouveaux logements. Ottawa doit également réduire les politiques qui font monter les prix en subventionnant les acheteurs de logements par des incitations fiscales ou en décourageant le développement par des impôts sur les gains en capital et d’autres prélèvements.

Politiciens : d’abord, ne faites pas de mal. Ensuite, restez sur votre voie. Ottawa doit se rappeler que le Canada est un État fédéral et non unitaire. Comme le reconnaît notre Constitution, chaque province a ses propres traditions et sa propre structure économique. Il n’existe pas de solution unique.

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