Ce monde à l’envers est trop difficile à prévoir
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L’annonce de mercredi que le taux d’inflation à la consommation au Canada a atteint le niveau époustouflant de 6,7 % d’une année sur l’autre n’est pas une surprise. Inflation a été une surprise il y a neuf mois. Pas plus tard qu’en juillet dernier, la Banque du Canada prévoyait qu’il reviendrait à 2 % d’ici la fin du premier trimestre de cette année. Cela ne s’est manifestement pas produit.
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Je ne blâme pas vraiment la Banque du Canada ou qui que ce soit d’autre pour avoir faussé les prévisions d’inflation au cours de la dernière année. Nous sommes dans des temps sans précédent. Le COVID continue de perturber les économies et les chaînes d’approvisionnement – en témoignent les récents confinements complets ou partiels imposés à près de 375 millions de Chinois dans 45 villes. Les confinements ne nuiront pas seulement à la croissance chinoise et mondiale ; ils conduiront également à une inflation supplémentaire en raison des perturbations de l’approvisionnement. Ensuite, il y a l’attaque russe non provoquée contre l’Ukraine qui a fait grimper encore plus les prix de l’énergie et des denrées alimentaires, ce qui ralentira l’économie mondiale comme l’avait prédit le FMI l’autre jour. Nous ne pouvons pas prédire l’issue de cette guerre, mais cela pourrait prendre des années aux économies occidentales pour ajuster suffisamment le commerce pour vraiment punir la Russie, ajoutant encore plus à l’inflation.
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Quoi pouvez être prédit est que les politiciens en place s’engageront dans un jeu de blâme. Le président américain Joe Biden a déjà accusé les sociétés pétrolières, pharmaceutiques et de conditionnement de viande d’escroquer le public. Et il a essayé de rejeter la faute de l’inflation sur Poutine – comme s’il n’y avait pas eu d’inflation avant l’attaque de la Russie, le 24 février.
Notre propre ministre des Finances, Chrystia Freeland, écrit dans son budget que « l’inflation — un phénomène mondial — rend les choses plus chères au Canada aussi ». Les facteurs mondiaux jouent un rôle, mais en fin de compte, ce qui a permis l’inflation, c’est une augmentation de 30 % de la masse monétaire et la gestion par son propre gouvernement d’énormes déficits publics.
La plupart des Canadiens ont soutenu d’énormes transferts gouvernementaux qui ont augmenté le revenu des ménages d’un dixième pendant une récession – bien que personne ne leur ait dit qu’ils devraient payer avec une taxe sur l’inflation l’année suivante. L’inflation se produit lorsque la demande globale dépasse la capacité de l’économie à fournir des biens et des services, ce qui s’est produit depuis 2020.
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En fin de compte, c’est la politique monétaire qui a le plus d’impact sur l’inflation, un point récemment souligné dans l’étude du Fraser Institute Une introduction à l’inflation, écrit par le professeur Steven Globerman. Selon la Réserve fédérale de St. Louis, la masse monétaire du Canada (mesurée par M2) a augmenté d’environ 15 % par an de 1970 à 1980, entraînant une inflation moyenne d’environ 8 % par an. Lorsque la croissance de la masse monétaire s’est resserrée à 4 % dans les années 1990, l’inflation est tombée à 2 %.
Après avoir trop tardé l’an dernier, la Banque du Canada passe enfin à l’action et a relevé ses taux de 50 points de base la semaine dernière. Il a également inversé l’assouplissement quantitatif en commençant à vendre son portefeuille de 480 milliards de dollars d’obligations d’État et d’autres titres. Plusieurs autres hausses de taux sont attendues cette année, totalisant peut-être 150 points de base. Et la banque ne s’attend pas à ce que l’inflation redescende à 2 % avant 2024.
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Ces actions conduisent déjà certains analystes à prédire une récession d’ici l’année prochaine. Ils soutiennent qu’avec une hausse des prix plus rapide que les revenus, la demande des consommateurs diminuera. L’investissement, sensible à la fois à la croissance économique et au coût du capital, ralentira également. Ces prévisions sont-elles fiables ? Tout dépend de la façon dont la Banque du Canada parcourt la ligne de démarcation entre l’inflation et le chômage.
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Le scénario optimiste prévoit une hausse des taux d’intérêt cette année pour juguler l’inflation tandis que l’économie maintient un taux de croissance raisonnable, comme cela s’est produit dans les années 1990. Certaines parties de l’économie post-pandémique, telles que le tourisme et les divertissements, se redresseront. Avec les pénuries de main-d’œuvre actuelles, on espère que toute baisse de la demande d’emploi réduira simplement le taux de postes vacants et contribuera à ramener l’inflation à 2 %.
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Le scénario pessimiste est que le potentiel de l’économie sera érodé par les coups de marteau continus des événements géopolitiques, même si la demande chute. C’est une recette pour une stagflation à la manière des années 1970, avec un chômage croissant et une inflation plus élevée et peut-être à la fin un atterrissage brutal.
Le logement est le plus grand risque pour l’économie canadienne. Comme je l’ai écrit la semaine dernière, les prix des maisons ont presque quadruplé depuis 2001. Les faibles taux d’intérêt depuis 2008 ont permis à de nombreux Canadiens de contracter facilement des hypothèques importantes. Plus haut taux hypothécaires calmera les marchés du logement, du moins dans une certaine mesure. À mesure que les taux augmentent, les mensualités augmentent également. La demande de logements pourrait bien stagner, ce qui signifie au moins que les prix des logements pourraient chuter.
Plus préoccupants sont nos investissements commerciaux inférieurs à la normale, qui chuteront encore plus à mesure que les taux d’intérêt augmenteront. Le logement représente les deux cinquièmes de l’investissement, le ratio le plus élevé de l’OCDE. Si l’investissement résidentiel chute, l’offre de logements deviendra encore plus problématique. L’investissement des entreprises sera nécessaire pour une multitude de raisons, notamment pour fournir des services à une population vieillissante, faire face à une transition énergétique coûteuse et adopter de nouvelles technologies numériques. Si le Canada ne génère pas suffisamment de nouvelles capacités pour produire des biens et des services, l’inflation sera plus répandue au cours de cette décennie.
Je ne sais pas si le taux d’inflation de mars est un pic ou non. Avec la Banque du Canada qui cible maintenant l’inflation, je l’espère. Malheureusement, ce monde à l’envers est trop difficile à prévoir.