lundi, décembre 2, 2024

Inde : La Crainte des Ultra-Riches dans les Bidonvilles

La construction immobilière à Mumbai connaît un essor fulgurant, alimenté par des multimillionnaires comme Gautam Singhania, qui investissent dans des gratte-ciels au détriment des bidonvilles. Les populations défavorisées, comme la famille Jogu vivant à Dharavi, s’inquiètent de leur relogement et de la promesse d’un retour, tout en faisant face à des conditions de vie précaires. Alors que l’immobilier prospère, les inégalités se creusent, malgré une augmentation des dons des milliardaires indiens en faveur de la philanthropie.

La frénésie immobilière des super-riches indiens : un phénomène en pleine expansion

À une vitesse fulgurante, les multimillionnaires indiens se lancent dans une construction immobilière sans précédent, érigeant gratte-ciels et complexes résidentiels. Ce développement met en péril les habitants des bidonvilles, qui doutent des promesses d’accès à des logements abordables.

À la périphérie de Mumbai, le multimilliardaire Gautam Singhania contemple les bidonvilles depuis son gratte-ciel flambant neuf et déclare : ‘Tout cela sera rasé.’ Lorsqu’on lui demande ce qu’il adviendra des résidents, il répond de façon directe : ‘Ils seront relogés’, tout en balayant l’air d’un geste désinvolte.

Investisseurs et magnats de l’immobilier, tels que Gautam Singhania, propriétaire du groupe Raymond, un conglomérat familial centenaire spécialisé dans les vêtements, se lancent dans cette nouvelle aventure avec détermination. Bien qu’initialement réticent, Singhania a pris les rênes de ce secteur prometteur, malgré l’absence de toute expérience passée dans le domaine immobilier. Son audace a porté ses fruits.

En un temps record, il a construit plusieurs gratte-ciels à Mumbai, profitant d’un marché immobilier en plein essor, soutenu par une classe moyenne en croissance rapide en Inde.

Les populations défavorisées poussées vers la périphérie

Sur un vaste terrain à la périphérie de Mumbai, Singhania a mené à bien plusieurs projets résidentiels, avec 5 000 logements déjà achevés. Selon ses dires, ces biens se vendent entre 100 000 et 400 000 euros.

L’urbanisation rapide et l’essor de la classe moyenne font de l’immobilier un secteur extrêmement lucratif, mais cela a également pour effet de chasser les populations défavorisées vers les marges de la ville, où la précarité grandit.

Ancien rêveur de devenir pilote de Formule 1, Gautam Singhania vit désormais dans un luxueux gratte-ciel de 36 étages, surplombant la mer d’Arabie, en compagnie de l’élite financière et cinématographique de Mumbai.

La famille Jogu, quant à elle, est inquiète à l’idée de devoir quitter Dharavi sans retour possible.

Mumbai : entre richesse inégalée et pauvreté persistante

Mumbai, désormais la ville la plus riche d’Asie, a surpassé Pékin en termes de concentration de milliardaires. En dix ans, le nombre de milliardaires en Inde a triplé.

Dans cette ville, chaque mètre carré constructible est exploité ; les anciennes structures cèdent la place à de nouveaux gratte-ciels. Les investisseurs se concentrent particulièrement sur Dharavi, le plus grand bidonville d’Asie.

Dharavi, qui signifie ‘terre meuble’, s’est développé sur une ancienne zone marécageuse. Pour ceux qui arrivent à Mumbai par avion, les toits en tôle ondulée de ce quartier défavorisé sont visibles à quelques pas de la piste d’atterrissage.

Des projets pour ’embellir’ ce quartier existent depuis des années. Le groupe Adani, dirigé par le milliardaire Gautam Adani, a été sélectionné pour développer de nouveaux logements. Les résidents devraient être relogés, avec la promesse de pouvoir revenir. Cependant, beaucoup de ceux qui habitent Dharavi doutent de cette promesse et refusent de quitter leur quartier.

Dharavi, un foyer pour de nombreux habitants

‘La vie à Dharavi est agréable. Tout est à portée de main : l’école, la gare, et les déplacements ne coûtent pas cher. Le coût de la vie est très abordable. J’apprécie vivre ici’, confie Geeta Sailu Jogu.

La famille Jogu réside à Dharavi depuis quatre générations. Leur modeste appartement de 19 mètres carrés se trouve au bout d’une ruelle étroite, flanquée d’un canal d’égout où pullulent les rats.

Pour accéder à leur petit logement, il faut grimper par une échelle métallique. Geeta et Sailu partagent deux pièces avec leurs deux enfants adultes et leur fils de 14 ans. Les aînés dorment sur le sol de la cuisine, tandis que les parents et leur plus jeune fils occupent le salon. Les inquiétudes concernant le projet de relogement sont omniprésentes dans leur esprit.

Incertitudes autour du relogement

‘Nous espérons une amélioration des conditions de vie à Dharavi. Nous aspirons à un meilleur niveau de vie, mais les promoteurs immobiliers ne garantissent pas notre retour ici après les rénovations’, s’inquiète Sailu Mareppa Jogu.

Sa femme Geeta ajoute : ‘Ces investisseurs font des bénéfices énormes, tandis que nous peinons à joindre les deux bouts. Les riches s’enrichissent, pendant que nous restons dans la pauvreté. Ils ne nous aident jamais.’

Les habitants de Dharavi aspirent à une vie meilleure, mais souhaitent la vivre dans leur quartier. Cela inclut un accès à l’eau potable, des systèmes d’égouts modernes pour remplacer les anciens, et une gestion des déchets efficace. Ils ne veulent pas que leurs maisons soient détruites au profit de nouveaux projets immobiliers.

Ce modèle illustre un temple que Gautam Singhania envisage de construire à Mumbai.

Une philanthropie en plein essor parmi les milliardaires indiens

D’après le magazine Hurun India, les dons des milliardaires indiens ont augmenté de 59 % en 2023 par rapport à l’année précédente, atteignant environ 13,5 milliards d’euros.

Gautam Singhania souhaite également contribuer, en élaborant un projet de

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